ENSEIGNEMENT SUPERIEURVers une semaine cruciale pour les admissions sur Parcoursup

Parcoursup: A la veille de la rentrée, où en sont les admissions?

ENSEIGNEMENT SUPERIEURBeaucoup d’étudiants ignorent encore dans quel amphi ils s'assiéront à la rentrée…
Delphine Bancaud

Delphine Bancaud

L'essentiel

  • Ce vendredi, 83 % des étudiants avaient accepté une proposition sur Parcoursup.
  • Mais 62.000 jeunes restaient sans affectation, dont 15.000 n'avaient reçu aucune proposition de la plateforme.
  • Le ministère de l’Enseignement supérieur espère que la situation se débloquera cette semaine.

C’est une semaine cruciale pour le nouveau système d’admission dans l’enseignement supérieur, Parcoursup. Ce lundi, c’est la date limite des inscriptions pour les formations sélectives (prépas, BTS, DUT). Ce qui va obliger certains jeunes a opté définitivement pour une de ces formations, libérant de fait des places dans d’autres filières.

Car à quelques semaines de la rentrée, de trop nombreux étudiants ignorent encore dans quel amphi ils poseront leurs cahiers. Pour l’heure, sur 812.000 lycéens et étudiants en réorientation inscrits sur Parcoursup, 82 % ont validé leur inscription dans une formation. Mais 95.000 jeunes ont accepté une proposition de formation de manière non définitive, en espérant une hypothétique proposition d’admission dans un autre cursus. Et ce, parce que contrairement au décrié APB (admission post-bac) qui obligeait les étudiants à classer leurs vœux d’orientation, les vœux ne sont pas hiérarchisés dans Parcoursup. Le ministère de l’Enseignement supérieur espère donc que la clôture des inscriptions dans les formations sélectives ce lundi va permettre de désengorger le système… « Mais même si c’est le cas, il restera un souci : parmi ses 95.000 jeunes, beaucoup vont accepter définitivement une formation qui ne correspond pas totalement à ce qu’ils veulent faire », estime Lilâ Le Bas, présidente de l’Unef.

Un débat sur le nombre de jeunes encore sur le carreau

Par ailleurs, 62.000 jeunes restaient sans affectation ce vendredi. Des chiffres que le ministère tente de minimiser en estimant que seulement 15.000 jeunes recherchent toujours une formation , en ayant demandé à être accompagnés par une commission rectorale.

Pour le ministère, les 47.000 autres seraient « inactifs » sur la plateforme, car ils ne sont pas inscrits à la phase complémentaire et n’ont pas demandé un accompagnement personnalisé. Sans doute, selon le gouvernement, parce qu’ils ont opté pour « d’autres projets » hors Parcoursup (formation non répertoriée, service civique, emploi…) en oubliant de se désinscrire de la plateforme.

Une hypothèse à laquelle ne croit pas Lilâ Le Bas : « On a vu apparaître ce terme "inactif" le 22 juillet sur le site de Parcoursup. Cette nouvelle manière de présenter les chiffres de la part du gouvernement est cocasse. Mais les témoignages que nous recevons à l’Unef montrent bien que ces jeunes considérés comme inactifs attendent toujours une proposition de la plateforme. Ils n’ont juste pas répondu à la proposition d’accompagnement personnalisé parce qu’ils pensaient ne pas en avoir besoin, notamment car certains d’entre eux sont en haut de la liste d’attente de la formation qu’ils ont demandée », explique-t-elle.

Un processus jugé trop lent par la communauté éducative

Face à ce scepticisme, le gouvernement affiche un front uni et envoie un message rassurant aux étudiants : « Des milliers de propositions continuent à être faites chaque jour sur la plateforme auxquelles ont accès les personnes qui n’ont pas encore reçu de réponse définitive », a ainsi déclaré Benjamin Griveaux ce mercredi lors du compte-rendu du premier conseil des ministres de la rentrée.

Reste qu’il est difficile de faire taire les commentaires négatifs sur Parcoursup. Les voix les plus critiques ne lui trouvent pas vraiment de plus-value par rapport à APB., chiffres à l’appui : « le 22 août 2017, 6.000 étudiants étaient encore sans affectation sur APB contre 62.000 cette année à la même période. La comparaison est parlante », estime Lilâ Le Bas.

Pour de nombreux observateurs du système d’admission dans l’enseignement supérieur, à l’instar de Khaled Bouabdallah, le vice-président de la conférence des présidents d’université (CPU), « le nouveau processus d’orientation est trop lent ». Dans la communauté universitaire, on fustige notamment l’absence de hiérarchisation des vœux. Mais la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, ne semble guère prête à revenir en arrière : « Si vous voulez caser tous les étudiants, y compris en prenant le risque qu’ils échouent, la hiérarchisation est le mieux. Si vous voulez accompagner les étudiants, il faut accepter que ça prenne un peu plus de temps », a-t-elle déclaré mercredi sur France Inter.

La CPU compte pourtant bien aborder le sujet avec la ministre : « Nous sommes d’accord pour dire que la non-hiérarchisation des vœux permet au jeune de faire des choix d’orientation plus construits. Mais on pourrait prévoir que les vœux soient hiérarchisés lors de la deuxième phase de Parcoursup pour faire converger le système plus vite », déclare à 20 Minutes Khaled Bouabdallah.

Une rentrée sous le signe de l’incertitude pour les universités

Du côté des présidents d’université, on n’est pas non plus très sereis. Car pour l’heure, il est difficile de savoir combien d’étudiants sans affectation il faudra finalement accueillir. « Dans les jours qui viennent, on va regarder dossier par dossier les cas qui posent problème. Ça va nous demander beaucoup de travail », confie Khaled Bouabdallah. « Les présidents s’impatientent, c’est vrai, c’est moins confortable. Ce sont eux qui fixent les capacités d’accueil. On a ouvert 30.000 places nouvelles dans les établissements supérieurs, pour faire face aux 35.000 bacheliers supplémentaires », a reconnu mercredi la ministre de l’Enseignement supérieur. « On peut craindre que certaines universités reportent leur rentrée comme l’a déjà annoncé celle de Nîmes », prévoit de son côté, Lilâ Le Bas.

La fin de la procédure étant fixée le 21 septembre, la ministre a promis de tirer un bilan de la nouvelle plateforme à la fin du mois. Mais Frédérique Vidal, répète déjà que les deux engagements clés de Parcoursup ont été tenus : la suppression du tirage au sort - principale critique du précédent dispositif APB -, et la mise en place de parcours d’accompagnement pour les bacheliers les plus fragiles lors de la première année de fac (130.000 jeunes devraient en bénéficier).