Joël Robuchon: A Poitiers, un dernier hommage rendu au pape de la gastronomie
DISPARITION•Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées ce vendredi après-midi à Poitiers, ville natale du chef disparu…20 Minutes avec AFP
L'essentiel
- Des centaines de chefs français et étrangers se sont rassemblées pour saluer la mémoire du cuisinier.
- Parmi les invités, les illustres et multi-étoilés Michel Guérard, André Dutournier, Alain Ducasse notamment.
Souriant, de noir vêtu comme à son habitude, Joël Robuchon domine sur un poster géant la façade de la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers. Ce vendredi, des centaines de grands chefs français et étrangers, au milieu d’anonymes, se sont rassemblées à l’intérieur pour rendre un dernier hommage au cuisinier le plus étoilé du monde, mort le 6 août à 73 ans.
Des obsèques ont déjà eu lieu la semaine dernière dans l’intimité. Mais l’hommage public dans sa ville natale se voulait « un instant fraternel et solennel en mémoire de celui qui restera un guide, un père formateur, une étoile directrice, un ami, un homme affectueusement attaché » à la région du Poitou. La cérémonie s’est tenue à quelques centaines de mètres du lieu où la vie de Joël Robuchon avait commencé, dans une maison de la « Grand Rue » où il habitait avec ses parents.
« Le grand cuisinier universel »
Parmi les invités, les illustres et multi-étoilés Michel Guérard, André Dutournier, Alain Ducasse notamment. C’est sa fille Françoise Bernachon-Bocuse qui représente Paul Bocuse, l’autre grand chef français mort cette année en janvier, selon un porte-parole du groupe. Une centaine de titulaires du titre de Meilleur Ouvrier de France, comme l’était Joël Robuchon, sont aussi présents.
« Joël Robuchon, c’était par essence le grand cuisinier universel, comme avait pu l’être à son époque, mais évidemment sans les moyens de transport ou de communication d’aujourd’hui, Auguste Escoffier [1846-1935]. Il représentait aussi ce symbole du travail de la main, de l’artisan », confie Michel Guérard, le chef d’Eugénie-les-Bains (Landes).
« Joël Robuchon a rejoint Paul Bocuse »
« Très vite, tu as senti et anticipé ce mouvement planétaire autour de la gastronomie. Ton empreinte et ta marque sont indélébiles », a lancé sous les voûtes gothiques le chef Guy Savoy. « Joël Robuchon a rejoint Paul Bocuse dans le Panthéon des grandes toques. Il ne dissociait pas une vocation professionnelle d’une vocation spirituelle », a dit du très pieux chef le critique gastronomique Périco Légasse.
« Il a changé ma vie quand j'ai quitté Tokyo à l’âge de 28 ans pour venir être son adjoint. Avec lui j’ai tout réappris, tout recommencé à zéro. Il était un artisan hors pair, un palais d’exception, l’excellence dans la simplicité », raconte, la voix secouée par l’émotion, le chef Eric Briffard, ancien second de Robuchon.
Les liens avec le Japon
Une délégation du Japon, un pays dont Joël Robuchon était épris et où il avait tissé des liens étroits en ouvrant trois restaurants étoilés à Tokyo, est aussi présente. Tout comme son fils franco-japonais Louis Robuchon-Abe.
Hirohisa Koyama, 69 ans, chef japonais avec 5 restaurants à Tokyo et Osaka, collaborait avec Robuchon depuis 30 ans et a fait le voyage. « A ma connaissance, il est le premier chef français à avoir maîtrisé la sauce soja… Au Japon, on nous demande de plus en plus de cuisine française. C’est l’impact de Joël Robuchon. En France je ne sais pas, mais au Japon il est le Dieu de la cuisine française », dit-il en japonais, traduit par sa fille.