ROUTESAprès le drame de Gênes, les routes françaises sont-elles dangereuses?

VIDEO. Pont effondré à Gênes: Faut-il s'inquiéter de l'état du réseau routier en France?

ROUTESAprès l'effondrement du pont de Gênes, la France s'interroge sur l'état de ses routes et ponts alors qu'un audit se montre alarmant...
Oihana Gabriel

O.G.

L'essentiel

  • L'effondrement d'un viaduc à Gênes interroge sur la sécurité des routes, la vétusté des ponts en Italie mais également de ce côté des Alpes.
  • D'autant qu'un récent rapport alerte sur la dégradation des routes: 7% des ponts qui dépendent de l'Etat présentent un «risque d'effondrement» à terme.
  • «20 Minutes» tente de faire le point sur les budgets alloués, les causes de telles dégradations et les responsables de la maintenance de nos routes.

Un tel drame serait-il possible en France ? C’est la question que beaucoup se posent après le terrible effondrement d'un viaduc à Gênes.

Quel est l’état des ponts en France ?

Difficile de répondre de façon précise. Un audit, demandé par le gouvernement, fait froid dans le dos. En France, 30% des 12.000 ponts que compte le réseau routier non concédé à des sociétés privées sont à réparer. Le rapport précise tout de même que « le plus souvent, il s’agit de petites réparations afin de prévenir l’apparition de dégradations structurelles ». Plus grave, 7 % d’entre eux présentent un « risque d’effondrement » à terme. D’autant plus préoccupant qu’en moyenne, un pont « n’est réparé que 22 ans après l’apparition des premières dégradations » relève le document.

Voici la carte des routes plus ou moins bien entretenues, dévoilée par l'audit demandé par le gouvernement français.
Voici la carte des routes plus ou moins bien entretenues, dévoilée par l'audit demandé par le gouvernement français.  - Audit DGITM

Qui ne donne qu’un aperçu du problème. Car sur les 266.000 ponts routiers que compte la France, 9.000 dépendent de sociétés privées, 125.000 des départements et 120.000 des communes.

Et plus globalement, quel est l’état des routes ?

Pas de quoi se rassurer non plus. De façon plus globale, cet audit qualifie de « vieillissant et dégradé » le réseau routier national français non concédé à des sociétés privées, qui s’étend sur 12.000 km. Le rapport indique que 17 % des routes nationales étaient gravement endommagées en métropole en 2016, soit 2.040 kilomètres au total. Si rien n’est fait, en 2037, 62 % des chaussées seront « très dégradées ». À l’origine des dégradations, les hivers rigoureux et les intempéries, qui provoquent l’arrachement des couches superficielles des routes, et un trafic élevé avec des pointes de trafic supérieures à 30.000 véhicules par jour sur certaines portions. « Si les voies ne sont pas réparées à temps, l’eau s’infiltre et attaque la structure de la chaussée » souligne le rapport commandé par le gouvernement. Il pointe du doigt un sous-investissement : « le Royaume-Uni consacre 80.000 euros par kilomètre et par an à son réseau, alors que la France se situe à un niveau proche de 50.000 euros ». Mais les routes nationales ne constituent qu’une petite partie du réseau routier français (1,2 %), bien qu’elles soient particulièrement empruntées par la population, supportant 18,5 % du trafic.

La plupart des routes dépendent des départements (380.000 km de routes départementales) et des communes (688.000 km)…. Or, sur Europe 1, ce jeudi, l’ancien ministre des Transports, Dominique Bussereau, a expliqué que les budgets d’investissement des collectivités locales pour l’entretien des infrastructures ont par fois été comprimées face à la hausse de certaines dépenes sociales. Le président de l’Assemblée des départements de France pointe aussi le « manque d’investissements » de la part de l’État. Dominique Bussereau propose ainsi de rétablir l'écotaxe afin de faire payer l’entretien de la route par ses usagers : « C’est 3,5 à 4 milliards d’euros qui ont été bêtement supprimés par décision de Ségolène Royal [en 2013 face à la pression des bonnets rouges] qui nous manquent tragiquement aujourd’hui », a-t-il détaillé sur LCI. Sur franceinfo, Hervé Maurey, sénateur Union centriste de l’Eure, a même estimé qu’il « est temps de mettre en place un plan Marshall pour notre réseau routier ». Selon lui, « il est urgent de réagir et de mettre les moyens nécessaires si on veut éviter un drame comme celui qui vient de se produire en Italie. »

Déjà fin 2017, un rapport du Sénat, consacré à toutes les routes de France, avait tiré la sonnette d’alarme. « La route se dégrade sur le long terme, de manière invisible, soulignait alors David Zambon, directeur général de l’Idrrim (Institut des routes, des rues et des infrastructures pour la mobilité) pour 20 Minutes. C’est donc difficile de défendre un budget pour son entretien. Et pourtant, les Français doivent se préoccuper de l’avenir de nos routes. Quand ça commence à être tangible, ça peut être structurel et donc cela va coûter plus cher.

Que prépare le gouvernement ?

La ministre des Transports s’est voulue rassurante. En France, « tous les ponts font l’objet de visites annuelles et de visites plus détaillées tous les trois ans », a-t-elle rappelé. Quant aux ouvrages plus récents, comme le viaduc de Millau, il est surveillé 24/24 h et 365 jours par an grâce à de nombreux capteurs. Question budget maintenant ? Le rapport estimait qu’il faudrait dépenser 1,3 milliard d’euros en moyenne par an pour un meilleur entretien du réseau routier. Or, le budget prévoyait 800 millions d’euros en 2018. « L’entretien, c’est notre priorité, a martelé Elisabeth Borne mercredi sur France Info. Sur le réseau routier national, on est passé de 700 millions d’euros en 2017 à 800 millions d’euros cette année, et ça va continuer à augmenter dans les prochaines années. »

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La ministre doit également présenter à la rentrée une loi de programmation des infrastructures, annoncée dès mai, bien avant cette catastrophe à Gênes.