VIDEO. L'esprit camping: «C'est familial», avec les habitués du camping le moins cher de France, en Haute-Saône
SERIE D'ETE (1/3)•En cette fin de semaine, « 20 Minutes » vous emmène dans le camping le moins cher de France, à Mélisey (Haute-Saône). Premier épisode avec les occupants de sa quarantaine d’emplacements, dont ses habitués…Bruno Poussard
L'essentiel
- Cet été, «20 Minutes» vous emmène dans le camping le moins cher de France où chacun paye cinq euros la nuit, à Mélisey (Haute-Saône).
- Premier épisode de notre série avec les occupants du camping franc-comtois, dont plusieurs habitués qui y passent plusieurs semaines par an.
De notre envoyé spécial à Mélisey (Haute-Saône),
Il est midi, une méchante averse orageuse s’abat sur la Bergereine. Pas grave, au camping le moins cher de France, ils sont plusieurs à partager l’apéro sous le toit de la paillote ce lundi. A Melisey, au pied des Vosges saônoises, ça dure depuis 12 ans. D’avril à octobre, Gégé et Isa se battent pour donner aux moins aisés l’opportunité de partir en vacances. Contre 5 euros la nuit par personne seulement.
Débarqués d’Isère avec Valentin et Melinda, 13 ans et 8 ans, Manu et Véro ont fait 400 bornes pour ce terrain découvert dans un reportage du JT. Le patron leur a réservé deux de ses six caravanes, à disposition sans frais supplémentaire. A peine arrivée, la famille échange déjà de bons plans avec un voisin : « Vous avez une bonne pizzeria, on pourrait y emmener nos enfants ensemble mercredi ou jeudi soir ? »
« Calme » et « joie de vivre » recherchés, un « super accueil »
Retraités, en famille, pour une nuit, une semaine ou des mois, de la région ou de bien plus loin, tous sont arrivés sur ce camping de Haute-Saône pour l’ambiance. « On passe toute l’année au même endroit et au boulot, il faut bouger une fois dans l’année quand on peut le faire, justifie Manu, 59 ans et une belle moustache. On est venus chercher du calme et de la joie de vivre. Et on a eu un super d’accueil d’entrée. »
Ce qu’a aussi vécu Hervé, arrivé avec son chien, son chat et sa caravane de Dijon au début du mois : « Deux voisins m’ont tout de suite aidé à tout monter. » Peu après, les autres sont rapidement venus se présenter. Depuis, cet homme de 55 ans qui aime marcher dans la nature voisine s’y sent si bien qu’il a décidé d’y rester jusqu’à la fin de sa troisième semaine de vacances. L’histoire n’est pas rare.
Venus pour une semaine, restés plusieurs mois
Venu avec une tente mais placé dans une caravane avec son fils, Jeff a fait 340 km dans la journée pour rester encore un peu après avoir ramené son cousin en Côte d’Or. A quelques emplacements, il y a les Vosgiens Monique Hanclot et Francis Moeckes, de retour après un passage fin juin : « D’habitude, on va plutôt en Vendée mais ici, on s’embrasse, c’est plus convivial. Ce côté amical et familial, c’est ce qu’on recherche à notre époque. »
Anciens charpentier et salariée d’une maison de retraite, Frédéric et Marie-France Vidberg racontent leur premier coup de fil à Gégé : « - Combien de temps vous comptez rester ? – On ne sait pas. – Eh bien venez. » Arrivés en mai, ils sont encore là. Ils retourneront dans leur HLM d’Héricourt (Haute-Saône) cet hiver mais comptent équiper leur caravane achetée à bas prix et la laisser à l’année. Comme cinq ou six autres.
Désormais médiatisé, son gérant – fan de Johnny et de Coluche – parle souvent du « camping du cœur » pour évoquer ses 40 emplacements. Certains y viennent depuis des années. Pourtant, les sanitaires n’ont que deux toilettes et trois douches. Et devant la paillote, lieu de rassemblement, il n’y a plus qu’un terrain de pétanque. Mais la tranquillité, l’entraide et la sympathie valent mieux que le luxe aux yeux des occupants.
Belotes, pétanques, discussions et balades
Couette prêtée, courses mutualisées ou réparation collective animent les journées. Ballons vosgiens, saut de l’Ognon, étangs de pêche, ou Suisse non loin proposent de belles possibilités de sorties. Mais certains préfèrent parfois rester sur place où boules, belotes, discussions et rencontres occupent les campeurs. Une petite fête a été organisée en juillet. Un méchoui, plus petit, se tiendra ce vendredi.
Attablés autour de cacahuètes et d’un blanc jurassien en fin d’après-midi, Frédéric et Marie-France échangent déjà des souvenirs sur la terrasse bleue et blanche des Nordistes Tassa et Thierry où traînent deux vélos. Elle est employée d’un établissement pour enfants autistes, lui retraité. Habitués des lieux depuis six ans, ils ont amélioré leur emplacement été après été : « On est tellement bien. C’est notre petit coin. »
Les téléphones sont échangés. Les deux couples resteront en contact avant de se retrouver ici. Cathy, arrivée il y a une décennie, a également développé des liens solides. En rassemblant tous ses congés, la Doubiste de Pont-de-Roide reste un gros mois chaque été dans son mobil-home : « Chez nous, on ne parle pas comme ça avec autres. Mais ici, tout le monde aime discuter. » Le fameux esprit camping.