VIDEO. Marseille: «Si t’y vas je te suis», entre dépassement de soi et amusement, les plongeurs dans le viseur de la mairie
LE GRAND SAUT•La cellule de citoyenneté de la ville de Marseille a convoqué des adolescents qui faisaient des sauts depuis la Corniche, notamment…Adrien Max
L'essentiel
- Beaucoup d’adolescents s’amusent à sauter dans la mer depuis différents lieux de Marseille, en oubliant la dangerosité de tels actes.
- Plusieurs adolescents étaient convoqués par la cellule de citoyenneté et de tranquillité publique de la ville de Marseille pour leur faire prendre conscience du danger, et prononcer un rappel à la loi.
Un sport « national » diront certains, une prise de risque insensée pour d’autres. Les sauts depuis la Corniche Kennedy, ou au J4 près du Mucem, ou plus généralement de n’importe quel rocher de Marseille, sont une activité très courue dès le retour des chaleurs estivales. Une activité qui a même été mise à l’écran dans le film Corniche Kennedy, suscitant la colère de la mairie. Si elle est source d’amusement ou de dépassement de soi pour les jeunes, et moins jeunes, elle se révèle néanmoins extrêmement dangereuse.
Un jeune s’est d’ailleurs fracturé le bras en sautant de l'Anse de la Fausse Monnaie il y a une quinzaine de jours. Une mésaventure qui aurait également pu arriver à Elias, 16 ans, et convoqué en ce jeudi après-midi devant la cellule de citoyenneté et de tranquillité publique de la ville de Marseille.
« Si t’y vas, je te suis »
« Je me baignais dans le bassin du J4, dans lequel on faisait des sauts. On s’est fait contrôler par la BAC, qui nous a ensuite relâchés mais j’ai reçu cette convocation », relate l’adolescent. De son propre aveu, il a passé une bonne partie de l’été dernier à s’amuser ainsi avec ses amis. « On l’a fait au J4 mais aussi depuis la Corniche. C’est une sorte de jeu avec les copains, "si t’y vas je te suis" », raconte Elias, peu conscient du danger : « Au J4 ce n’est pas dangereux, sur la Corniche un peu plus. »
aSa maman, Radia, par contre, est très inquiète. « Je ne savais pas qu’il prenait ces risques, c’est quand une personne est venue me convoquer pour cette raison que j’ai appris. Ça m’inquiète énormément, à tel point que je lui ai interdit d’aller à la mer s’il n’est pas accompagné de son grand frère », explique-t-elle.
« Vos collègues ne seront plus là »
Au moment de se présenter devant Caroline Pozmentier, adjointe LR à la sécurité, Michel de Chiera, le directeur de la police municipale, Frédéric Vidal, le directeur de la sécurité publique et Bernard Guillemin, délégué du procureur, les adolescents et leurs parents n’en menaient pas large. Un à un, ils ont rappelé les risques encourus et la dangerosité de tels actes.
« Si de telles pratiques sont interdites c’est tout simplement parce qu’elles sont dangereuses, il s’agit de réglementation pour protéger nos concitoyens, donc vous », a rappelé l’élue. Le directeur de la police municipale leur a demandé de « faire passer le message aux autres ». « Si vous ne le faites pas pour vous, faite le au moins pour vos parents. Le jour où vous n’aurez plus de jambes, vos collègues ne seront plus là », les a-t-il mis en garde. Le procureur leur a simplement, mais fermement rappelé qu’à la prochaine fois, ce serait au tribunal qu’ils seraient convoqués.
« On ne fait pas n’importe quoi à Marseille »
Une cellule de tranquillité citoyenne, qui vise aussi à garantir l’image de Marseille. « Non on ne fait pas n’importe quoi à Marseille. Vos activités ne donnent pas une bonne image de la ville alors que Marseille est une ville qui grandit, qui se développe, qui s’ouvre à la culture, à la jeunesse, il faut que tout soit respecté », a rappelé Caroline Pozmentier.
Elle a ensuite prononcé solennellement un rappel à la loi, tout en rappelant la gravité de leur présence devant cette cellule de citoyenneté. Les deux adolescents présents devront également passer un après-midi au centre de loisir de la police sur la plage du Prophète. Depuis la mise en place de cette cellule de citoyenneté il y a quatre ans, près de 700 dossiers ont été traités : « Nous n’avons jamais revu une personne convoquée », se félicite Caroline Pozmentier.