Prêche controversé à Toulouse: Le maire demande des éclaircissements, le Crif des sanctions
SOCIETE•Après le prêche controversé de l’imam de la Grande mosquée de Toulouse, le maire a envoyé un courrier au recteur de la Grande mosquée de Paris pour lui demander une condamnation claire. Elle n’a pas tardé…B.C. avec AFP
Dans un courrier adressé au recteur de la Grande mosquée de Paris (GMP), le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, demande à Dalil Boubakeur de clarifier sa position sur un prêche, considéré comme antisémite, de l’imam de la Grande Mosquée de Toulouse, Mohammed Tataï.
Ce prêche, datant du 12 décembre 2017 et diffusé sur la chaîne YouTube de la GMP, reprend un hadith qui évoque la bataille finale et décisive et indique que « le jugement dernier ne viendra pas jusqu’à ce que les Musulmans combattent les Juifs ».
Un propos à caractère antisémite ?
Dans un communiqué publié lundi, après les explications de Mohammed Tataï, Dalil Boubakeur indique que l’imam toulousain « proteste vivement de bonne foi » et qu’il « s’excuse profondément auprès de ses amis de la communauté juive de Toulouse et de France de l’interprétation décontextualisée de ses propos ».
« Pourriez-vous me confirmer que l’imam en question a bel et bien cité un propos à caractère antisémite ? Face à de telles paroles, pourriez-vous m’indiquer la position de la Grande mosquée de Paris ? », a demandé le maire Jean-Luc Moudenc dans son courrier.
L’élu reproche au grand recteur de laisser planer une « gênante impression de non-dit » et de ne pas avoir pris « position clairement » dans son communiqué publié après avoir reçu l’imam de Toulouse. « En votre qualité d’autorité religieuse reconnue, je vous demande de me livrer l’exégèse complète de cet hadith qui, s’il faisait partie du corpus de la doctrine enseignée dans les mosquées et repris par l’imam en question, mettrait en péril notre vivre ensemble », interpelle encore le maire, qui ne peut se satisfaire de cette « ambiguïté ».
La communauté juive se sent « trahie »
Dans un communiqué datant de ce mercredi, le Crif Midi-Pyrénées estime également que les propos de monsieur Tataï « ne souffrent d’aucune ambiguïté ». « Comment penser que nous puissions continuer à dialoguer avec quelqu’un qui souhaite notre mort ? », dénonce Franck Touboul, son président dont la communauté se sent « trahie ».
Dans un entretien à France 3 Occitanie, Mohammed Tataï a réitéré ses regrets et indiqué qu’il était « vraiment désolé » et a dit « comprendre l’inquiétude de la famille juive » mais a invoqué une « traduction pas fidèle » qui « n’est pas le vrai sens du hadith ».
Dalil Boubakeur condamne et regrette
En réponse au courrier du maire de Toulouse, ce mercredi, Dalil Boubakeur a pris de la distance avec Mohammed Tataï. Il indique qu’il condamne et regrette « les propos totalement incongrus de cet imam », dont les « conséquences sont aussi néfastes que toxiques ».
Selon le recteur de la Grande mosquée de Paris, l’imam toulousain s’est engagé à « faire état publiquement de ses regrets lors de son prochain prône du vendredi à la mosquée d’Empalot et à l’instar de tous les imams de France, de s’abstenir à l’avenir de tous propos religieux ou non, visant à stigmatiser telle ou telle religion ou croyance ».