Jeune homme tué à Nantes: Des riverains contestent la version de la police
FAITS DIVERS•Un jeune homme de 22 ans a été tué, mardi soir, à Nantes. Alors qu'une enquête est ouverte, des habitants du quartier remettent en cause la version de la police...F.B et J.U.
L'essentiel
- Des scènes de violences ont eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi à Nantes, après la mort d'un jeune homme tué lors d'un contrôle.
- Ce matin, des habitants remettent en cause la situation de légitime défense avancée par la police. Ils assurent qu'il n'y avait personne derrière la voiture.
Mardi soir, un jeune homme de 22 ans a trouvé la mort après un contrôle de police au Breil-Malville à Nantes, ce qui a déclenché des épisodes de violences et d’importantes dégradations dans trois quartiers de la ville. Une enquête a été confiée au SRPJ de Nantes et à l’Inspection générale de la police nationale qui devra faire la lumière sur les circonstances de ce drame.
Les faits ont eu lieu allée Henri-Chrétien, au pied d’un immeuble, vers 20h. « Le chauffeur a fait une marche arrière pour se soustraire au contrôle et a heurté un fonctionnaire CRS à hauteur du genou. Ce qui a entraîné immédiatement une réplique d’un de ses collègues qui était en sécurisation du contrôle et qui a utilisé son arme, blessant grièvement le chauffeur du véhicule », a déclaré cette nuit le directeur départemental de la sécurité publique, Jean-Christophe Bertrand.
Le jeune homme, qui faisait l'objet d'un mandat d'arrêt, serait décédé ultérieurement, au moment de son arrivée au CHU de Nantes. Selon des sources policières, il aurait été touché à la carotide. Le véhicule a terminé sa route dans un muret de la rue des Plantes, environ cinquante mètres plus loin.
« Il n’y avait personne derrière la voiture »
La police assure que le policier a tiré en état de légitime défense. Une version démentie par des habitants du quartier du Breil qui affirment avoir assisté à la scène. Un témoin rapporte à 20 Minutes : « Les policiers lui demandaient plusieurs papiers d’identité. Le contrôle a duré longtemps, peut-être trente minutes. A un moment, il a pété les plombs et a enclenché une marche arrière. Il n’y avait personne derrière la voiture, personne n’a été percuté. L’un des policiers s’est mis de côté et a ouvert le feu. Il était juste à côté de lui, il aurait pu tirer en l’air ou dans le pneu. La voiture a fracassé un muret. Quand ils ont compris qu’il était mort, le policier qui a tiré s’est mis a crier "Je l’ai tué, je l’ai tué" ! »
Une jeune mère de famille, qui dit avoir suivi une partie de la scène depuis sa fenêtre, affirme elle aussi qu’elle n’a pas vu de policier derrière la voiture. « Le coup de feu est parti quand la voiture, en marche arrière, a percuté un autre véhicule, rapporte-t-elle. La voiture a continué son chemin pour s’encastrer dans un muret. Les policiers ont couru, arme à la main, et l’ont mis en joue avant de comprendre qu’il ne bougeait plus. Ils avaient l’air affolés. »
Une version corroborée par une troisième personne se déclarant témoin. « Il a été tué quand il a commencé à reculer. Sans avertissement. Peut-être qu’il a essayé de s’enfuir, on ne sait pas. Mais il n’a blessé personne, il n’était pas dangereux. En plus, les pompiers ont mis près de 20 minutes à arriver. Ça aussi on ne comprend pas. »
« C’est une bavure, une grosse bavure, ont lancé deux jeunes gens du quartier, après avoir invectivé la police, toujours sur les lieux ce mercredi matin. Ils lui ont tiré dessus à bout portant, il est mort sur le coup. » Des tags « Police tue » ont été inscrits sur les lieux du drame.