VIDEO. Nantes: Après les violences de cette nuit, les habitants «en état de choc»
VIOLENCES URBAINES•Dans les quartiers du Breil et des Dervallières, la tension a laissé place à la désolation, ce mercredi matin…F.B et J.U.
L'essentiel
- Des scènes de violences ont eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi à Nantes, après la mort d'un jeune homme tué lors d'un contrôle de police.
- Ce matin, des habitants sont venus constater les nombreuses dégradations
Des carcasses de voitures et des poubelles calcinées jonchent les trottoirs. Le cabinet médical, incendié pendant la nuit, est même toujours fumant. Ce mercredi matin, l’odeur de brûlé est encore tenace, au Breil-Malville à l'ouest de Nantes. C’est dans ce quartier sensible qu’ont éclaté des violences, cette nuit, à la suite de la mort d’un jeune homme tué par un policier, mardi soir. Ce matin, la tension est retombée et a laissé place à la désolation et aux questions.
A côté des locaux de Nantes Métropole Habitat, eux aussi dégradés, des habitants sont descendus constater les dégâts. « On a entendu des cris, on voyait de la fumée partout, raconte cette femme qui n’a pas osé sortir de chez elle avant. On est en état de choc. Les dégâts sont catastrophiques. Il y a toujours eu des moments tensions au Breil mais ces derniers temps, on sentait qu’il y avait un regain. »
Devant le cabinet paramédical incendié, dont le matériel informatique a été dérobé, Christine souffle. C’est là que cette orthophoniste exerce. « Ça fait la troisième fois en dix ans, on se sent démunis, rapporte-t-elle. Les gens ne comprennent pas pourquoi le cabinet est visé. »
La mairie annexe calcinée
A moins d’un kilomètre de là, sur la place centrale du quartier des Dervallières, les policiers sont toujours nombreux. Les dégâts sont ici encore plus importants, avec six commerces calcinés, tout comme la mairie annexe, attenante. L’évaluation des dégradations n’est pas encore connue, mais la préfecture rapporte qu’une trentaine de véhicules auraient été incendiés. « Je comprends que la mort de ce jeune puisse émouvoir, mais de là à en arriver à de tels dégâts…, se désole Dany. C’est le plus gros pic de violence que j’ai connu dans le quartier, où j’habite depuis 25 ans. »
« On est complètement abattus ce matin, soupire Ali Rebouh, l’adjoint de quartier. Quelle que soit la raison, brûler des commerces et des services publics, ça ne peut pas être la réponse. J’ai une grosse pensée pour les habitants du quartier qui sont les premières victimes de ces incendies. On aura besoin d’être tous ensemble pour relever la tête. La mairie va bien entendu soutenir les commerçants et les professionnels touchés »
« Ils ne nous respectent pas »
Après le drame qui a coûté la vie à un jeune du Breil, que beaucoup décrivent comme « l’étincelle qui a tout déclenché », certains habitants craignent que la violence perdure ces prochains jours. Les langues se délient aussi quant au sentiment d’insécurité que certains éprouvent ici. « Il y a des gars installés en bas de chez moi depuis plusieurs semaines, ils ne nous respectent pas, lance une mère de famille. On ne peut rien leur dire, ils sont dangereux, certains portent des cagoules. J’ai peur pour ma fille. » « Les trafics, les deals, ce sont toujours les mêmes qui posent des problèmes », déplore un retraité.
D'autres habitants fustigent l'attitude des policiers, accusés de faire monter la tension. « Le week-end dernier, des CRS sont venus pour faire des contrôles à tout va. Ils nous parlent mal, nous ordonnent de rentrer quand on est en bas de l'immeuble. Certains habitants se sont pris des amendes pour des motifs ridicules. Ce n'est pas sérieux de chauffer les gens comme ça. »