Bac: «Avec ce stage de révisions, je suis déjà plus serein pour la philo»
REPORTAGE•Alors que l'épreuve de philosophie a lieu ce lundi, « 20 Minutes » est allé assister à une séance de révisions intensives à Paris...Delphine Bancaud
L'essentiel
- Un stage de 4 heures pour réviser la philo trois jours avant le bac, est-ce vraiment utile ? Pour le savoir, 20 Minutes a assisté à l’un d’eux.
- Les participants ont revu un panel d’auteurs, des concepts clés et des conseils méthodologiques.
- Une session de travail que les participants jugent utiles, mais qui ne peut l’être que s’ils ont travaillé régulièrement pendant l’année.
A trois jours de l’épreuve de philosophie du bac, le moment est venu de donner un dernier coup de collier. Ils sont huit lycéens de différentes filières ce vendredi après-midi, à participer à une séance de révisions collectives de 4 heures organisée par Week-end Bac. La plupart d’entre eux y ont été inscrits par leurs parents, moyennant 65 euros, à l’instar d’Aristide : « Ça m’arrangeait qu’ils le fassent, car j’ai déjà assisté à ce type de stage. Et c’est efficace pour revoir un condensé du programme », explique-t-il. Un avis partagé par Sarah : « Réviser la philosophie de cette manière, c’est toujours bien. Car toute seule chez moi j’ai du mal. Et là, ça permet aussi de revoir la méthode ».
A peine, ont-ils pris place dans la salle que la séance démarre tambour battant. « Ces 4 heures vont être intensives. Le but est de vous faire réviser autrement, de manière vivante », prévient Maylis de Bonnières, enseignante de philosophie dans un lycée de Beauvais. Les candidats au bac sont d’ailleurs invités à écouter leur interlocutrice, plutôt qu’à prendre des notes.
Une séance de boulot très dynamique
L’enseignante démarre par un panel de l’histoire de la philosophie à l’aide de fiches projetées sur un écran, afin que les participants aient bien les grandes familles de philosophes en tête. Elle aborde les auteurs incontournables : Socrate, Platon, Aristote, Saint Thomas d’Aquin, Descartes, Kant, Rousseau, Freud, Sartre… En n’hésitant jamais à joindre le geste à la parole ou à utiliser quelques mots d’argot, pour théâtraliser son intervention. « Il fait chaud, je vais les solliciter pendant 4 heures, il faut que cela soit dynamique », commente-t-elle. Et pour évoquer l’allégorie de la caverne, elle s’aide d’un dessin : « des hommes enchaînés pensaient que les ombres projetés dans la caverne étaient la réalité », explique-t-elle, en crayonnant au tableau devant son auditoire attentif.
Pas question de laisser l’esprit des participants vagabonder, Maylis de Bonnières les interroge sans cesse : « Comment Saint Augustin conçoit-il le temps ? ». « Il y a trois sortes de temps pour lui », répond Lisa. Une manière de montrer aux lycéens qu’ils en savent plus qu’ils ne le pensent et renforcer leur confiance en eux.
« C’est rassurant pour moi de travailler jusqu’au dernier jour »
Au bout de deux heures, les lycéens ont le cerveau qui bout. C’est le moment de faire une pause. L’occasion pour eux d’échanger leurs impressions : « C’est bien d’avoir ce rappel des auteurs et des concepts, car même si je les ai déjà étudiés, j’aurai plus de chance de m’en souvenir le jour de l’examen », explique Arthur. Même enthousiasme chez Lisa : « l’épreuve de philo a un super gros coefficient en L. Alors même si j’ai 13 de moyenne, c’est rassurant pour moi de travailler jusqu’au dernier jour. Et ce stage me permet de mieux visualiser les auteurs », confie-t-elle.
A peine ont-ils eu le temps de souffler, qu’ils doivent s’y remettre. Mais l’une des participantes a jeté l’éponge et a quitté la salle, car elle a trop révisé les derniers jours. Désormais Maylis de Bonnières aborde des concepts clés : l’illusion, la passion, le travail, la vérité, le langage, la conscience… « Avez-vous une définition de la vérité ? », interroge l’enseignante « La vérité n’est pas forcément la réalité », indique Théodore, qui participe beaucoup. « La vérité c’est l’adéquation de l’esprit et de la chose », reprend l’enseignante.
Des conseils de méthodologie pour le jour J
Entre deux concepts, Maylis de Bonnières fait des rappels méthodologiques : « Une dissertation est efficace quand elle distingue deux notions, comme croyance et science, par exemple », insiste-t-elle. En donnant aussi quelques astuces aux candidats pour qu’ils se fassent bien voir des correcteurs : « Dites-vous bien qu’ils ont 150 copies à noter. Tout ce qui leur facilitera la correction sera apprécié. Je vous conseille donc de sauter des lignes et d’écrire à l’encre noire », indique-t-elle.
Elle déconseille aussi aux participants de se jeter sur le commentaire de texte lundi : « Les examinateurs ont un cliché en tête et se disent que le commentaire de texte est l’apanage des mauvais élèves. De plus, avec le commentaire, on risque de faire de la paraphrase et de rater la thèse du sujet. Pour éviter cela, il faut chercher les mots-clés, faire des distinctions conceptuelles, situer le philosophe dans un combat d’idées… », recommande-t-elle.
Au bout de 4 heures, les lycéens sont satisfaits des efforts fournis, mais aussi contents que cela s’arrête : « J’ai eu 13 de moyenne toute l’année, j’espère que je n’aurais pas de mauvaise surprise. Mais avec ce stage de révisions, je suis déjà plus serein », confie Arthur. « Un tel stage peut suffire à redonner des repères solides à un jeune qui a bien travaillé toute l’année. Mais il ne fera pas de miracle si l’élève n’a pas planché régulièrement », reconnaît Josette Ripoll, dirigeante de Week-end bac.