Enlèvement de Sophie Pétronin: «D'otage oubliée elle va passer à otage sacrifiée», s'inquiète son neveu
INTERVIEW•L’otage française Sophie Pétronin, enlevée au Mali fin 2016, est apparue dans une nouvelle vidéo mercredi. « 20 Minutes » a interrogé son neveu Arnaud Granouillac…Propos recueillis par Thibaut Le Gal
L'essentiel
- L’otage française Sophie Pétronin, enlevée au Mali fin 2016, est apparue dans une nouvelle vidéo mercredi.
- « 20 Minutes » a interrogé son neveu Arnaud Granouillac, membre du comité de soutien, qui demande de l’aide au gouvernement français.
«Une preuve de vie. » L’otage française Sophie Pétronin, enlevée au Mali le 24 décembre 2016, est apparue dans une nouvelle vidéo mercredi, diffusée par le « Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans ». Dans cette vidéo, difficile à dater, l’ancienne dirigeante d’une association d’aide aux orphelins s’adresse à son fils Sébastien et au gouvernement français.
Son neveu, Arnaud Granouillac, membre du comité de soutien «Libérons Sophie», raconte à 20 Minutes sa colère face au manque de soutien des autorités françaises.
Comment avez-vous accueilli cette nouvelle vidéo de votre tante ?
Disons que le sentiment est partagé par rapport à la deuxième vidéo [diffusée début mars] où elle était en très mauvais état de santé. Elle semble avoir repris le dessus physiquement, mais très légèrement. Dans la vidéo, elle nous dit qu’ils prennent soin d’elle, qu’elle reçoit des médicaments [Sophie Pétronin est atteinte d’un cancer]. Mais elle n’est pas dans un hôpital, ça reste très précaire. Ça fait dix-huit mois qu’elle est détenue. Elle dit qu’elle ne tiendra pas trop longtemps…
Cette vidéo nous conforte dans notre lutte, on n’a jamais perdu espoir. Mais, d’un autre côté, on voit bien qu’elle est très fatiguée, qu’elle lutte comme elle l’a fait toute sa vie, mais que ses forces s’amenuisent. Elle dit qu’elle a pu écouter une interview de son fils, qu’elle a entendu sa voix. Ça lui a fait chaud au cœur et lui a redonné de l’énergie pour continuer à lutter dans cet environnement hostile. Elle lui envoie un message d’amour, elle sait qu’on va lutter pour tous se revoir. On va tout faire pour s’organiser et la retrouver là-bas.
Ces derniers mois, les proches de Sophie Pétronin ont dénoncé un manque de soutien des autorités françaises. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Nous nous en remettons au président Macron. Ma tante est née en France, elle est de nationalité française. On ne peut pas rester insensible. Macron doit nous recevoir, sa famille, mais pour le moment nos multiples demandes sont restées vaines. On demande surtout un accompagnement pour la sortir de là. Comme elle le dit elle-même, « d’otage oubliée elle va passer à otage sacrifiée »… En tant que médecin, elle sent bien qu’elle est de plus en plus fatiguée. Aujourd’hui, les tensions sont encore présentes avec les autorités françaises. Il faut nous aider. On a l’impression d’être abandonnés. Nous n’avons pas été reconnus par le gouvernement Hollande et si nous sommes en contact avec le gouvernement actuel, on voudrait que ça aille plus vite, que plus de choses soient faites. On veut la revoir vivante.
Son fils, Sébastien Chadaud-Pétronin, expliquait récemment vouloir agir seul pour prendre contact avec les ravisseurs. Ou en êtes-vous ?
Ce départ, on va l’organiser rapidement. Mais il faut le structurer, et ne pas y aller à l’aveugle. On a toujours des contacts sur places, qui nous aident d’ailleurs plus que le gouvernement français. Par personnes interposées, on parle avec les ravisseurs. Notre espoir est d’aller la voir et de les rencontrer, savoir ce qu’ils veulent vraiment. Pour le moment nous n’avons aucune information sur eux.
Quelles sont les prochaines étapes pour vous et le comité de soutien ?
Demain, nous allons nous rendre au Quai d’Orsay pour déposer nos passeports, avoir nos visas, et dater notre départ vers le Mali. Est-ce que ça va être la semaine prochaine, dans quinze jours ? Notre date de départ sera communiquée par le comité de soutien. La seule chose qu’on a en tête, avec mon frère et mon cousin, c’est elle. On ne perd pas d’énergie à savoir si c’est dangereux. Notre vie de famille s’est arrêtée le jour de son enlèvement. Chaque message positif nous renforce dans les démarches. On se battra jusqu’au bout, il est hors de question de la laisser là-bas.