ENQUETEDes religieuses abusées sexuellement, le dernier «tabou» de l’Eglise

Des religieuses abusées sexuellement, le dernier «tabou» de l’Eglise

ENQUETE« Pendant des décennies la transparence n’a pas été le critère d’action de l’Eglise qui voulait au contraire cacher ces actes », reconnaît la présidente de la Conférence des religieux et religieuses en France (Corref)…
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Mea culpa. La présidente de la Conférence des religieux et religieuses en France (Corref), Véronique Margron, a reconnu ce mardi comme un « tabou » au sein de congrégations catholiques l’existence de cas d’abus sexuels, souvent anciens, commis sur des sœurs par des frères ou des prêtres.

La sœur Margron a évoqué un « état de sidération » après la publication mardi dans Le Parisien d’une enquête intitulée « le dernier tabou de l’Eglise » et donnant la parole à deux anciennes religieuses se disant victimes, adultes, d’abus sexuels commis par des prêtres.

La parole s'est libérée

Alors que la parole s’est largement libérée concernant des agressions et viols commis par des clercs sur des mineurs, notamment depuis que des scandales de pédophilie ont éclaté à partir de 2015, la dénonciation d’abus sexuels sur des religieuses relève d’un tabou, a indiqué la présidente de la Corref, qui rassemble les 30.000 moines et moniales, frères et sœurs présents en France.

« Ce tabou-là est sans doute encore plus profond parce qu’il touche encore plus à l’intime de la vie religieuse, à l’intime des communautés », a estimé la sœur Margron, interrogée par l’AFP. Ces abus sexuels sur des sœurs, difficiles à dénombrer, sont souvent liés à des abus spirituels, variante religieuse de l’emprise psychologique qui a fait l’objet de plusieurs témoignages ces derniers mois.

Une « journée de sensibilisation »

« Les instituts religieux (congrégations) sont fondés sur les vœux, donc il faut arriver à démêler ça avec beaucoup de précaution : qu’est-ce qui relève vraiment du vœu d’obéissance, qui est magnifique, et qu’est-ce qui introduit l’autre dans une situation d’esclavage qui n’a plus rien à voir avec la liberté ? », s’est interrogée la responsable.

Pour cette religieuse dominicaine, « prendre la parole est une nécessité, autant que les victimes peuvent et souhaitent le faire » mais « cela impose à nos institutions d’être capables d’entendre ». La Corref a organisé lundi une « journée de sensibilisation » sur les abus sexuels sur des mineurs, avec le témoignage de trois victimes devant les responsables de 120 des quelque 300 instituts que compte la conférence.