Comment les autorités démasquent-elles les terroristes au milieu des demandeurs d'asile?
IMMIGRATION•Alors qu’un réfugié politique irakien soupçonné d’être un cadre de Daesh a été mis en examen, le ministre de l’Intérieur promet de renforcer le criblage des demandeurs d’asile…T.C.
L'essentiel
- Ahmed H., un réfugié politique irakien, a été mis en examen, le 9 mars dernier.
- Depuis longtemps, les services de renseignement redoutent que des terroristes se glissent au milieu des migrants pour venir en Europe.
- Gérard Collomb promet un « meilleur criblage » des demandeurs d’asile.
Il était arrivé en France durant l’été 2016. Ahmed H., un réfugié politique irakien, a été mis en examen, le 9 mars dernier, par des juges du pôle antiterroriste et du pôle crimes de guerre et crimes contre l’humanité qui le soupçonnent d’être un ancien cadre de Daesh et d’avoir participé à un massacre d’un camp militaire à Tikrit, au nord de Bagdad, en 2014, a appris 20 Minutes de source judiciaire, ce vendredi, confirmant une information de TF1. Conformément aux réquisitions du parquet, il a été placé en détention provisoire.
Agé de 33 ans, Ahmed H. avait obtenu le statut de réfugié politique en juin 2017 auprès de l’Ofpra, l’office français de protection des réfugiés et des apatrides. Il avait ainsi obtenu une carte de résident de 10 ans. Peu après, il avait été identifié par les services de renseignements et avait été signalé aux autorités judiciaires. Le 6 novembre 2017, une information judiciaire a été ouverte par le parquet de Paris. Il a été arrêté le 6 mars dernier par les agents de la DGSI à Lisieux, en Normandie, où il vivait discrètement.
« Vigilance renforcée »
Depuis son incarcération, l’Etat lui a retiré ce statut protecteur. « Le fait qu’il a été identifié et qu’on lui a retiré son statut de réfugié politique montre que le système mis en place marche et que tout le monde a correctement fait son travail », assure à 20 Minutes Pascal Brice, le directeur de l' Ofrpa, l’Office français de protection des réfugiés et apatrides, qui traite les demandes d’asile déposées en France. En effet, les services de renseignement redoutent depuis longtemps que des terroristes profitent de la crise migratoire pour pénétrer en Europe.
Avant Ahmed H., d’autres membres de Daesh ont emprunté la route des migrants dans les Balkans, en se mêlant au flot des réfugiés fuyant la guerre en Syrie. Plusieurs terroristes des attentats du 13-Novembre à Paris et à Saint-Denis étaient parvenus à rentrer des zones de combats irako-syriennes en se mêlant aux civils. C’est la raison pour laquelle, explique Pascal Brice, les agents de l’Ofpra font preuve d’une « vigilance renforcée » pour les demandeurs originaires de pays « où il existe un risque », surtout depuis « trois ou quatre ans ».
« Un meilleur criblage »
Les personnes qui veulent obtenir l’asile en France prennent d’abord contact avec une association qui les aidera à prendre un rendez-vous au guichet unique. Les agents préfectoraux vont alors étudier les pièces remises par le demandeur, prendre ses empreintes digitales, retracer son parcours de son pays d’origine. Dans un deuxième temps, l’Ofpra examine leurs dossiers et les convoque pour entretien. Dans certains cas, l’Office n’hésite pas à demander au ministère de l'Intérieur son avis afin de déceler, par exemple, « des individus qui ont commis des crimes », affirme Pascal Brice.
Selon la place Beauvau, en 2017, 15 réfugiés ont été privés de leur statut en raison de menaces pour l’ordre public, contre 18 en 2016. Néanmoins, Gérard Collomb a d’ores et déjà promis ce vendredi « un meilleur criblage » des demandeurs d’asile. « Lorsque des événements comme celui-ci se produisent, ce n’est plus simplement le passé de la personne qui est exploré mais aussi le passé de toutes celles et tous ceux qui auraient pu venir dans la même cohorte en France », a ajouté le ministre de l’Intérieur.