Lyon: Des permanences gratuites d'avocats assurées dans un bus pour favoriser l'accès au droit des plus précaires
INITIATIVE•Une quarantaine d'avocats bénévoles va se relayer chaque semaine à bord du Bus du droit pour venir en aide aux plus précaires...Elisa Frisullo
L'essentiel
- A partir de mardi, le Bus du droit va stationner dans certains quartiers de la métropole lyonnaise pour aller au contact des populations exclues qui ne pousseront jamais la porte d’un cabinet d’avocats.
- Cette initiative, portée par l’ordre des avocats et les Restos du cœur, vise à favoriser l’accès au droit partout, pour tous.
Un véhicule TCL réformé, transformé en cabinet d’avocats itinérant. A partir du 12 juin, le Bus du droit va sillonner différents quartiers de la métropole de Lyon pour venir en aide aux populations démunies, bien souvent exclues, qui ne pousseront jamais la porte d’un cabinet ou d’une permanence juridique.
A l’initiative de ce projet, l’ordre des avocats du barreau de Lyon s’est associé aux Restos du coeur pour cibler les populations les plus éloignées de l’accès au droit et déterminer les secteurs prioritaires où stationner le bus chaque semaine.
Une quarantaine d’avocats bénévoles, de différentes spécialités, se relayera désormais pour assurer, dans le véhicule réaménagé en bureaux, des permanences juridiques gratuites et confidentielles. Des rendez-vous calés les mardis, mercredis et jeudis alternativement à Rillieux, Meyzieu, Neuville, Oullins, Givors, Saint Priest, Vénissieux ou encore à la Duchère à Lyon.
« C’est une démarche humaine »
« Ce bus va se déplacer dans les communes où les gens décrochent ou n’ont plus le courage d’aller dans des centres de justice », explique Farid Hamel, le bâtonnier de Lyon… Chaque année, 9.000 consultations gratuites sont assurées par les avocats du barreau au palais de justice, dans des maisons de justice ou en mairies. Mais bon nombre de personnes pourtant ne s’y rendront jamais.
« Par honte. Ils ne se sentent pas de faire la démarche d’aller dans un cabinet d’avocat ou même en maison de justice. Souvent, ces maisons sont dans leur quartier et ils ne veulent pas qu’on les voit aller demander de l’aide à un avocat », explique Alexandra Recchia-Paulin, l’une des avocates lyonnaises bénévoles. « Aller avec le Bus du droit dans ces quartiers, c’est une démarche humaine. Il s’agit de donner du temps et d’amener le droit à des personnes qui n’y ont toujours pas accès », ajoute la jeune femme.
Une première étape pour se reconstruire
Problèmes de logement, droit du travail, divorces, surendettement, en fonction des problématiques rencontrées, les justiciables accueillis dans le bus seront orientés et guidés dans leurs démarches juridiques à venir. « C’est une première étape pour les aider à se prendre en main, à se reconstituer. S’il n’y a pas de droit dans la société, c’est la vengeance privée qui s’installe et il n’y a plus de démocratie », ajoute le bâtonnier du barreau de Lyon.
Un avis partagé par le président du Tribunal de grande instance de Lyon, Thierry Polle, également président du Conseil départemental de l’accès au droit. « Pour ces personnes confrontées aux situations d’exclusion, un problème juridique est souvent prégnant. C’est un impératif absolu d’être plus proactif vis-à-vis de ces publics », note le magistrat.
Premier contact : les Restos du cœur
Pour toute demande de consultation, le public, accueilli sans conditions de ressources, sera orienté vers le bus par les bénévoles des Restos du cœur afin de préparer les dossiers en amont et organiser au mieux les rendez-vous avec les avocats.
Le Bus du droit a bénéficié de l’aide du Sytral et du soutien de la Métropole et de la préfecture du Rhône, permettant au dispositif d’être financé pour les deux ans à venir. « Je souhaite que le bus s’arrête vite et que la société assume et reprenne toutes ces fonctions », a ajouté Farid Hamel. Un joli souhait mais sans doute un vœu pieux…