REPORTAGE«Je me suis orienté en lycée pro et je n’ai pas été déçu», confie Vincent

Lycée professionnel: «Je n’avais pas envie de suivre un cursus trop théorique. Et je n’ai pas été déçu»

REPORTAGEAlors que Jean-Michel Blanquer fera des annonces pour valoriser la voie professionnelle ce lundi « 20 Minutes » est allé à la rencontre des élèves d’un lycée professionnel en Seine-et-Marne…
Jérémy, un élève du lycée professionnel Jacques-Prévert devant un robot, le 24/05/2018.
Jérémy, un élève du lycée professionnel Jacques-Prévert devant un robot, le 24/05/2018. - O. Deschamps/lycée professionnel Jacques-Prévert.
Delphine Bancaud

Delphine Bancaud

L'essentiel

  • Jean-Michel Blanquer, voudrait renvoyer une image plus positive de la filière professionnelle, à l’instar de celle reflétée par les élèves du lycée professionnel Jacques Prévert, situé à Combs-la-Ville (Seine-et-Marne).
  • Les élèves que nous avons rencontrés apprécient les aspects très pratiques de la formation, ainsi que les rapports étroits qu’ils entretiennent avec leurs enseignants.
  • Ils comptent poursuivre leurs études et ont parfois déjà une idée très précise du métier qu’ils exerceront ensuite.

La filière professionnelle, une voie de relégation que les élèvent vivent comme une punition ? Lorsque l’on rencontre ceux du lycée professionnel Jacques Prévert, situé à Combs-la-Ville (Seine-et-Marne), ce cliché ne tient pas trente secondes, tant ils ont l’air épanoui. C’est cette image positive que le ministre d’Education, Jean-Michel Blanquer, voudrait renvoyer de la filière professionnelle, qui accueille un lycéen français sur trois. Il présentera d’ailleurs ce lundi ses propositions pour la valoriser davantage.

Une initiative que salue Géraldine Masson, proviseur du lycée Jacques Prévert : « Il faut montrer que nos élèves travaillent sur des projets stimulants, avec des enseignants qui les encadrent bien et qui les préparent à des métiers offrant de réels débouchés », affirme-t-elle.

« J’adore trouver d’où vient une panne sur un système ! »

Un petit tour dans un atelier permet de se convaincre du bien être scolaire de la quinzaine d’élèves de terminale préparant un bac pro Systèmes numériques (SN) ou Métiers de l’électricité et de ses environnements connectés (Melec). « Je me suis orienté en lycée pro, en filière SN car j’étais passionné d’informatique et je n’avais pas envie de suivre un cursus trop théorique. Et je n’ai pas été déçu, car on fait beaucoup de travaux pratiques », explique Vincent. L’itinéraire d’Alexis, en terminale Melec, a été plus tortueux : « au départ, c’était une orientation par défaut. Mais j’ai bien aimé ce que j’ai découvert. Et aujourd’hui, j’adore trouver d’où vient une panne sur un système ! », s’exclame-t-il.

Un élève du lycée professionnel Jacques-Prévert, en train de travailler sur un projet.
Un élève du lycée professionnel Jacques-Prévert, en train de travailler sur un projet. - O. Deschamps/lycée professionnel Jacques-Prévert.

Et alors que certains parents tiquent quand leur enfant leur annonce son intention de s’orienter en filière professionnelle, ceux de Jérémy ont approuvé son choix : « ils étaient très contents que j’ai trouvé ma voie », confie-t-il, avant de s’installer devant un ordinateur. Car il doit travailler sur un scénario virtuel : une panne intervenue sur un camion frigorifique. Jérémy doit en trouver l’origine. A son écran, il s’affaire et fait des tests. Puis il complète un rapport d’intervention où il détaille les pièces à changer. « Les élèves apprennent à utiliser des nano-ordinateurs (programmation et configuration réseaux), ainsi que des robots, à configurer des systèmes embarqués, à faire de l’adressage réseau… » énumère Jean-Michel Letellier, enseignant en systèmes numériques. « La diversité des tâches qui nous sont confiées, c’est ce que j’apprécie le plus dans la formation. Ça permet de ne jamais s’ennuyer », commente Jocelyn, en terminale SN.

« Avec les enseignants, on s’entend bien »

Les élèves de la filière professionnelle doivent aussi effectuer un stage de 22 semaines échelonné sur les trois ans de la formation. L’occasion de se confronter aux exigences d’une entreprise. Ce qui n’a pas déplu à Renaud : « J’ai fait mon stage chez Bosch où je m’occupais de la maintenance des systèmes embarqués dans les voitures », raconte-t-il. Une expérience positive aussi pour Julien : « Lors de mon stage chez Batimatic, je travaillais à l’automatisation de portails. Ça s’est tellement bien passé que j’ai encore des contacts avec mon tuteur », souligne-t-il. Les stages sont aussi une occasion pour l’équipe pédagogique d’entretenir des liens étroits avec les entreprises : « Cela nous permet de comprendre les attentes des professionnels à l’égard de nos formations pour ensuite mettre l’accent sur certains domaines » explique Olivier Deschamps, directeur délégué à la formation professionnelle et continue du lycée.

Un élève du lycée professionnel Jacques-Prévert, en train de travailler sur un projet.
Un élève du lycée professionnel Jacques-Prévert, en train de travailler sur un projet.  - O. Deschamps/lycée professionnel Jacques-Prévert.

Et à voir les élèves si sereins ce jeudi, on comprend vite que le climat scolaire est plutôt agréable au lycée. Notamment car le lien profs-élèves est de qualité. Ce que confirme Yannick : « Avec les enseignants, on s’entend bien. Ils sont plus compréhensifs et patients que ceux du collège », estime-t-il. La bienveillance semble en effet de mise : « Nous procédons à une évaluation par compétences au fil de l’eau. On ne les évalue que lorsque l’on juge qu’ils sont prêts », explique ainsi Olivier Deschamps. Une approche qui semble marcher, comme le confirme Alexandra Leclercq, professeur d’électrotechnique : « Au fil du temps, on voit nos élèves évoluer. Ils deviennent de plus en plus autonomes et sûrs d’eux ». Ce n’est pas pour autant que tous réussissent, puisque 8 % des élèves du lycée décrochent chaque année. « Certains ne sont pas intéressés par ce qu’ils font, d’autres cumulent des difficultés personnelles et sociales trop lourdes », constate Géraldine Masson. Mais le lycée affiche un taux de réussite de 85 %, en progression depuis deux ans.

« Je souhaite devenir technicien ascensoriste »

Et d’ailleurs la perspective du bac ne semble pas stresser les lycéens que nous rencontrons ce jeudi. « On va l’avoir », affirme-t-il en chœur. Et à l’heure où beaucoup de lycéens sont encore sur liste d’attente sur Parcoursup, ce n’est pas leur cas. Car tous ont reçu une, voire plusieurs réponses positives à leurs vœux d’orientation, à l’instar de Quentin, en terminale SN : « Je suis pris en BTS SIO (Services informatiques aux organisations). Et je veux rejoindre l’armée de l’air après pour devenir technicien navigateur », dit-il, très sûr de son choix.

Deux élèves du lycée professionnel Jacques-Prévert, manipulent une machine de leur atelier.
Deux élèves du lycée professionnel Jacques-Prévert, manipulent une machine de leur atelier. - Un élève du lycée professionnel Jacques-Prévert, en train de travailler sur un projet.

Julien aussi sait déjà précisément quel métier il veut exercer : « je souhaite devenir technicien ascensoriste », affirme-t-il. D’ailleurs, 80 % des bacheliers du lycée poursuivent leurs études. « Et pour après, on ne se fait pas trop de souci pour eux, car les secteurs qu’ils visent offrent de nombreux débouchés », se réjouit Olivier Deschamps.