Notre Dame-des-Landes: Cinq questions autour des grenades GLI-F4 après l'accident sur la ZAD
SOCIETE•Mardi, un jeune homme a été amputé de la main après un accident sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes...Julie Urbach
L'essentiel
- Des grenades lacrymogènes instantanées de type F4 ont été utilisées par les gendarmes, mardi sur la ZAD.
- Un jeune opposant a été grièvement blessé au contact de l'une d'entre elles.
Mardi midi, un jeune homme de 21 ans a été grièvement blessé sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes lors d’affrontements avec les gendarmes. La main de cet opposant, originaire des Bouches-du-Rhône, a été arrachée à cause d’une grenade GLI-F4, lancée par les forces de l’ordre. 20 Minutes fait le point sur cet engin et son utilisation.
Qu’est ce qu’une grenade GLI F-4 ?
La GLI, comme grenade lacrymogène instantanée, emet du gaz mais aussi des effets sonore (165 décibels à 5 mètres) et de souffle très puissants. Il ne s’agit pas d’une grenade de désencerclement, qui envoie des éclats, ni d’une grenade offensive (de type F1), comme celle qui avait tué Remi Fraisse en 2014 au barrage de Sivens et qui est depuis interdite.
Mais elle contient tout de même de la tolite, un explosif, dans une quantité moindre. Son usage est de plus en plus encadré mais plusieurs accidents ont été recensés ces dernières années. Un jeune homme a notamment été gravement blessé après avoir reçu une grenade du même type sur le pied, à Bure, à l’été 2017. Son utilisation fait débat.
Dans quel cas est-elle utilisée ?
Le ministère de l’Intérieur parle de « gradation de l’emploi de la force », en fonction du « niveau de violence » auquel elles doivent faire face. En clair, la GLI-F4 est en théorie utilisée quand de plus petits moyens (contact physique, lacrymogènes) et les sommations ne suffisent pas, et lorsqu’il faut « libérer une grande surface de terrain ».
Dans un rapport conjoint, les inspections générales de la gendarmerie et de la police nationales avaient souligné en 2014 leur « efficacité » en milieu rural sur des sites « très ouverts, aérés ». Au sujet de l’utilisation de mardi, le ministère de l’Intérieur assure qu’il s’agissait de « protéger l’intégrité physique » des gendarmes.
En sait-on plus sur ce qu’il s’est passé mardi ?
Les versions de la gendarmerie et des zadistes divergent. Pour les premiers, une cinquantaine d’individus cagoulés ont pris à partie les forces de l’ordre, lesquelles ont répliqué à l’aide de GLI-F4. Le manifestant aurait voulu en ramasser une pour la renvoyer vers les gendarmes, juste au moment de l’explosion.
« Ce n’est pas crédible car la grenade met moins de trois secondes pour exploser, juge Sarah, de l’équipe médicale de la ZAD. Selon les premiers témoignages, la personne était en train de fuir. Elle est peut-être tombée, on ne sait pas. Mais c’est impossible qu’elle l’ait ramassée. » Une enquête a été ouverte pour en savoir plus.
Le caractère dangereux de ces grenades est-il connu ?
Plusieurs rapports ont mis en évidence les risques liés à l’utilisation de ces grenades, lancées à la main ou à l’aide d’un fusil, même si les conditions de son utilisation ont été durcies en 2014 après le drame de Sivens. Ils évoquaient notamment l’absence de « solution sans danger ». Un récent rapport du défenseur des droits note que « la dotation dans les opérations de maintien de l’ordre d’une arme présentant une telle dangerosité, eu égard à sa composition, reste problématique. »
« Quand l’explosion a lieu tout près, il y a un risque de mutilation très important, et un danger pour les tympans », explique un membre de l’assemblée des blessés, un collectif formé depuis plusieurs années à Nantes et qui milite contre les violences policières.
Quel avenir pour les grenades GLI-F4 ?
Avant même ce dernier incident, ce type de grenade semblait sur la sellette. Selon plusieurs sources, la gendarmerie devrait prochainement la remplacer par une autre type d’engin lacrymogène, avec toujours un fort effet sonore mais qui ne contiendrait plus aucune substance explosive…
« Nous demandons l’interdiction de toutes les grenades et flash ball, répond le Dr François Meuret, médecin retraité et membre du collectif des médics de la ZAD. Rien que sur la zone, 300 blessés ont été recensés depuis avril. Ils présentent des lésions, des fractures des côtes, des hématomes, des éclats de grenade dans le corps… Je rappelle que quatre gendarmes ont aussi été blessés par une grenade lacrymogène. »