#MeToo même en cuisine : après des accusations d’agressions sexuelles sorties ce dimanche contre le chef Mario Batali, les violences sexistes dans le monde de la restauration de luxe sont sous les feux des projecteurs.

La police de New York a confirmé ce lundi avoir ouvert une enquête contre le chef de 57 ans.

De nouvelles accusations plus graves

Une employée d’un de ses 26 restaurants a raconté sur CBS avoir été agressée en 2005. Mario Batali l’aurait droguée, puis agressée alors qu’elle était inconsciente. Elle avait finalement renoncé à porter plainte, et le test pour viol qu’elle avait fait à l’hôpital n’a pas été conservé.

Mario Batali avait déjà été accusé en décembre 2017 de harcèlement et d’attouchements. Il avait publié des excuses pour ses « nombreuses erreurs », s’était déjà mis en retrait de son empire gastronomique et avait renoncé à son émission The Chew.

Mais ces nouvelles accusations sont plus graves. La société B & B Hospitality – qu’il a cofondée – les a qualifiées de « glaçantes et très troublantes », et négocie actuellement sa sortie du capital.

#MeToo dans la restauration

Selon une ex-serveuse de Batali, ce comportement serait « largement répandu » dans la restauration, un milieu à l’organisation extrêmement hiérarchisée, quasi-militaire. « Ça fait plus de 20 ans que je travaille là-dedans et il n’y a pas un endroit où je n’ai pas eu ce genre d’expériences », a-t-elle déclaré.

Depuis le début de l’affaire Weinstein et du mouvement #MeToo, plusieurs chefs ont été mis en cause, même si aucun n’avait la visibilité de Mario Batali. John Besh, restaurateur de la Nouvelle-Orléans, Mike Isabella, ancienne star de Top Chef, et d’autres ont été accusés par plusieurs femmes d’attouchements et agressions.

Anthony Bourdain du bon côté

Parmi ceux qui poussent le plus à lever le voile sur le harcèlement en cuisine figure la star de la critique gastronomique, Anthony Bourdain. Marié à l’actrice Asia Argento – qui prononçait ce samedi un discours incendiaire à Cannes contre Harvey Weinstein –, l’ancien chef gastronomique est ravi d’être « sorti d’un monde brutal et opprimant, et historiquement hostile envers les femmes ».

Les cuisines des grands restaurants restent essentiellement l’affaire de chefs masculins. En 2017, les cheffes représentaient moins de 5 % des 2.800 étoilés par le guide Michelin dans le monde, et elles n’étaient que deux au classement des World’s Fifty Best Restaurants.