Banlieues: Trafic de drogue, radicalisation, emploi... Ce qu'il faut retenir du discours d'Emmanuel Macron
MESURES•Le président de la République s'est exprimé ce mardi à l'Elysée face à 600 habitants et associations de banlieues...20 Minutes avec AFP
Emmanuel Macron s’est exprimé ce mardi face aux acteurs et habitants des banlieues à l’Elysée. Au cours d’un discours fleuve, le président de la République a exposé les mesures qui vont être mises en place par le gouvernement pour « changer de méthode » vis-à-vis des banlieues.
« Je ne vais pas annoncer un plan ville, un plan banlieues », a déclaré en préambule le chef de l’Etat dans la salle des fêtes de l’Elysée. Cette méthode de plans dédiés est « aussi âgée que moi », né dans les années 1970, a-t-il précisé. Elle « a apporté des choses » mais « on est au bout » de ce que cela a pu produire, et « aujourd’hui poursuivre dans cette logique est poursuivre dans l’assignation à résidence, la politique spécialisée » et « je n’y crois pas », a-t-il martelé.
Un plan contre le trafic de drogue
Le président de la République s’est prononcé pour « un plan de mobilisation générale » contre les trafics internationaux de drogue qui « conduisent aux pires des crimes ». Le chef de l’Etat a réaffirmé au passage son opposition à la légalisation du cannabis. Ce plan devrait être lancé au mois de juillet.
Emmanuel Macron a tenu à reconnaître la spécificité des banlieues, entre « sources d’extrême inquiétude » et « optimisme profond ». « Il y a de la grande violence, il y a du banditisme, il y a du trafic, il y a de la profonde insécurité, donc ne nous voilons pas la face en disant "c’est formidable et tout va bien "», a-t-il fait valoir.
« Oui nos quartiers ont du talent, mais oui dans nos quartiers il y a aussi de la violence, il y a des choses qui ne vont pas, et c’est explosif », a-t-il poursuivi, évoquant « des raisons inadmissibles » de cette tension « qu’on a laissée s’enkyster », et aussi « une forme d’éloignement avec la République ».
30.000 stages pour les élèves de troisième
Emmanuel Macron a annoncé ce mardi que 15.000 stages de 3e allaient être proposés par les entreprises et 15.000 autres par l’Etat. Objectif : en faire profiter les jeunes des quartiers en difficulté qui ont du mal à en trouver.
« Il faut que tous les jeunes puissent trouver un stage », a déclaré le président en présentant ses mesures pour les banlieues, en annonçant qu’une « bourse des stages » serait mise en place d’ici septembre.
Appel aux grandes entreprises
Emmanuel Macron doit réunir les 120 plus grandes entreprises françaises en juillet pour leur demander de « prendre leur part » dans la lutte contre le chômage, qui touche un jeune sur trois dans les banlieues. Le chef de l’Etat a également annoncé des « testing » anti-discrimination dans ces entreprises.
Les maires auront l’accès au fichier recensant les radicalisés de leur commune
Le président de la République a indiqué que « beaucoup de maires disent « j’ai de l’insécurité chez moi, j’ai des fichés S, je ne le sais pas, je voudrais le savoir » ». Il a cependant répondu qu’un fiché S « n’est pas un terroriste ou en passe de l’être » mais que ce fichier est « un instrument de renseignement pour les services ».
Emmanuel Macron a souhaité que les préfets « échangent » avec les maires sur la présence dans leurs communes des personnes enregistrées dans le fichier FSPRT (Fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste), qui recense près de 20.000 personnes.
« Les personnes identifiées comme les plus à risque, qui sont dans un fichier qu’on appelle FSPRT, et qui sont revus par les préfets de manière régulière avec un compte-rendu au ministre, ces personnes-là, pour les plus sensibles, il est normal que le préfet ait maintenant de manière systématique, et dans une charte qu’on va rendre transparente, un dialogue avec les maires pour pouvoir échanger », a-t-il estimé.
Lutte contre l’antisémitisme et le racisme
Emmanuel Macron a déploré une augmentation des discours racistes et antisémites, qui sont « en train d’empirer » dans les quartiers. Le chef de l’Etat a appelé à la « lutte » contre ce phénomène, lors d’un discours sur l’action à mener dans les quartiers prioritaires.
« Il faut regarder les choses en face : c’est en train d’empirer », a assuré le chef de l’Etat, assurant que les pouvoirs publics allaient « faire appliquer la loi sur les discours racistes », tout en appelant à éviter la « stigmatisation ».
Jean-Louis Borloo, auteur d’un rapport très commenté sur l’avenir des banlieues, s’est également exprimé avant la prise de parole du président. Les quartiers « ne demandent pas d’assistance » mais leur « place dans la République », avait-il auparavant déclaré. Le plan qu’attendent ces quartiers où « il y a plus de besoins, plus de jeunesse dans une situation plus complexe, et moins de moyens globaux », est « un plan massif de créations d’emploi » et « de reconquête républicaine, » a martelé Jean-Louis Borloo, en appelant à « changer radicalement la donne ».