INTERVIEWL'humoriste Océan «ne pouvait plus attendre pour vivre sa vie pleinement»

VIDEO. Coming out trans: «Océan était dans le déni de sa transidentité, il ne pouvait plus attendre pour vivre sa vie pleinement»

INTERVIEWAndréa, personne trans de 70 ans et bénévole au Centre de santé et de sexualité de Lyon (CSS), revient sur le coming out trans de l'humoriste Océan, connu auparavant comme OcéaneRoseMarie...
Manon Aublanc

Propos recueillis par Manon Aublanc

L'essentiel

  • Ce jeudi 17 mai se tient la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie.
  • L’humoriste de La lesbienne invisible et réalisateur du film Embrasse-moi !, auparavant appelé OcéaneRoseMarie, a annoncé dans une vidéo son changement de genre.
  • Andréa, femme trans de 70 ans et bénévole au Centre de santé et de sexualité de Lyon (CSS) nous a parlé du coming out trans, « un moment majeur où on passe à l’acte, où on devient qui on est réellement. »

«Je vous demande de m’appeler Océan ». L’humoriste, anciennement appelé OcéaneRoseMarie, s’est confié dans une vidéo publiée sur le site LGBT Komitid, sur son récent changement de genre.

Alors que ce jeudi 17 mai se tient la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie, l’humoriste, découvert en 2009 avec son spectacle La Lesbienne invisible, raconte sa transition : « Quand j’ai décidé de faire ma transition, j’ai eu ce désir d’enlever le "e" de Océane, ce qui est finalement un geste très naturel, c’est-à-dire d’enlever ce qui féminise, tout en gardant une connexion avec mon prénom de naissance. Je vis ma transition comme un continuum, pas une rupture, je ne coupe pas avec mon passé parce que j’ai l’impression d’avancer vers moi, de me diriger vers, d’évoluer. »

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

« Je vous demande de m’appeler Océan », interpelle dans sa vidéo le réalisateur, que l’on nommait auparavant Océanerosemarie. « Je vous jure, c’est pas une vanne. Déjà parce que tant qu’à devenir un mec trans et rentrer dans le monde merveilleux du queer, je n’allais pas choisir Jean-Claude ou Matteo. Je voulais un prénom aussi merveilleux que peut l’être la transidentité », explique-t-il avec humour.

L’humoriste quadragénaire raconte avoir pris conscience de sa transidentité il y a deux ans : « J’ai compris que tout ce que je vivais, c’était tout simplement de la transphobie intériorisée, phobie au sens de la peur irrationnelle envers moi-même. J’ai donc pris la décision de changer de genre, de m’affirmer tel que je suis, un homme trans », raconte le réalisateur français du film Embrasse-moi !, sorti en 2017. Andréa, personne trans de 70 ans et bénévole au Centre de santé et de sexualité de Lyon (CSS) explique à 20 Minutes l'importance de ce processus.

Qu’est ce que la « transphobie intériorisée » dont parle Océan dans sa vidéo ?

Il s’agit d’une sorte de déni. Même si intérieurement, on ressent sa transidentité, on prétend qu’elle n’existe pas. Océan, lui, le qualifie de « transphobie intériorisée », moi je parle de « déni de transidentité », c’est-à-dire un déni que l’on développe inconsciemment par peur du regard des autres ou par peur de faire du mal à ses proches en acceptant et en révélant sa transidentité.

Pour Océan, il y a un élément supplémentaire, c’est son statut d’artiste. C’est un humoriste qui, avant son coming out, faisait son spectacle sur son homosexualité, son statut de lesbienne. Le coming out, forcément, ça le fait sortir de cette zone de confort et il a peur de perdre cette réussite professionnelle. J’ai l’exemple d’un homme, architecte dans le BTP, qui a fait son coming out pour « devenir » une femme. Dès qu’elle a « changé de sexe », les gens pensaient qu’elle était architecte d’intérieur et ne la prenait pas au sérieux. Elle s’est sentie « déclassée » professionnellement.

Le geste d’Océan est-il symbolique ?

Le coming out, c’est un moment majeur, c’est le moment où on passe à l’acte, où on devient qui on est réellement. Son coming out montre qu’il veut maintenant se définir, vis-à-vis de la société, comme une personne masculine. Il veut qu’on le considère comme un homme. Et puis, c’est un personnage public, donc c’est toujours un peu plus cérémonial. Dès qu’on est exposé médiatiquement, il y a une sorte de cérémonie du coming out.

Le passage à l’acte, c’est un véritable cheminement. Océan était dans le déni de sa transidentité, et à un moment, il ne pouvait plus attendre pour vivre sa vie pleinement. Il avait besoin de sauter le pas pour se sentir bien. Vous savez, certains attendent beaucoup plus tard pour le faire !

a

En quoi c’est important que les personnes transsexuelles fassent leur coming out ?

Le coming out, c’est un problème de visibilité. Au moment de la révélation, l’homme trans passe d’invisible à visible. Il rend sa transidentité visible en changeant son aspect physique. A la différence d’un coming out d’une personne homosexuelle, pour les coming out des personne transgenre, on voit un changement physique.

Le révéler, faire son coming out, ça permet à la transidentité d’être mieux connue et mieux comprise par la société. On en a besoin, on est en retard en France comparé à d’autres pays, comme les Etats-Unis par exemple. En France, il y a une légère ouverture mais il y a surtout une libération de la parole transphobe, depuis les débats sur le mariage pour tous. Donc, c’est très important qu’il y ait cette visibilité comme avec Océan.