Les agents de l'ONF en grève contre l'«industrialisation» de la forêt publique
MOBILISATION•« L’orientation est clairement prise de remplacer les fonctionnaires par des salariés de droit privé » selon Philippe Canal, secrétaire général du Snupfen-Solidaires…20 Minutes avec AFP
La forêt publique française est-elle en train de « s’industrialiser » ? C’est ce que dénoncent les agents de l’ONF, qui étaient en grève ce jeudi et devaient manifester dans plusieurs villes, selon des sources syndicales.
« On est en grève et en manifestation aujourd’hui pour alerter les citoyens sur deux points : la privatisation de la gestion de la forêt publique et l’industrialisation de la forêt, usine à bois », a résumé Philippe Canal, secrétaire général du Snupfen-Solidaires, au nom d’une large intersyndicale (Snupfen-Solidaires, EFA-CGC, CGT, Unsa, FO).
« Remplacer les fonctionnaires par des salariés de droit privé »
Les agents, de statuts privé et public, devaient manifester à Toulouse, Nancy, Mâcon, Avignon et Le Mans dès le milieu de matinée.
L’intersyndicale accuse la direction de prétexter, « comme à la SNCF, d’un déficit creusé par des décisions gouvernementales » pour remettre en cause le statut d’établissement public de l’ONF et de « tenter de faire passer en force une convention collective qui revoit à la baisse les rémunérations de nombreux salariés ».
« L’orientation est clairement prise de remplacer les fonctionnaires par des salariés de droit privé », a par ailleurs estimé Philippe Canal, pour qui les fonctionnaires, qui représentent aujourd’hui 6.000 personnels sur 10.000, pourraient rapidement devenir minoritaires.
Un « climat social délétère »
Les organisations syndicales représentant 90 % des fonctionnaires de l’ONF ont démissionné de ces instances en septembre 2017 pour dénoncer un « climat social délétère », ainsi que le contrat d’objectifs et de performances (COP) signé avec l’Etat pour la période 2016/2020, qu’elles jugent « irréaliste ».
« Depuis septembre 2017, on demande l’ouverture de négociations à nos ministères de tutelle qui s’y refusent », a déploré Philippe Canal.
Contactée par l’AFP, la direction de l’ONF n’était pas joignable dans l’immédiat.
« C’est extrêmement difficile de comprendre que dans un office où aucun emploi n’est supprimé, aucun site n’est fermé, on soit à ce point de crispation », avait déclaré Christian Dubreuil, directeur général de l’ONF, devant la commission des Affaires économiques du Sénat le 21 mars dernier.
Il avait alors dû faire face à un feu nourri de questions sur les tensions sociales au sein de l’établissement.