Blocus des universités: A Nantes, les incertitudes planent à la veille des examens, délocalisés
UNIVERSITE•Organisation chamboulée, menaces de blocage, programme des partiels tronqué... Quelque 7.500 étudiants nantais doivent passer leurs examens à partir de lundi...Julie Urbach
L'essentiel
- Une grande partie des examens du second semestre démarrent lundi, et après deux mois de blocage, pour les étudiants nantais du campus Tertre.
- La quasi-totalité des épreuves seront délocalisées, avec la présence de vigiles et l'intervention des forces de l'ordre si nécessaire, prévient la présidence de l'université.
Comment les partiels du second semestre vont-ils se dérouler ? C’est la question qui agite depuis plusieurs semaines une partie des étudiants et personnels de l’université de Nantes. Alors qu’à Arcueil, en région parisienne, le centre d’examen qui devait accueillir les étudiants de Nanterre a été bloqué vendredi matin, annulant les premières épreuves, les craintes existent aussi dans la cité des Ducs.
Car à partir de lundi, et après plus de deux mois de blocage, quelque 7.500 étudiants en lettres, langues et sciences humaines (campus Tertre) sont convoqués à plancher pendant deux semaines. Dans des conditions là aussi particulières, puisque la quasi-totalité des examens a été délocalisée à la halle de la Trocardière de Rezé et au parc des expositions de la Beaujoire. « C’est une bonne décision car ces sites sont mieux sécurisés que le campus, estime Benjamin Gilbert, représentant étudiant et secrétaire général d’ InterAsso, opposé au blocus. Mais on craint tout de même des difficultés, comme le blocage des lignes de tram ou carrément des entrées aux bâtiments. »
Intervention policière si nécessaire
Du côté de l’université, on assure que « tout le monde est mobilisé pour que les examens puissent se tenir ». Mais les inquiétudes sont là : une semaine supplémentaire, en juin, a notamment été réservée en cas d’éventuel report, et une organisation « plus lourde » a été mise en place. Lundi matin, des agents de sécurité seront positionnés à l’entrée des centres, et toutes les cartes d’étudiant ou d’identité seront contrôlées. « Il n’y aura pas de CRS devant les salles mais nous n’hésiterons pas à demander une intervention si c’est nécessaire », indique-t-on dans l’entourage du président, Olivier Laboux.
Un cap qui n’avait pas été franchi jusqu’à ces derniers jours : vendredi soir, une centaine de policiers et de gendarmes mobiles ont délogé les quelques dizaines d’étudiants, opposés à la réforme de l’université, qui occupaient toujours le bâtiment Censive. Ces derniers ont depuis organisé un rassemblement devant la présidence, et appellent à une « AG exceptionnelle partiels » ce dimanche après-midi.
Sur quoi vont porter les partiels ?
Chez les étudiants, qu’ils soient pour ou contre la loi ORE, pour ou contre le mouvement, la pression monte doucement. D’autant que pour certains, en raison de l’organisation chamboulée et connue tardivement, il va falloir mettre le turbo. « J’ai déjà trois partiels le lundi, de 8h à 19h, raconte Antoine, en 3e année d’histoire. Ça va me faire une très grosse journée, surtout qu’il nous a été demandé d’arriver sur place au moins 45 minutes avant. Cette année, ce n’a pas été évident de se préparer mentalement. »
Car reste une dernière inconnue, plus grande qu’en temps normal : le contenu même du programme des partiels. Si certains professeurs ont annoncé que les épreuves ne porteraient que sur les cours en présentiel, d’autres ont entretenu davantage le contact avec leurs élèves. « On n’a pas eu beaucoup de cours mais ce n’est pas pour cela que nous étions en vacances : les profs nous envoyaient des mails, nous donnaient des lectures, des exercices à faire à la maison, indique Charlotte, 18 ans, en L1 LLCE anglais espagnol. J’ai fini mes fiches en enlevant les chapitres qu’on n’a pas du tout eu le temps de voir. Finalement ça fait déjà pas mal à réviser ! »