Linky: Après l'agression dans le Var, Enedis est-elle assez pédagogue?
ENERGIE•Enedis se dit choquée par l’agression, lundi, de l’un de leur installateur Linky tandis que le maire de Bagnols-en-Forêt regrette un manque de transparence de l’entreprise…Adrien Max
L'essentiel
- Une enquête a été ouverte par le parquet de Draguignan après la violente agression d’un installateur de compteur Linky, dans le Var.
- L’entreprise se dit « choquée » par cette attaque d’un « travailleur en mission de service public ».
- Le maire de la commune, qui avait pris une délibération « anti-Linky », regrette le manque de transparence de l’entreprise publique, source d’inquiétude.
Des points de sutures pour un compteur Linky. Le parquet de Draguignan a ouvert une enquête mardi après l’agression d’un installateur de compteurs Linky, lundi à Bagnols-en-Forêt, dans le Var.
Alors que l’employé de l’entreprise Insiema, prestataire d’Enedis, s’apprêtait à installer le compteur, une femme et un homme l’ont agressé, lui portant un violent coup de tête. Le salarié a porté plainte mardi, après s’être vu établir une ITT de moins de 8 jours. Il a également été hospitalisé pour se faire poser des points de suture.
Mission de service public
Ce n’est pas la première agression d’un installateur de compteur Linky, elles se sont multipliées depuis plusieurs mois. Beaucoup s’opposent à l’installation du boîtier qui est capable de suivre très précisément la consommation électrique, craignant une intrusion dans la sphère privée et souhaitant que le principe de précaution prime.
Une situation qui a profondément marqué l’entreprise Enedis.
« « Nous sommes choqués et émus de ce qui est arrivé à notre collègue. D’autant plus que cette agression intervient alors que cette personne faisait son métier, et assurait une mission de service public », se désole Nathalie Alexandre, directrice territoriale d’Enedis dans le Var. »
Elle souhaite néanmoins relativiser et explique que sur les 340.000 compteurs installés dans le Var, « tout s’est globalement très bien passé ».
Délibération municipale
Nathalie Alexandre explique que les installateurs sont aussi bien formés pour intervenir sur le réseau, que pour renseigner les clients. « Il y a des modules très techniques, mais aussi d’autres pour les orienter pour informer et guider les clients. Si les conditions ne sont pas réunies pour une installation en sécurité, du côté de l’installateur, comme celui du client, l’installation doit être interrompue », précise la directrice territoriale. Et de rappeler que ces compteurs Linky sont « essentiels » pour la transition énergétique.
Cette agression intervient dans un contexte particulier, la commune de Bagnols-en-Forêt avait pris une délibération « anti-Linky » en juin 2016. « Même si nous avons pris cette délibération, je ne cautionne aucunement cet acte de violence. La mairie ne peut pas tolérer que des personnes soient agressées dans l’exercice de leur fonction », condamne Michel Tosan, le maire de la commune.
Il regrette néanmoins la stratégie déployée par l’entreprise publique. « La délibération que nous avons prise a été attaquée devant le tribunal administratif. Nous n’avons pas encore le jugement qu’ils se permettent d’installer ces compteurs sur notre commune », regrette-t-il.
« Une super structure qui décide pour nous »
Le maire dénonce également la communication employée par Enedis.
a« « Ils décident unilatéralement de ce qui est bien pour la France. Quand on voit le scandale de Flamanville, permettez-moi de douter du bien-fondé de leurs décisions. Aujourd’hui les gens se posent des questions. En tant qu’élu, on nous impose une forme d’obligation alors que les textes peuvent être soumis à l’interprétation. Pour résumer, c’est une super structure qui décide pour nous. » »
Nathalie Alexandre, explique, elle, qu’un accompagnement global est opéré par Enedis : « On rencontre les élus avant le déploiement pour leur expliquer comment il se passe, et à chaque étape du déploiement nous sommes présents. Les clients reçoivent un courrier explicatif un mois avant l’installation et nous avons créé un numéro vert ainsi qu’un site avec les infos dédiées », se défend-elle. Pourtant, certains clients semblent avoir toujours autant de doutes.
Quant à savoir si la délibération prise peut être source de réactions violentes, Michel Tosan balaye cet argument : « Tous les jours nous prenons des décisions bien plus clivantes, sur l’urbanisme ou les déchets, pourtant je ne me suis jamais fait agresser. » Le maire espère que le tribunal donnera des suites judiciaires à cette affaire pour faire retomber le soufflé et éviter de se retrouver « dans le New York Times », selon ses dires.