REPORTAGEDans la fac de Rennes-II occupée, «il ne faut pas croire qu’on glande»

Rennes : Dans la fac occupée, «il ne faut pas croire qu’on glande»

REPORTAGELe blocage a été reconduit lundi à l’université Rennes-II, l’un des derniers campus toujours paralysés...
Jérôme Gicquel

J.G.

L'essentiel

  • Le campus de Rennes-II est bloqué et occupé nuit et jour depuis le 9 avril.
  • Le blocage a été reconduit lundi jusqu’au 7 mai, date de la prochaine assemblée générale.
  • A l’intérieur du bâtiment, les occupants expérimentent l’autogestion.

Les vacances ont beau être terminées, il n’y a pas grand monde ce mercredi matin sur le campus de Villejean. Lundi, plusieurs centaines d’étudiants s’étaient rassemblés pour voter la reconduction du blocage de l’université jusqu’au 7 mai, date de la prochaine assemblée générale.

Avec le site de Saint-Denis de Paris-VIII et Jean-Jaurès à Toulouse, Rennes-II reste donc toujours mobilisée contre la loi Orientation et réussite des étudiants (ORE). « Tant que le gouvernement ne pliera pas, on ne lâchera rien », assure cet étudiant, filant en direction du bâtiment B.

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Épicentre de la lutte, le bâtiment, rebaptisé le « Bayou », est occupé jour et nuit par plusieurs dizaines d’étudiants depuis début d’avril. Sur la façade du bâtiment, un tag « Vive la Commune ! » annonce la couleur. « On expérimente ici l’autogestion avec des règles de vie en commun », indique l’un des occupants des lieux, un balai à la main. « C’est comme chez soi, quand c’est crade, on fait le ménage et on débarrasse », poursuit sa voisine.

Ateliers, conférences et révisions au programme

A l’intérieur, les dégradations sont pourtant visibles, les murs et les sols recouverts de tags. « Un projet de réfection du Hall B était prévu avant même la mobilisation. Cela n’entraînera donc aucun coût supplémentaire pour le budget de l’université », s’est défendue l’AG Rennes 2 sur les réseaux sociaux. Un argument balayé par Olivier David, président de l’université, qui estime « contradictoire » le fait de « vouloir défendre les conditions d’accès à l’université et en même temps dégrader les locaux ».

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Sur les murs du bâtiment B, de nombreuses affiches relatent aussi le quotidien du « Bayou » et son lot d’activités. « Il ne faut pas croire qu’on glande ici. On organise plein d’ateliers et de conférences, des projections, des débats. Et c’est ouvert à tout le monde », renchérit une autre occupante.

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Ce mercredi matin, le planning est plutôt light. « Normal, c’est lendemain de manif ! », sourit une étudiante. Dans la journée, un atelier créatif avec confection de banderoles ainsi qu’une formation féministe seront tout de même au programme. « Certains révisent aussi leurs cours avec des séances collectives qui sont organisées », assure un autre étudiant.

Les examens toujours en sursis

Pour l’heure, les partiels ont été décalés par la présidence de l’université et doivent normalement débuter le 17 mai. Un calendrier sur lequel reposent encore beaucoup d’incertitudes. « C’est un peu angoissant. Je continue de réviser sans trop savoir quand auront lieu les examens. Je comprends les motivations des bloqueurs mais ça devient un peu lassant », indique Sarah, croisée sur le chemin de la bibliothèque universitaire, qui reste ouverte malgré le blocage.

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« On est tous inquiets pour nos partiels. C’est sûr que cela perturbe le fonctionnement de la fac mais on a fait le choix de se mobiliser et il faut maintenant tenir », lui répond un partisan du blocage.

Quant à la question de l’évacuation du campus, les occupants préfèrent pour l’instant ne pas trop y penser. « On sait très bien que cela peut arriver à tout moment. Mais on n’a pas peur », assure l’un d’entre eux. « Au contraire, l’évacuation des autres facs nous pousse à tenir encore plus », ajoute un autre étudiant.