ZAD: Quels sont ces fameux projets déposés par les occupants de Notre Dame des Landes?
NOTRE-DAME-DES-LANDES•Le délai donné aux opposants de la ZAD pour déposer leur projet court jusqu'à ce lundi soir...
Julie Urbach
L'essentiel
- Une quarantaine de projets comportant des noms ont été déposés vendredi en préfecture.
- On trouve des activités agricoles, mais aussi culturelles et artisanales, que les zadistes décrivent comme «interdépendantes».
- Les opposants ont jusqu'à lundi soir pour se manifester, avant que l'Etat n'étudie les dossiers.
L’ultimatum prendra fin ce lundi soir. D’ici là, les zadistes de Notre-Dame-des-Landes n’excluent pas de déposer de nouveaux dossiers, préalables à une démarche de régularisation. Mais déjà, une quarantaine de projets ont été remis aux services de l’Etat, vendredi après-midi. « Un tissu d’idées agricoles, artisanales et culturelles », résument les opposants. Mais de quoi s’agit-il ?
Dans le détail figurent plusieurs activités de maraîchage (certaines seraient déjà déclarées à la sécurité sociale agricole), de l’élevage, mais aussi une brasserie ou encore une miellerie. Des porteurs de projets sont aussi derrière un « chantier école », qui dispenserait des formations aux métiers de la construction et du bois. Une association veut pérenniser la bibliothèque, une autre mener des ateliers de mécanique et de forge… « Le tout dans une logique de partage, précisent les zadistes. C’est pour cela qu’il nous a été difficile de placer un nom devant une parcelle. »
Erwan, ancien ingénieur agronome, a quand même écrit le sien sur un formulaire. « On a mis trois noms mais on est beaucoup plus nombreux à participer à la culture céréalière. On fait déjà notre farine, les silos et les fournils sont partagés, il y a un artisan crêpier, un boulanger… La raison qui me fait rester ici, c’est la mutualisation du matériel et des expériences. Sur une même parcelle de terre, les activités tournent. C’est indispensable quand on voit des agriculteurs qui ont des fermes toujours plus grandes, mais qui sont dans un isolement social terrible. »
Viabilité économique
Les opposants, qui ont mis longtemps à accepter de remplir ces documents individuels, continuent d’insister sur la vocation collective du projet. C’est d’ailleurs ce qui permettrait leur viabilité, à en croire Sarah, éleveuse de brebis et ancienne occupante des 100-noms. Son projet de « nouvelle forme de pâturage », qu’elle évalue à 80 bêtes, n’a pas de vocation économique en tant que tel, assume-t-elle.
« L’idée c’est d’être à l’équilibre mais notre revenu, on le dégage d’ailleurs. Moi je fais du conseil en élevage, on a une naturopathe, d’autres ont des boulots saisonniers. On est très économes en coût de fonctionnement. » « On a des locomotives économiques parmi les projets, comme la construction de charpentes ou la vente de sarrasin, assure un autre occupant. Ceux-là vont aider les autres à se déployer. Notre projet est au carrefour de l’économie sociale et solidaire et l’agriculture, il faut que la préfecture le comprenne. »
Gestion collective des terres
Sauf que sur les 28 projets agricoles déposés, certains semblent déjà « poser problème » à la préfète Nicole Klein. Et les zadistes répètent qu’ils n’accepteront pas de tri, tout en rejetant les critères avec lesquels la sélection va s’effectuer, remettant en cause la « légitimité de la chambre d’agriculture et des syndicats majoritaires. » Une « proposition de convention provisoire collective » a de nouveau été envoyée à la préfecture.
Le choix des services de l’Etat pourrait être connu dans les prochains jours, après l’examen de la totalité des documents reçus. Si la préfète a souligné le « gros travail » des zadistes, la décision de poursuivre ou non les expulsions revient au chef du gouvernement.