Limitation de vitesse à 80 km/h: En France, les «belles routes» sont aussi les plus dangereuses
AUTOMOBILE•Une étude montre un risque de mortalité plus élevé sur les grands axes que sur les routes sinueuses de campagne…L.Br.
Les routes nationales ne couperont pas à la réduction de vitesse à 80 km/h. Une étude réalisée par l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR) pointe du doigt le risque élevé d’accidents sur ces grandes voies en France.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce ne sont pas les petites routes sinueuses de campagne qui sont les plus accidentogènes, mais bien les grands axes nationaux, révèle l'Obs. Dégagées et aménagées, 20 % de ces voies concentrent pourtant 55 % de la mortalité routière en France, selon le rapport de l’ONISR. Depuis de nombreuses années, rappelle le rapport, ces routes font l’objet d’aménagements : rectifications de virages, dégagements de visibilité, voies spécifiques pour tourner à gauche ou accotements stabilisés.
Une mortalité plus élevée dans les départements ruraux
Selon Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la sécurité routière, ce phénomène s’explique simplement : « D’une part, parce que le trafic y est plus important. Or, chaque véhicule constitue un risque. D’autre part, et paradoxalement, à cause de l’impression de sécurité dégagée, certains conducteurs s’autorisent à prendre de la vitesse. » Entre 2012 et 2016, 9.579 personnes, soit plus de la moitié des décès, ont été tuées en métropole dans un accident sur ces routes, rappelle l’Obs.
Le rapport constate également que la mortalité est encore plus élevée dans les départements ruraux comme l’Orne, le Jura, la Lozère, les Alpes de Haute-Provence, Hautes-Alpes, Orne, Gers, Haute-Loire, Lot ou encore le Cantal. Le rapport préconise donc un abaissement général de la vitesse à 80 km/h, y compris sur ces « belles routes » dangereuses.
C’est même sur ces routes que les autorités comptent pour faire baisser le nombre de morts, comme le précise l’ONISR, malgré les plaintes de nombreux élus locaux et députés. « Même s’il est contre-intuitif que le réseau le plus confortable soit celui qui enregistre le plus d’accidents mortels, les études successives confirment que les bénéfices d’un abaissement de VMA [vitesse maximale autorisée] seront en grande partie liés à ce réseau. » Le gouvernement a confirmé que la réforme serait appliquée au 1er juillet 2018, sur toutes les routes secondaires sans séparation de voies.