Les dirigeants de La Plagne, station de ski savoyarde, seraient-ils un peu (beaucoup) trop généreux ? C’est en tout cas la question posée par la cour régionale des Comptes, qui vient d’épingler le syndicat exploitant les remontées mécaniques. La raison : 100.000 forfaits gratuits sont distribués chaque année aux « gens du pays » et aux élus. C’est-à-dire beaucoup trop puisque cela représente un manque à gagner annuel d’environ trois millions d’euros. Soit 4 % de son chiffre d’affaires.

Cette « large politique de gratuités » occasionne également une perte de redevance pour la collectivité de 150.000 euros par an, souligne la Cour des comptes Auvergne-Rhône-Alpes dans un rapport portant sur les années 2009 à 2016 et publié mercredi.

Hervé Gaymard a pu skier à l’œil

« Une partie des gratuités ainsi accordées apparaît injustifiée, notamment au bénéfice des gens du pays, d’élus, de fonctionnaires, ou d’anciens agents », ajoute-t-elle, citant notamment un forfait annuel attribué en 2015/2016 au président du Conseil départemental de la Savoie Hervé Gaymard (LR) ou des forfaits-journées pour petits groupes octroyés à un sous-préfet.

Elle souligne également que les gratuités aux « résidents historiques » (nés avant 1940), ainsi qu’à leurs descendants et jusqu’à leurs arrière-petits-enfants n’est pas conforme. Un point que la Cour pointait déjà dans son précédent rapport en 2009.

Deuxième domaine skiable de France

L’organisme s’interroge également sur les conditions dans lesquelles sont attribuées les ristournes sur les forfaits, sachant que les forfaits remisés représentent 40 % du chiffre d’affaires du SIGP (73,4 millions), deuxième domaine skiable de France en poids économique derrière Chamonix (81,5 millions).

Interrogé par l’AFP, le syndicat assure que ce point a été récemment rectifié et que le montant des remises, qui vont de 25 à 40 % du prix des forfaits, est désormais attribué en fonction du volume de forfaits achetés par les hôteliers et autres partenaires.

S’agissant des conditions de gratuité, le SIGP « va travailler dessus » poursuit Yves Helary, directeur du syndicat, interrogé par l’AFP. Trouvant ce rapport « pédagogique » et « pas à charge », le responsable assure que « le syndicat va chercher à mettre en place l’ensemble des recommandations » émises par la Cour des comptes.