REPORTAGE«Ils emmerdent les gens et cela ne donne pas envie de rallier leur cause»

Grève à la SNCF: «Ils emmerdent les gens et cela ne donne pas envie de rallier leur cause»

REPORTAGECe vendredi, le trafic des TER est très perturbé en Nouvelle-Aquitaine puisque seul un TER sur trois est assuré, en raison de la grève des personnels SNCF. Les usagers sont dirigés vers des bus pour réaliser des trajets parfois compliqués…
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

L'essentiel

  • Alors que le trafic des TER est très perturbé ce vendredi en Nouvelle-Aquitaine, les usagers sont dirigés vers des bus qui assurent seulement quelques liaisons par jour, avec des temps de parcours allongés.
  • Les voyageurs ont du mal à organiser leurs trajets puisque les conditions de circulation ne sont disponibles que la veille au soir et n’apprécient pas le principe d’une grève intermittente, jusqu’à au moins le mois de juin.

Ce n’est pas la cohue en gare de Bordeaux Saint-Jean ce vendredi matin. Alors que la première semaine des vacances scolaires se termine, beaucoup de voyageurs ont pris leur disposition. Dans les allées de la gare, on croise pourtant des mines inquiètes d’usagers en quête de leur bus. Alors que le trafic est très perturbé par le mouvement national de grève à la SNCF en Nouvelle Aquitaine, avec seulement un TER sur trois, la SNCF a mis en place des bus de substitution.

Ce vendredi, le trafic TER est annoncé très perturbé, avec un TER sur trois assuré.
Ce vendredi, le trafic TER est annoncé très perturbé, avec un TER sur trois assuré.  - E.Provenzano / 20 Minutes

« Je veux vérifier que c’est le bon endroit pour prendre mon bus », lance un peu stressée Kristina, 60 ans, qui se renseigne auprès d’employés de la SNCF, avant de prendre le temps de parler. Arrivée d’Irlande jeudi, elle a découvert la grève « un peu par hasard » juste à temps pour prendre un ticket de bus afin de gagner Bergerac, en Dordogne, où elle va rendre visite à son fils. « Je ne comprends rien à l’aspect politique mais ce n’est pas la première fois qu’il y a une grève, on ne peut pas compter sur les trains », s’agace cette sexagénaire.

La forme de la grève critiquée

Patricia, 47 ans et sa fille Marie, 16 ans, scrutent les écrans répertoriant les départs des trains dans le hall de la gare. « On arrive de Mulhouse par avion et là le prochain train pour Arcachon n’est qu’à 11 h 35, soupire Patricia. Il y en avait un autre à 8 h mais c’était trop juste. » Elles ont un peu plus de 2 h 30 à patienter pour regagner le bassin d’Arcachon où elles vivent, à 60 kilomètres de Bordeaux. « Ils en font un peu beaucoup [les grévistes], les gens ont besoin de travailler et la saison va arriver en plus », estime la quadragénaire.

Si Stéphanie, 47 ans, a le sourire ce matin-là c’est qu’elle est en vacances mais elle fait quotidiennement les trajets Bergerac-Bordeaux et met une heure de plus en bus qu’habituellement en TER en ces temps de grève. « Je comprends les bases de la grève mais le fait qu’elle soit perlée c’est très fatigant et c’est aussi difficile de s’organiser puisqu’on ne connaît les horaires que la veille à partir de 17 h. Jusqu’à juin, cela va être très lourd pour les usagers ».

Certains usagers sont un peu perdus pour trouver leur bus, ou acheter un ticket.
Certains usagers sont un peu perdus pour trouver leur bus, ou acheter un ticket.  - E.Provenzano / 20 Minutes

Anne-Gaëlle et Yohann, 18 ans tous les deux, attendent patiemment sur un banc leur bus pour Bergerac, où ils vont rejoindre leurs familles pour les vacances. « D’habitude, il y a au moins un train jusqu’à Libourne mais pas aujourd’hui, commente Anne-Gaëlle. On avait le choix entre 9h11 ou 14h11 ». Si Yohann estime que la grève des cheminots est justifiée, son amie est moins tendre : « Ils ont peut-être des bonnes raisons pour faire grève mais pas comme ça !, lâche-t-elle. Ils emmerdent les gens et cela ne donne pas envie de rallier leur cause. »

Eve, 25 ans, également étudiante et habituée de la ligne Bordeaux-Bergerac qu’elle prend trois fois par semaine, s’est fait une raison : « cela a été annoncé et ça ne me dérange pas trop mais il est vrai que je ne suis pas en emploi ». Seul stress pour elle, la perspective des examens de fin d’année, dans deux semaines : « Il va falloir que je m’organise et sûrement que j’arrive à Bordeaux la veille ».