Emmanuel Macron veut «réparer» le lien entre l'Eglise et l'Etat, la gauche émet de vives critiques
DISCOURS•Face à 400 personnes lors de la Conférence des évêques à Paris, Emmanuel Macron s'est adressé aux catholiques...L.Br. avec AFP
Emmanuel Macron s’est adressé aux catholiques lundi soir. Devant la Conférence des évêques, le président de la République a déclaré vouloir « réparer » le lien entre l’ Eglise et l’Etat qui « s’est abîmé », avant d’inviter les catholiques à « s’engager politiquement ».
Pour rétablir cette relation, « il n’est pas d’autre moyen qu’un dialogue en vérité », a précisé le président, accompagné de son épouse Brigitte et du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb. Volonté de « dialogue », « confiance » et « humanisme » étaient au menu du discours d’Emmanuel Macron, devant 400 invités réunis en début de soirée dans la grande nef cistercienne du collège des Bernardins à Paris.
« On attend un président, on entend un sous-curé »
« Pour des raisons à la fois biographiques, personnelles et intellectuelles, je me fais une plus haute idée des catholiques. Et il ne me semble ni sain ni bon que le politique se soit ingénié avec autant de détermination soit à les instrumentaliser soit à les ignorer », a expliqué le président.
Ce discours fleuve d’Emmanuel Macron, qui a marqué à plusieurs reprises son intérêt pour les questions religieuses, est inédit car c’est la première fois que l’Eglise catholique organise un tel événement médiatico-politique, comparé par certains observateurs au dîner du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France).
Une prise de parole face à une assemblée religieuse assez mal vue par la gauche. « Macron en plein délire métaphysique. Insupportable. On attend un président, on entend un sous-curé », a vivement critiqué Jean-Luc Mélenchon sur son compte Twitter. Le leader de La France insoumise a également fustigé la relation entre l’Eglise et l’Etat évoquée par le président, une liaison « qui n’a pas lieu d’être », selon lui.
La gauche vent debout contre les propos de Macron
Une critique reprise par Alexis Corbière, député de la France insoumise, qui a jugé ces propos « indignes ». « Parole indigne d’un Président d’une République laïque… Paroles irresponsables qui soufflent sur les braises de tous les communautarismes religieux. Et la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat ? », a-t-il écrit sur Twitter.
Au Parti socialiste, cette prise de parole a dérangé Olivier Faure, premier secrétaire du parti. « Mais de quoi nous parle-t-on ? L’Eglise catholique n’a jamais été bannie du débat public. Quel lien restaurer avec l’Etat ? En République laïque aucune foi ne saurait s’imposer à la loi. Toute la loi de 1905. Rien que la loi ».
Idem pour Benoît Hamon, ex-candidat à la présidentielle face à Emmanuel Macron : « Quand le lien entre l’Eglise et l’Etat a-t-il été abîmé ? Est-ce lors du mariage pour tous ? S’il doit être réparé ? Est-ce lors de la révision des lois de bioéthique ? sur la PMA ? », a-t-il réagi dans un communiqué, en faisant allusion aux Etats généraux de la bioéthique qui se déroulent en ce moment.
On compte en France quelque 40 millions de baptisés mais à peine 2 % des Français vont à la messe chaque dimanche.