INTERVIEW«Ce qui inquiète c'est la montée des violences» dans les universités

Universités: «Ce qui inquiète, ce n'est pas tant la montée de la contestation, que celle des violences»

INTERVIEWGilles Roussel, le président de la Conférence des présidents d'université, fait le point sur les tensions dans les universités...
Delphine Bancaud

Propos recueillis par Delphine Bancaud

L'essentiel

  • Selon le président de la Conférence des présidents d’université (CPU), seulement deux facs sont totalement bloquées : l’université Paul-Valéry de Montpellier et l'université Jean-Jaurès à Toulouse.
  • Dans d’autres facs, certains sites et des amphithéâtres sont inaccessibles.
  • La CPU redoute plus les violences qu’une propagation de la contestation contre la réforme de l'accès à l'enseignement supérieur.
  • Mais aucun examen n’est pour l’heure repoussé ou annulé et les notes ne seront pas revues à la hausse.

Dégradations dans le bâtiment de la présidence de l’université Grenoble Alpes, blocage de la faculté de Lettres de Sorbonne-Université (Paris-IV)… Ce mercredi comme chaque jour depuis plus quelques semaines, l’opposition à la loi sur les nouvelles modalités d’accès à l’enseignement supérieur prend de nouvelles formes. Gilles Roussel, le président de la Conférence des présidents d’université (CPU) fait le point sur la situation pour 20 Minutes.

Gilles Roussel, président de la CPU.
Gilles Roussel, président de la CPU. - CPU

Combien d’universités sont-elles bloquées à ce jour ?

Deux sont totalement bloquées : l’université Paul-Valéry de Montpellier, Jean-Jaurès à Toulouse. Par ailleurs, une quinzaine de sites le sont aussi ponctuellement, comme celui de Saint-Denis de l’université Paris-8, le campus de la Victoire à Bordeaux, le campus du Tertre à Nantes… Enfin, dans d’autres universités, il y a juste un amphithéâtre bloqué où des assemblées générales ont lieu. Au final, la majorité des étudiants ont accès à leurs cours.

Craignez-vous que ce mouvement contestataire prenne de l’ampleur ?

On sent une offensive pour faire monter la pression. Mais aujourd’hui, les personnes qui bloquent les sites sont très peu nombreuses. Ce qui nous inquiète, ce n’est pas tant la montée de la contestation, que celle des violences. Comme celles qui se sont déroulées à la faculté de droit de Montpellier. Où comme celles qui ont concerné certains étudiants Nantais ce mercredi.

Comment les présidents d’université tentent-ils d’éviter que le clan des opposants à la loi Vidal et celui des autres étudiants ne s’affrontent ?

Tant que c’est au cours d’assemblées générales et dans le cadre d’un débat d’idées, il n’y a pas à intervenir. Mais nous devons veiller à assurer la sécurité des étudiants, ce qui n’est pas évident quand il y a plusieurs sites à gérer. Pour éviter que des personnes extérieures à l’université viennent en découdre, certains présidents d’université ont organisé des filtrages à l’entrée et demandent les cartes d’étudiant. Sur certains sites, les sacs sont aussi fouillés à l’entrée. Mais nous refusons de faire intervenir les forces de l’ordre, tant que cela n’est pas nécessaire.

Les examens auront-ils lieu comme prévu début mai ?

Oui, car nous défendons le service public et les étudiants ne doivent pas être pénalisés par la contestation. Aucun examen n’est annulé pour l’heure, quitte à ce qu’ils soient organisés sur d’autres sites que ceux qui sont bloqués.

Et que répondez-vous aux étudiants des universités bloquées qui demandent des notes minimales de 10/20 aux examens ?

Je suis opposé à ce principe, car je rappelle que les universités délivrent des diplômes nationaux et que l’on ne peut pas décider localement de valider des compétences par défaut. De plus, cette demande est totalement contradictoire avec l’idée d’un service public égal sur tout le territoire que réclament pourtant des étudiants contestataires…

Des enseignants boycottent le classement des dossiers des lycéens prévu dans le cadre de Parcoursup. Ces initiatives peuvent-elles s’étendre ?

A ce stade, je n’ai pas eu d’alerte dans ce sens. Car la majorité des enseignants savent qu’il ne serait pas souhaitable de revenir au tirage au sort des candidatures et qu’ils peuvent assurer l’égalité de traitement des dossiers en opérant ce classement. Alors, soit, nous aurions préféré qu’il y ait plus de moyens humains pour le faire. Mais ce tri doit pouvoir se faire de manière objective dans les filières les plus en tension. Dans celles qui ne le sont pas, il se fera sans doute à minima.