Lyon: Le procès du cardinal Philippe Barbarin reporté à janvier 2019
JUSTICE•Le procès de l'archevêque de Lyon, qui devait débuter ce 4 avril, a été renvoyé...Elisa Frisullo
L'essentiel
- A la suite d'une difficulté de procédure, le procès du cardinal et de six autres prévenus, poursuivis pour non-dénonciation d’agressions sexuelles sur mineurs, a été renvoyé à janvier 2019.
- Il est cité à comparaître par neuf anciens scouts de La Parole Libérée qui lui reproche d’avoir couvert les agissements pervers du père Preynat.
- Parmi les mis en cause, figure le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi au Vatican, l’Espagnol Luis Francisco Ladaria Ferrer, qui fut consulté par le diocèse de Lyon sur le cas du père Bernard Preynat.
Lorsque le cardinal sera finalement jugé à Lyon, cela fera trois ans que l’affaire Preynat a été exhumée du passé par les anciens scouts de la Parole Libérée. Le procès de l’archevêque Philippe Barbarin, qui devait s’ouvrir ce mercredi devant le tribunal correctionnel de Lyon a sans surprise été reporté.
Le Primat des Gaules, poursuivi pour ne pas avoir dénoncé à la justice les agressions sexuelles présumées du père Preynat survenues dans son diocèse, sera finalement jugé du 7 au 9 janvier 2019, a annoncé le tribunal de Lyon ce mercredi matin.
Sept prévenus mis en cause par les anciens scouts
Outre Mgr Philippe Barbarin, six prévenus doivent comparaître devant la 17e chambre du tribunal correctionnel dans le cadre d’une procédure de citation directe lancée par neuf anciens scouts de Sainte-Foy-lès-Lyon après que le parquet a classé sans suite, à l’été 2016, une enquête ouverte sur les mêmes faits.
Parmi les mis en cause, figure le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi au Vatican, l’Espagnol Luis Francisco Ladaria Ferrer, qui fut consulté par le diocèse de Lyon sur le cas du père Bernard Preynat, agresseur présumé des plaignants. Ce curé a été mis en examen « pour agressions sexuelle sur mineurs » en janvier 2016 à Lyon dans une procédure distincte.
Un report lié à une absence de traduction
Faute de traduction, dans les délais impartis, de la citation à comparaître du prélat romain, le procès, initialement prévu du 4 au 6 avril, n’a pu se tenir et a dû être renvoyé, à la demande des parties civiles.
« Nous ne sommes pas pressés. Il est important pour nous que Luis Francisco Ladaria Ferrer, le numéro 2 du Vatican, soit cité à comparaître et qu’il n’y ait qu’une seule et même procédure », a réagi ce mercredi à la sortie de l’audience François Devaux, le président de La Parole Libérée, partie civile dans ce dossier.
Les plaignants reprochent au Primat des Gaules de ne pas avoir dénoncé les agissements du père Preynat alors qu’il en avait été informé plusieurs années plus tôt, et d’avoir laissé ce prêtre au contact d’enfants dans le diocèse de Lyon jusqu’en 2015. « On veut que la loi française réfléchisse une bonne fois pour toutes sur ces faits de non-dénonciation d’agressions sexuelles. C’est indispensable. Les informations remonteront davantage au niveau judiciaire et il y a aura beaucoup plus d’agresseurs inquiétés », ajoute l’ancien scout de Sainte-Foy-lès-Lyon.
La défense déplore un « feuilletonnage » de l'affaire
« C’est une difficulté procédurale qui n’est pas de la responsabilité de la défense. Nous aurions préféré que cette affaire soit jugée aujourd’hui. Mais nous serons là de nouveau en janvier, a déclaré Jean-Félix Luciani, l’avocat du cardinal Barbarin. Nous ferons valoir les arguments qui sont les nôtres comme depuis l’origine de cette affaire qui n’en est pas une sur le plan juridique », a-t-il ajouté, regrettant « le feuilletonnage autour de cette affaire ».
« Il n’aura échappé à personne qu’il y a un nombre de reportages, d’événements créés de toutes pièces pour faire dire qu’il y a une affaire juridique », a ajouté Me Luciani, en référence aux divers reportages et enquêtes consacrés ces derniers mois à la pédophilie dans l’Eglise et au silence de l’institution.