Trêve hivernale: Les associations de soutien aux sans-abri mobilisées contre les remises à la rue à Lyon
LOGEMENT•Les bénévoles de Médecins du monde alertent une nouvelle fois sur les conséquences du mal logement sur la santé des plus démunis…Elisa Frisullo
L'essentiel
- À l’occasion de la fin de la trêve hivernale, les associations lyonnaises d’aide aux sans-abri s’opposent aux expulsions ou à la fermeture des places ouvertes pour l’hiver.
- Parmi elle, Médecins du Monde rappelle une nouvelle fois les conséquences dramatiques du mal logement sur la santé.
- Une manifestation est prévue samedi à 10 h 30 à Villeurbanne.
Depuis douze ans qu’elle travaille comme bénévole chez Médecins du Monde à Lyon, Anick a rencontré et soigné des milliers de personnes sans logement stable ou à la rue. Mais ces dernières années, elle a vu s’aggraver le sort réservé aux plus démunis.
À l’occasion de la fin de la trêve hivernale, le 31 mars, cette association lyonnaise s’est mobilisée ce jeudi matin dans le centre-ville pour alerter le public sur les conséquences dramatiques du mal logement sur la santé et rappeler aux autorités leur obligation de garantir un logement décent pour tous. Samedi, à 10 h 30, plusieurs collectifs seront également mobilisés à Villeurbanne pour s’opposer aux expulsions et à la fermeture des places d’hébergement d’urgence ouvertes pour l’hiver.
« Il y a plus de morts dans la rue l’été que l’hiver »
« Nous ne cessons de répéter depuis des années qu’il y a plus de gens qui meurent dans la rue l’été que l’hiver. Il faut absolument sortir de cette gestion au thermomètre et proposer des solutions d’hébergement pérennes », s’agace Anick. Au centre de soins lyonnais de l’association (Caso), 1.800 personnes ont été prises en charge en 2017. Et bien d’autres encore, difficiles à comptabiliser, vivant dans les squats et les campements de la métropole.
Dans 72 % des cas, ces gens connaissent des problèmes de logement. « Or on sait que le mal logement entraîne une aggravation de l’état de santé. Les personnes qui ont des pathologies cardiaques, respiratoires, hépatiques ou des problèmes de santé mentale ne prennent pas le temps de se soigner quand elles sont mal logées ou dans la rue. Elles sont dans la survie », ajoute la bénévole, qui ne compte plus les cas dramatiques qui auraient pu être évités, avec des conditions de vie décente et un suivi médical adapté. Un suivi rendu difficile voir impossible pour les associations.
De bonnes intentions qui tardent à se concrétiser
« Les nombreux mineurs étrangers isolés que nous accueillons ces derniers mois ont vécu des choses dramatiques, des horreurs. Pour se reconstruire, ils ont besoin d’un lieu stable, de répit. Mais les expulsions privent tout le monde de répit », ajoute un autre bénévole, conscient toutefois des efforts consentis dans la métropole par les autorités pour abriter les plus démunis. « Cela a pris du temps, les associations se sont battues mais depuis quelques semaines, un effort a été fait sur les mineurs isolés qui sont tous pour la plupart hébergés aujourd’hui. Mais pour combien de temps ? Il ne s’agit pas de places pérennes », rappelle Anick.
Davantage de places ont été ouvertes également en centres d’hébergement d’urgence cet hiver par la préfecture du Rhône. Mais à un niveau toujours insuffisant par rapport aux réalités observées sur le terrain et aux milliers de personnes, adultes et enfants, privées de toit.
« Il y a sur le plan politique des choses qui nous inquiète, comme la loi Asile Immigration ou la circulaire Collomb, Mais il y a aussi de bonnes intentions. Cependant, ces avancées sont longues à se concrétiser », déplore Médecins du Monde, qui doit être reçue mardi à la préfecture du Rhône, avec d’autres associations, pour faire le bilan de la saison hivernale.