Attentats dans l'Aude: «Il n'aurait laissé sa place à personne», l'hommage à Arnaud Beltrame
HOMMAGE•Cinq jours après l'annonce de son décès, Arnaud Beltrame a été fait commandeur de la Légion d'honneur et nommé, à titre posthume, colonel...Caroline Politi
L'essentiel
- Le lieutenant-colonel Beltrame est décédé après s'être substitué à un otage lors de l'attentat de Trèbes.
- Un hommage national lui était rendu aux Invalides.
- Emmanuel Macron l'a fait commandeur de la légion d'honneur et nommé colonel.
Certains ont vu dans cette pluie battante un symbole, celui d’une météo en deuil elle aussi. « Honnêtement, je penche plutôt pour les giboulées, mais c’est moins poétique », sourit Mireille. La septuagénaire est partie aux aurores de Tours pour assister, avec son mari, à l’hommage national rendu ce mercredi aux Invalides à Arnaud Beltrame. Vendredi dernier, celui qui était alors lieutenant-colonel a pris la place d'une otage du Super U de Trèbes. Grièvement blessé à la gorge, il est décédé quelques heures après son arrivée à l’hôpital.
« Notre fils est militaire, dans l’armée de terre. Nous savons ce que l’engagement et le sacrifice représentent pour lui comme pour sa famille », poursuit la retraitée. Comme eux, plusieurs milliers de personnes ont salué la dépouille le long du convoi funéraire parti à 10 heures du Panthéon. « Venir, c’était la moindre des choses, confie, des sanglots étouffés dans la gorge, Jean-Pierre Revel, ancien du 9e régiment des chasseurs parachutistes de Toulouse. Il s’est sacrifié pour qu’une dame soit libre et profite de la vie. » Son ami, Georges Léger, également ancien parachutiste, acquiesce. A leurs yeux, Arnaud Beltrame incarne l’héroïsme. « On ne sait pas quelle peut être la réaction de chacun dans ces situations », précise ce dernier.
« Il savait qu’il n’aurait laissé sa place à personne »
« D’autres, même parmi les braves, auraient peut-être transigé ou hésité », a souligné, dans son discours, Emmanuel Macron. Car vendredi, lorsqu’il a décidé d’échanger sa place avec une employée du supermarché, il l’a fait en toute connaissance de cause, a rappelé le président de la République. Il savait que le terroriste avait tué le passager d’une voiture et blessé grièvement le conducteur, qu’il avait ouvert le feu sur des CRS et abattu de sang-froid un client et le chef boucher du magasin. « Il savait qu’il n’aurait laissé sa place à personne car l’exemple vient du chef et l’exemplarité était pour lui une vertu cardinale. »
Sans jamais citer le nom du djihadiste des attaques de l’Aude, Emmanuel Macron a fustigé, devant les familles des victimes de l’attentat mais également toute la classe politique, « l’obscurantisme barbare » et la « folie meurtrière » des terroristes. « Ce que nous combattons, c’est aussi cet islamisme souterrain, qui progresse par les réseaux sociaux, qui accomplit son œuvre de manière invisible sur des esprits faibles ou instables. » Manière également de répondre aux accusations de « naïveté » et d’immobilisme d’une partie des Républicains et du Front national.
« Il a agi en soldat et en homme »
En terminant son discours, Emmanuel Macron a élevé Arnaud Beltrame au rang de commandeur de la Légion d’honneur et l’a nommé colonel de gendarmerie. « Alors que le nom de son assassin déjà sombrait dans l’oubli, celui d’Arnaud Beltrame résonnait comme celui de l’héroïsme », a insisté le président de la République.
« Maintenant, il va falloir être à la hauteur », a confié, quelques minutes avant le début de la cérémonie son supérieur, le général Jean-Valéry Lettermann, le commandant de gendarmerie de la région Languedoc-Roussillon. « Son geste, n’avait rien d’irraisonné. C’est le résultat de sa préparation et de construction psychique. Il a agi en soldat et en homme. »