INTERVIEWRéforme de l'université: Pourquoi les lycéens se mobilisent ce jeudi

Réforme de l'université: «Au-delà de la précipitation, le vrai problème c'est la sélection»

INTERVIEWLe Nantais Ugo Thomas, président du syndicat général des lycéens, explique à 20 Minutes pourquoi il appelle lycéens et étudiants à manifester ce jeudi...
Julie Urbach

Propos recueillis par Julie Urbach

L'essentiel

  • Une journée de mobilisation contre la réforme de l'université est organisée ce jeudi, un peu partout dans le pays.
  • Parcoursup, bac, engagement... L'occasion de faire le point avec Ugo Thomas, le président du premier syndicat lycéen de France.

Ugo Thomas, 18 ans, préside depuis septembre dernier le syndicat général des lycéens (SGL), qui se présente comme la première organisation de France. Le Nantais, en terminale ES au lycée des Bourdonnières, fait partie de ceux qui défileront ce jeudi « contre la sélection à la fac ». Il explique pourquoi à 20 minutes, et ce qui le pousse à s’engager.

Parcoursup, sur laquelle les lycéens ont entré leurs voeux d’orientation, a beaucoup fait parler. Qu’en pensez-vous ?

En septembre dernier, des milliers de jeunes se sont retrouvés sans affectation avec APB donc il fallait faire quelque chose. Pour Parcoursup, il y a eu beaucoup de précipitation, les élèves de la zone B rentraient juste de vacances qu’ils devaient déjà finaliser leurs vœux… Beaucoup de questions vont arriver, avec les CV et les lettres de motivation à envoyer. Mais le problème, c’est la sélection qu’a choisie d’instaurer le gouvernement : si tout le monde va sûrement trouver une place, les moins bons dossiers vont se retrouver dans des filières qui ne les intéressent pas. On aurait dû créer des places dans les formations comme Staps ou Histoire, qu’on sait déjà sous tension.

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Que penser du projet de nouveau bac, qui devrait voir le jour en 2021 ?

Il y a de bonnes idées mais pour moi, c’est un rendez-vous gâché. La suppression des filières est une bonne chose pour arrêter que certaines soient considérées comme des voies de garage. Par contre, les établissements n’auront pas les moyens de proposer toutes les combinaisons comme le voudrait le gouvernement : ça va aboutir à des inégalités et au final, les lycées vont recréer des filières sans le vouloir : physique et SVT, économie et histoire géo… Sans compter que les lycéens devront choisir ces spécialités à la fin de la 2nde, dès 15 ans ! C’est beaucoup trop tôt pour savoir vers où on veut aller.

Pour l’instant, la mobilisation n’a pas vraiment décollé…

On va essayer de lancer le mouvement aujourd’hui, et de l’accélérer le 22 mars. Les lycéens, c’est comme du dentifrice, une fois qu’on les a fait sortir du tube (et c’est parfois difficile), on ne peut plus les faire rentrer ! Ce qu’on veut, c’est le retrait du texte, mais c’est un combat de longue haleine

Comment êtes-vous « sorti du tube », vous ?

Je ne viens pas d’une famille très engagée politiquement. J’ai d’abord été délégué de classe, je m’intéresse à l’actu, et je me suis rendu compte que pour agir, il n’y a pas que les manifs ou blocages. Un syndicat, ça sert aussi à accompagner les lycéens, les défendre… Je siège cette année au Conseil supérieur de l’éducation, où je donne mon avis sur tous les textes de lois relatifs à l’école.

Comment on gère tout ça, à 18 ans ?

Ce n’est pas facile, je loupe des cours, je prends des trains très tôt le matin pour me rendre au ministère un jeudi par mois, je pose beaucoup de questions pour être sûr de bien comprendre… Gérer un syndicat lycéen, ce n’est pas simple d’autant qu’il faut quasiment tout recommencer tous les trois ans. Il y a aussi le bac à préparer : deux semaines avant, je vais devoir donner les rênes à des militants de 1ere et de 2nde pour bachoter. J’espère que ce sera suffisant !

Et ensuite ?

Je quitterai mon mandat de président du SGL, et c’est Parcoursup qui décidera ! J’ai rentré dix vœux de bi-licence en histoire et science politiques, partout en France. Je me destine à l’enseignement ou à la recherche, tout en gardant un œil sur la vie citoyenne et le monde de l’éducation. Je suis de gauche mais je ne rêve pas dans une carrière politique, comme certains anciens présidents d’autres organisations lycéennes et étudiantes<;