Alsace: Depuis décembre, 55 réfugiés africains ont débuté leur installation en France dans un couvent
ASILE•Pendant quatre mois, l’association France Horizon aide 55 réfugiés d’Afrique subsaharienne dans un couvent de sœurs où ils ont effectué leurs premières démarches en Alsace avant de s'installer ailleurs…Bruno Poussard
L'essentiel
- Depuis décembre, l’association France Horizon accueille 55 réfugiés d’Afrique subsaharienne dans un couvent de sœurs franciscaines en Alsace.
- Première étape de leur réinstallation avant de s'installer ailleurs, en famille ou seul, ils ont été aidés à réaliser leurs démarches sanitaires et administratives.
Au pied des petites montagnes vosgiennes, les représentations du Christ du couvent de Thal-Marmoutier (Bas-Rhin) voient passer des femmes voilées depuis le 18 décembre. Une aile reste réservée à la dizaine de sœurs franciscaines, mais la congrégation a accepté de mettre à disposition une partie de ses locaux pour l’accueil de réfugiés d’Afrique subsaharienne en Alsace.
Et dans le réfectoire ce mardi, ça s’active doucement, l’heure du déjeuner approchant. Décorée de dessins et de mots aux murs, la salle de classe vient, elle, de se vider. À l’étage, de jeunes enfants ont pris place devant la télévision. Dans un couloir, un nettoyage s’organise entre les chambres, selon le planning. Après découverte de la neige en début d’année, certains n’hésitent pas à se balader.
Un accueil de 55 réfugiés d’Afrique subsaharienne
Centrafricains, Éthiopiens, Érythréens ou Soudanais, ces 55 personnes - dont 20 mineurs - de trois semaines (un bébé né à Saverne en février) à 67 ans ont été choisies par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) pour obtenir l’asile depuis des camps du Niger ou du Tchad - après, parfois, un passage en Libye. Hassoun Hissein, 33 ans, est arrivé seul : « Au début, on ne savait pas où on allait en France. Il faisait froid en arrivant, maintenant, ça va. L’Alsace est un bon endroit ! »
Reçus en France (via l’aéroport de Roissy) avant fin 2017 selon la volonté présidentielle, c’est France Horizon (déjà impliquée auprès de Syriens) qui se charge de la première étape de leur réinstallation : quatre mois pour réaliser toutes leurs démarches sanitaires et administratives. Directeur de l’association à Strasbourg, Thomas Zimmermann ajoute :
« L’Etat souhaitait un dispositif différent pour la population subsaharienne. Il a estimé qu’un sas d’accueil était plus adapté pour leur réinstallation. L’idée, c’est déjà de leur donner un lieu où se poser, dans ce couvent spirituel, un peu reclus, au milieu d’un bel environnement. Et puis que les gens puissent se préparer à leur insertion. » »
De nombreux rendez-vous médicaux et administratifs
À Thal-Marmoutier, sept travailleurs sociaux, animateurs et éducateurs, salariés de France Horizon, aident les 55 résidents du couvent au quotidien. Et le planning est chargé. « Prioritaire et énergivore » selon Thomas Zimmermann, la santé a demandé de caler un grand nombre de rendez-vous : médecins, dentistes, gynécologues, psychologues…
En attendant de recevoir leurs titres de séjour le 22 mars, les réfugiés se sont inscrits à l’assurance maladie, à la CAF, et à Pôle emploi ou en mission locale pour construire un début de nouveau projet professionnel. Tous les non-francophones ont aussi eu le droit à 200h de cours par une autre association - en plus du rab d'autres bénévoles.
À leurs côtés, une enseignante de l’Éducation nationale et une service civique s’occupent des jeunes en groupes d’âge « pour décoder le fonctionnement de l’école car la plupart ont grandi dans des camps de réfugiés » selon Thomas Zimmermann. Et trois ados sont en immersion dans des collèges ou lycées. Dans leur temps libre, des ateliers coutures, des soirées cinéma ou des visites à Strasbourg ont aussi été organisés.
Des cours de langue, activités sportives et culturelles
Localement, des habitants leur ont effectué des dons (vêtements ou jeux). Au début du mois, les réfugiés ont cuisiné les plats de leurs pays aux curieux du village. Une fois par semaine, 11 jeunes adultes jouent aussi au foot à Marmoutier. « On doit développer ce pont pour montrer qu’il y a un accueil chaleureux », insiste Thomas Zimmermann.
Après la prison et une fuite d’Éthiopie, Farida a, elle, repris l’athlétisme au club de Saverne. À fort potentiel, la coureuse entraînée par un coach retraité restera dans la région avec son compagnon, Abdelwahid. Haroun, lui, va être embauché par France Horizon pour continuer à donner un coup de main à Thal-Marmoutier niveau traduction, notamment.
La majorité des autres familles quitteront l’Alsace pour Lille, Bordeaux, Grenoble ou Nancy. Où des appartements trouvés par France Horizon (qui les accompagnera encore huit mois) les attendent à partir du 23 mars. L’étape suivante de leur réinstallation. Pendant que, dès le 10 avril, 55 autres réfugiés arriveront à Thal-Marmoutier. Pour quatre mois, toujours.