VIDEO. Droits des femmes: «Incognito», elles donnent des noms féminins aux rues de Strasbourg
ET POURQUOI PAS•Le collectif Copines a « rebaptisé » certaines rues de Strasbourg en donnant des noms féminins à celles-ci, afin de protester contre l’invisibilité de la femme dans notre société…Gilles Varela
L'essentiel
- Le collectif féministe Copines a donné des noms féminins aux rues de Strasbourg en collant des affichettes sur les panneaux aux noms masculins.
- Le collectif souhaite protester contre l’invisibilité de la femme dans notre société.
Seau, balais, colle et affiches en main, elles étaient une vingtaine à s’être levées très tôt ce matin pour rebaptiser une soixantaine rues de la ville. Dans le viseur du collectif Copines Strasbourg, un collectif né à l'IEP, les noms masculins des rues. Séparée en trois groupes selon les secteurs de la ville, Esplanade, Campus et centre-ville et Galia République, le collectif, soutenu également par des étudiants, a pu en toute discrétion (il faisait encore nuit) donner le nom de Sainte mère Teresa au pont Saint-Etienne ou bien encore celui de Place Frida-Khalo à une place voisine.
Une opération préparée depuis un mois dans le cadre de la semaine de l’égalité à l’Unistra. « On a prévu de nombreuses d’activités et aujourd’hui particulièrement pour la journée des Droits des femmes. Repérages, visuels, impression d’affiches, recherche des noms de femmes » explique Maureen. « Au-delà de féminiser simplement des panneaux, on veut féminiser la société entière, mettre en avant le fait que les femmes ne sont pas très « visibilisées » dans l’espace public, que ce soit dans la vie politique dans certaines professions » enchaîne une autre militante.
« C’est juste une proposition »
Un peu de colle, un peu de maladresse, les jeunes étudiantes sont bien déterminées mais surtout emplies d’espoir : « On a voulu faire une action non violente, pas provocante. On ne remet pas en cause les hommes dont le nom identifie les rues, on ne dit pas qu’ils ont fait de mauvaises choses, que le nom d’une femme est supérieur et donc qu’il faut cacher celui des hommes, précise Jeanne. C’est juste une proposition, c’est pour cela que l’on a inscrit sur l’affichette « Pourquoi pas ? ».
« Nous n’appelons pas à la révolution mais simplement inviter les gens à se poser des questions, réfléchir sur ce sujet. C’est une invitation bienveillante. On souhaite et on espère que les passants regardent et se disent « Oui, pourquoi pas ? ». Pour l’instant seul un monsieur nous a demandé ce que nous faisions et souhaiter une bonne fête, genre "bonne fête des mères !" (rires)…» »
« On ne se rend pas vraiment compte si on n’est pas dans le milieu militant qu’il a une très grande majorité d’hommes qui donne leur nom à une rue, et cela a une influence sur notre perception de nous-même, sur notre imaginaire, de représentation dans l’espace public. On ne dénonce pas particulièrement Strasbourg. Seulement 2 % des noms de rues sont féminins en France », assure Jeanne. « Cela est représentatif de la société en général, les noms de rues, on ne les a pas intériorisés, au quotidien, on n’y prête plus attention, et l’on pense souvent qu’il n’y a pas de noms de femmes parce que celles-ci n’ont pas autant participé à l’Histoire que les hommes alors que c’est faux, c’est une construction rétrospective de l’Histoire qui a fait que l’on a mis en avant les hommes et que l’on a un peu plus invisibilisé les femmes. »