EXCLUSIFLe numéro 3 de l’Unesco viré après des accusations de harcèlement sexuel

L’Unesco met fin aux fonctions de son numéro 3 visé par des accusations de harcèlement sexuel

EXCLUSIFL'Unesco a décidé de mettre fin aux fonctions de Frank La Rue, 65 ans, après avoir mené une enquête interne sur des accusations de harcèlement sexuel le visant...
Vincent Vantighem

Vincent Vantighem

L'essentiel

  • Frank La Rue, 65 ans, était sous directeur général de l’Unesco.
  • Il était visé par des accusations harcèlement sexuel depuis novembre.
  • Après une enquête interne, l’Unesco a mis fin à ses fonctions.

Il devait partir à la retraite prochainement. Pour bien montrer « sa tolérance zéro » en matière de harcèlement sexuel, l’Unesco a décidé d’agir avant. Selon nos informations, l’organisation des Nations Unies pour l’éducation et la culture, basée à Paris, a mis fin, lundi, aux fonctions de son numéro trois, Frank La Rue. Cette décision fait suite à une enquête interne menée sur des accusations de harcèlement sexuel dont il faisait l’objet depuis novembre 2017.

Contacté par 20 Minutes ce vendredi matin, le cabinet d’Audrey Azoulay qui dirige l’Unesco depuis deux mois a indiqué qu’il ne « commentait pas une affaire individuelle » tout en confirmant que la directrice « avait récemment appliqué sa politique de tolérance zéro en matière de harcèlement sexuel à l’encontre d’un membre du personnel de l’Unesco. »

Il aurait tenté de l’embrasser de force à au moins une reprise

Marié, âgé de 65 ans et originaire du Guatemala, Frank La Rue occupait les fonctions de sous-directeur général pour la communication et l’information de l’Unesco. En novembre, il a fait l’objet d’accusations de harcèlement sexuel émanant d’une jeune femme avec qui il travaillait au sein de l’organisation.

Selon nos informations, celle-ci a dénoncé un comportement qui aurait duré plusieurs mois entre 2016 et 2017. Elle reprochait essentiellement à Frank La Rue des faits de harcèlement sexuel mais aussi d’agression. Le numéro 3 de l’Unesco aurait ainsi tenté de l’embrasser de force à au moins une reprise. Toujours selon nos informations, il a reconnu les faits lors de l’enquête interne menée en seulement deux mois et a présenté des excuses à la jeune femme.

Frank La Rue photographié le 28 novembre au Paraguay.
Frank La Rue photographié le 28 novembre au Paraguay. - Andrés Cristaldo/SIPA

Une enquête très à charge du « Guardian » en janvier

Dans le sillage de l’affaire Harvey Weinstein, l’ONU fait l’objet de vives critiques pour son manque de réaction face aux faits de harcèlement et d’agressions sexuelles commis dans ses bureaux à travers le monde. Dans une longue enquête pour laquelle il dit avoir interrogé des « dizaines d’employés », The Guardian a dénoncé, en janvier, « un système de réclamation défectueux qui se retourne contre les victimes ».

Le journal britannique assure avoir relevé au moins quinze cas d’agression ou de harcèlement sexuel au cours des cinq dernières années dans les organisations des Nations Unies.

Une enquête qui avait conduit Stéphane Dujarric, le porte-parole du secrétaire général Antonio Guterres à réagir. Indiquant que l’ONU pourrait « malheureusement » être affectée par ce phénomène « comme toute autre entité publique ou privée », il avait appelé à une « politique de tolérance zéro » en matière de harcèlement sexuel. L’Unesco vient donc de la mettre en œuvre en se séparant de Frank La Rue, l’un de ses plus hauts diplomates. Celui-ci dispose encore d’une voie de recours interne pour contester cette décision.