VIDEO. Bordeaux: «On dort, on mange, nuit et jour», les sans-abri épuisés par le froid et la neige
REPORTAGE•«20 Minutes» vous emmène dans un centre d'hébergement d'urgence...Clément Carpentier
L'essentiel
- Le centre d'hébergement d'urgence de Trégey accueille les SDF 24h/24.
- Des personnes sans domicile fixe témoignent de leur grande fatigue face à la vague de froid.
- En Gironde, le dispositif d'urgence est prolongé jusqu'à dimanche.
«La neige, c’est beau mais ça veut aussi dire qu’il fait très froid dehors », derrière la fenêtre Djamila immortaliser les quelques flocons qui tombent sur Bordeaux, ce mercredi matin. Mais la jeune femme, sans domicile fixe, est surtout très contente d’avoir une place au centre d’hébergement d’urgence Trégey à Bordeaux : « Ça va mieux maintenant. On est au chaud, on dort, on mange, nuit et jour. Les bénévoles sont très bien avec nous. » Il faut dire qu’il fait un temps à ne pas mettre un petit bout d’orteil à l’extérieur avec la vague de froid « Moscou-Paris » depuis quelques jours.
En Gironde, le thermomètre est descendu jusqu’à -5°C dans la nuit de mardi à mercredi. La nuit la plus froide de l’année pour le département. Philippe Rix, le directeur du Diaconat de Bordeaux qui gère la structure, remarque que « les gens sont très fatigués parce que la rue est épuisante, la rue est dure, la rue est violente et le climat est très rude. Les gens marchent beaucoup pour aller d’un lieu sécurisé à un autre et souvent ils ne sont pas bien couverts. » Un constat que confirme Djamila : « On n’a rien dehors, on traîne, c’est vraiment difficile à vivre. »
Un centre d’accueil ouvert toute la journée
Comme l’explique Mahamadou, « dans les foyers, on nous oblige à quitter les lieux très tôt le matin et en ce moment, ce n’est vraiment pas possible de rester dans la rue. » Cela fait maintenant quatre ans qu’il n’a plus de toit et il avoue « avoir eu peur » pour sa santé, il y a quelques jours : « J’ai chopé la crève pourtant je suis bien couvert. Alors, les gens qui restent dehors toute la journée, je ne sais pas comment ils font. Moi, si je n’ai pas une place, j’attends jusqu’à 23h, j’insiste car ce froid, ça me fait peur ! »
Un froid qui a surtout poussé ce centre d’hébergement d’urgence bordelais à ouvrir un accueil de jour depuis le mois de janvier. Ce mercredi matin vers 10h, certains dorment encore alors que d’autres jouent à la belote. Pour Mahamadou, « c’est vraiment une bouffée d’oxygène ici car on peut reprendre des forces toute la journée. » Mais attention, ce n’est pas non plus du 4 étoiles.
« Nous avons un taux de remplissage de 97 % sur la Gironde »
À l’étage, il y a des chambres de sept, huit voire neuf personnes. Les SDF participent à la vie collective. Chacun a le droit à son tour de plonge lors des repas. Philippe Rix rappelle qu’il « y a des règles à respecter. On vit en communauté. On ne peut pas faire n’importe quoi. » Les personnes accueillies peuvent rester une nuit ou plusieurs jours (jusqu’à deux semaines avant de demander un renouvellement). En tout sur la Gironde, il y a 1.571 places pour les SDF dont 363 consacrées au dispositif hivernal selon la préfecture de la Gironde.
« Aujourd’hui, nous avons un taux de remplissage de 97 %. Mais ce qui est délicat pour nous, c’est qu’on ne maîtrise pas les arrivées et notamment le flux migratoire », précise Isabelle Pantèbre, directrice départementale de la cohésion sociale.
Pour faire face à toutes les demandes avec le froid qui persiste, la préfecture a décidé de prolonger jusqu’à dimanche son dispositif.