Notre-Dame-des-Landes: Que vont devenir les terres agricoles de la ZAD?
AGRICULTURE•Deux visions s'opposent quant au devenir de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes...Julie Urbach
L'essentiel
- Les négociations se mettent en place au sujet de la propriété et de la gestion des 1.650 ha de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.
- La chambre d'agriculture souhaite un mode de gouvernance traditionnel, alors que le mouvement anti-aéroport espère mener un projet alternatif. Ce sera à la préfète de Loire-Atlantique d'arbitrer.
Un mois après l’abandon du projet de Notre-Dame-des-Landes, la question de l’avenir des terres de la ZAD est plus que jamais d’actualité. Certes, le Premier ministre a promis que le bocage a vocation à retourner à l’agriculture et que l’État n’en resterait pas propriétaire. Mais comment organiser cela ?
Alors que les négociations pilotées par Nicole Klein, la préfète de Loire-Atlantique démarrent tout juste, les grandes manœuvres autour du sort des 1.650 hectares de la ZAD ont commencé, entre défenseurs d’un mode de gouvernance traditionnel et partisans d’un projet alternatif.
Que souhaitent les premiers ?
Le premier camp, avec en tête la chambre d’agriculture de Loire-Atlantique (présidée par la FNSEA), ne souhaite pas que le cas de Notre-Dame-des-Landes soit traité différemment qu’une autre terre agricole du département. Il demande que de nouveaux projets s’installent « dans le respect du cadre légal » et a reçu en fin de semaine le soutien politique du conseil départemental. Pour le président Philippe Grosvalet : « sur le plan agricole aussi, les règles doivent désormais être respectées sur la ZAD. Et j’ai confiance en la profession pour les appliquer. »
« L’agriculture est une activité économique et non d’entretien du territoire, juge Alain Besnier, le vice-président de la chambre de l’agriculture. C’est cette vision qui doit primer et non celle d’une idéologie. »
Quel est le projet des agriculteurs de la ZAD ?
Sauf que le mouvement anti-aéroport réfléchit à un autre modèle. Les agriculteurs sur place souhaitent une gestion collective des terres, qui laisse une place aux expérimentations en cours. L’objectif serait d’y faire perdurer « une agriculture paysanne bio, pourvoyeuse d’emplois et à l’échelle humaine », expliquait à l'AFP il y a quelques jours Vincent Delabouglise, membre de Copain 44.
Pour mener ce projet de type Larzac, le collectif souhaite donc obtenir un « gel immédiat » et pendant deux ans de l’attribution des terres avec des conventions d’occupation annuelles, pour laisser le temps à de nouveaux projets d’installation de prendre forme. « Ce qu’on craint le plus, c’est que ce territoire parte à l’agrandissement des fermes existantes si on laisse la chambre d’agriculture maître de la redistribution des terres », ajoute-t-il.
Quelle est la situation sur place ?
En attendant la décision du gouvernement, la vie paysanne ne s’est pas arrêtée sur place et aux abords. Selon la chambre d’agriculture, si une trentaine de paysans ont été indemnisés par Vinci et ont quitté les lieux, 28 exploitations, principalement de l’élevage, poursuivent leur activité, via des contrats d’occupation précaires. Six installations ont même été officiellement recensées depuis 2008.
Mais en plus se trouvent plusieurs dizaines de lieux en autogestion et des champs cultivés par les zadistes, dont beaucoup espèrent pouvoir rester. La préfète les a déjà invités à se régulariser. Selon Copain 44, six projets d'installation sur la ZAD - production de lait, maraîchage, boulangerie, brasserie, élevage de moutons et activité de plantes médicinales - sont «en voie d'officialisation».
A qui vont appartenir les terres ?
L’Etat, actuellement propriétaire des terres, a donc la délicate mission de les répartir et de valider la façon dont elles seront gérées. Déjà, le conseil départemental de Loire-Atlantique a demandé la rétrocession des 900 hectares qu’il possédait. De l’autre côté, même si la surface est moindre, la démarche a été lancée il y a un an par un groupe d’une trentaine d’ex-propriétaires opposés au transfert.
Les agriculteurs expropriés historiques devraient logiquement récupérer leurs terrains. Ceux qui ont été indemnisés par Vinci pour un départ à l’amiable sont aussi en droit de revenir, en remboursant la somme perçue.