Jeanne d'Arc 2018: Une enquête préliminaire ouverte sur des tweets racistes
PROCEDURE•Une jeune fille métisse a été choisie pour incarner la Pucelle…20 Minutes avec AFP
Le procureur de la république à Orléans a ouvert ce mercredi une enquête préliminaire pour « provocation publique à la discrimination et la haine raciale » à propos de deux tweets comparant à un singe une jeune métisse désignée pour incarner Jeanne d’Arc aux prochaines festivités annuelles célébrant l’héroïne d’Orléans.
L’annonce ce lundi dernier de ce choix a déclenché sur les réseaux sociaux un déferlement de commentaires injurieux.
L’objectif est d'« identifier les auteurs de ces tweets »
Deux tweets ont ainsi attiré l’attention du procureur à Orléans qui a dit avoir saisi la sûreté départementale d’Orléans, confirmant ainsi une information de France Bleu. L’objectif est d'« identifier les auteurs de ces tweets qui relèvent clairement de l’application de la loi pénale », a dit le magistrat. L’auteur du premier compare la jeune fille à un babouin, et le second, répondant au premier, montre une photo de bananes, a-t-il précisé.
Les faits sont passibles d’une peine de cinq ans de prison, a-t-il précisé. Mathilde Edey Gamassou - qui a des origines béninoises par son père et polonaises par sa mère - a été choisie parmi environ 250 candidates pour être la cinquantième incarnation de Jeanne d’Arc lors des fêtes johanniques célébrant chaque année au printemps la victoire en avril 1429 de la pucelle sur les Anglais qui assiégeaient Orléans.
« Triste de penser que ce choix puisse susciter la moindre récupération »
La secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre femmes et hommes, Marlène Schiappa, a apporté ce jeudi « tout [son] soutien » à la lycéenne. « Jeanne d’Arc n’appartient pas aux identitaires » et « l’histoire de France non plus », a-t-elle dit. « La haine raciste de la fachosphère n’a pas sa place dans la République française », a tweeté la secrétaire d’Etat.
Bénédicte Baranger, présidente du comité Jeanne d’Arc, déplore la « polémique » et se déclare « triste de penser que ce choix puisse susciter la moindre récupération ». La présidente de l’instance qui a décidé de distinguer Mathilde Edey Gamassou a rappelé que « cette jeune fille a été choisie pour ce qu’elle est, une personnalité intéressante et un esprit bien fait ».
« Elle répond aux quatre critères de choix que nous nous sommes fixés »
« Elle répond aux quatre critères de choix que nous nous sommes fixés : résider à Orléans depuis dix ans, être scolarisée dans un lycée orléanais, être catholique et donner du temps aux autres », a-t-elle dit. « Il n’y a aucune provocation, elle portera notre histoire de France à tous, comme l’ont fait les autres Jeanne avant elle. », a-t-elle ajouté.
Sur Twitter, le maire d’Orléans Olivier Carré (indépendant, ex-LR) a réagi en ces termes : « Mathilde a été choisie par le jury. Seul critère : qu’en 2018 comme depuis 589 ans, le peuple d’Orléans célèbre Jeanne d’Arc par une jeune femme qui évoque son courage, sa foi et sa vision. Mathilde possède toutes ces qualités. »