Affaire Troadec: «Hubert Caouissin a exprimé plusieurs fois des regrets», selon l'avocat du suspect
INTERVIEW•Un an après l’assassinat de Pascal, Brigitte, Sébastien et Charlotte Troadec à Orvault, les auditions du principal suspect, Hubert Caouissin, se poursuivent...Propos recueillis par Julie Urbach
L'essentiel
- Pascal et Brigitte Troadec, ainsi que leurs deux enfants Sébastien et Charlotte, ont été assassinés il y a un an, près de Nantes.
- Après avoir avoué les crimes, Hubert Caouissin a été mis en examen et écroué en mars 2017.
- L'un de ses avocats, Me Patrick Larvor, évoque l'attitude de son client.
Il y a un an, dans la nuit du 16 au 17 février 2017, Pascal, Brigitte, Sébastien et Charlotte Troadec étaient assassinés à leur domicile d’Orvault, près de Nantes. Hubert Caouissin, le beau-frère du père de famille, est passé aux aveux le 6 mars 2017, puis a été mis en examen et écroué. L’un de ses avocats, Me Patrick Larvor, évoque pour 20 Minutes l’attitude son client, qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité pour ce quadruple meurtre.
Quel est l’état d’esprit de votre client ?
Son état d’esprit ne cesse d’évoluer, et en une année il est passé par des hauts et des bas. Pour quelqu’un qui n’a jamais été incarcéré, qui n’a même jamais été confronté à une institution judiciaire, et dont le casier est vierge, l’isolement est évidemment très difficile. Il reçoit des soutiens de sa famille. Par contre, il n’a aucun lien avec Lydie Troadec [sa compagne] qui est sous contrôle judiciaire et a interdiction d’entrer en contact avec lui.
Quel type d’homme est Hubert Caouissin ?
Il faudrait des heures pour le décrire mais j’ai en face de moi un homme tout à fait normal, qui a exprimé des regrets à plusieurs reprises, autant sur les actes que sur toute la période qui a précédé sa garde à vue. Lors des auditions, il a eu des bouffées d'émotions, il lui arrive de pleurer. Mais à chaque fois, il est très prolixe dans ses explications. Il ne semble pas vouloir dissimuler quoi que ce soit aux enquêteurs.
Ses déclarations ont-elles évolué ?
Sa version des faits n’a pas changé. Le point de départ, c’est qu’il s’est rendu avec un stéthoscope et un calepin à la recherche d’informations au domicile des Troadec. Le reste, c’est le secret de l’instruction. Ce qui est sûr c’est qu’Hubert Caouissin n’avait pas besoin d’argent mais cherchait des renseignements. Il a notamment expliqué qu’il tenait un carnet pour pouvoir se défendre vis-à-vis du fisc, au cas où on lui tomberait dessus.
L’avocate des parties civiles, Me Cécile de Oliveira, doute de la « franchise » de votre client. Qu’en pensez-vous ?
Je peux comprendre la douleur des parties civiles, et je peux tout entendre par respect. Mais arrivera le moment où l’on pourra confronter les propos de cette famille avec la réalité objective du dossier. L’instruction avance mais est loin d’être finie, il faut être patient, ça prendra encore des mois. Sur le fond, des investigations sont encore en cours, on attend le résultat d’expertises ADN par exemple. On attend aussi le rapport psychiatrique et psychologique de mon client.
Comment appréhendez-vous cette affaire en tant qu’avocat ?
C’est une affaire très spéciale au vu de la gravité des faits, et de la médiatisation qu’elle suscite, encore un an après. Quand Hubert Caouissin m’a contacté pour me demander d’être son avocat, je suis allé le rencontrer à la maison d’arrêt et on a discuté… C’est sûr que ce dossier sort de l’ordinaire, je n’en ai pas tous les jours de tel, mais je défends un homme avant tout.