PROCÈSLes vérités insondables de Bourgeon et Makhlouf sur la mort de Fiona

Affaire «Fiona»: Les vérités insondables de Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf

PROCÈSCécile Bourgeon et Berkane Makhlouf ont été interrogés, ce vendredi, sur la semaine où la petite Fiona est morte…
Vincent Vantighem

Vincent Vantighem

L'essentiel

  • Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf sont jugés en appel.
  • Ils comparaissent pour les coups ayant entraîné la mort de Fiona, en 2013.
  • Ils encourent une peine de 30 ans de réclusion criminelle.
  • Le verdict devrait être rendu samedi soir ou dimanche.

À la cour d’assises de la Haute-Loire, au Puy-en-Velay,

L’un de leurs nombreux dealers était surnommé « Disquette ». Et même à son sujet, Berkane Makhlouf et Cécile Bourgeon ne parviennent pas à s’entendre. « Il ne vendait que du shit », indique le premier. « Pour moi, il y avait aussi de la cocaïne chez lui », pense plutôt la seconde. L’histoire n’a aucune importance. Mais elle illustre bien la difficulté qu’ont les accusés à lever le voile sur la semaine où Fiona, 5 ans, est morte alors que leur procès en appel s’achève devant la cour d’assises de la Haute-Loire.

Après deux semaines d’audiences éprouvantes, la mère de la petite et son compagnon d’alors ont, enfin ce vendredi, commencé à être interrogés sur les faits qui leur sont reprochés, ces violences volontaires ayant entraîné la mort de la fillette sans intention de la donner, en mai 2013. Comme ils le font depuis quasiment cinq ans, les deux accusés ont martelé qu’ils n’avaient jamais frappé Fiona. Mais elle est bien morte de quelque chose. Sinon, ils ne l’auraient pas enterrée, « nue et sans même un doudou », aux abords d’une forêt, comme ils le prétendent.

« On avait de la bonne qualité et j’étais K.O »

Alors Étienne Fradin, le président de la cour d’assises, a décidé de les faire sortir du box et de les faire venir à la barre pour tenter de comprendre. « J’ai repris tous les éléments pour y voir clair. Mais c’est très compliqué… », attaque-t-il. Et pour cause, la semaine précédant le drame, les deux accusés ont retiré 910 euros en banque dans le but premier de s’acheter de la drogue. « Cette semaine là, on avait de la bonne qualité et j’étais K.O. », se défend Cécile Bourgeon.

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Pas suffisamment toutefois pour oublier que Fiona allait mal. Qu’elle vomissait. Qu’elle ne voulait plus faire de trottinette. Qu’elle était fatiguée. Surtout, qu’elle avait un hématome à la tempe gauche. Tellement moche que sa mère a reconnu avoir tenté de le dissimuler sous une couche de maquillage et un bandeau jaune trop grand.

Mais l’hématome grossissait. Et quand Fiona s’est regardée dans le miroir de la chambre de sa petite sœur, elle a cru qu’elle déraillait. « Elle a vu sa tête avec l’hématome. Et elle m’a demandé si elle n’était pas en train de devenir folle », avoue sa mère.

« Oui, il a frappé Fiona », admet Cécile Bourgeon

Le corps n’ayant jamais été découvert, impossible de savoir si cet hématome est la cause de la mort de Fiona. Mais c’est la meilleure piste de la cour d’assises. Alors le président Fradin insiste. « D’où venaient les coups ? », demande-t-il à Berkane Makhlouf. « J’ai vu qu’elle avait un bleu mais je n’ai pas vu Cécile porter des coups à Fiona. »

Cécile Bourgeon, non plus. Mais elle assure que Fiona lui a dit que « Berkane [l’avait] fâchée… » Et l’accusée sait bien que cela peut faire toute la différence. « En fait, je vais vous dire, finit-elle par lâcher. Berkane, c’est quelqu’un que j’ai aimé vraiment très fort et au plus profond de moi. Ça me met dans une situation difficile de vous dire ça. Mais oui, il a frappé Fiona… »

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Quand Berkane Makhlouf mime des coups de pied

Son ancien compagnon s’en défend, parle des « pancakes au chocolat » qu’il préparait pour la petite mais il sait, lui aussi, que son ancienne compagne vient de le charger devant un jury composé uniquement de femmes. « Quand j’entends ça, je suis écœuré. J’avais une complicité avec Fiona. Je ne suis pas responsable de sa mort… »

C’est sans doute pour cela qu’il décide lui aussi de s’y mettre quelques heures plus tard. Au moment d’aborder la soirée du samedi 11 mai, il précise qu’il a vu Cécile Bourgeon mettre « deux claques et deux coups de pied » à la petite. Il tente même de mimer la scène, sans vraiment parvenir à lever les doutes de la cour d’assises.

Des doutes qui, comme ne manqueront pas de le rappeler dans leurs plaidoiries les avocats de la défense, doivent « toujours profiter aux accusés ». Le verdict doit être rendu samedi ou dimanche. Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf encourent trente ans de réclusion criminelle.

Suivez ce procès sur le compte Twitter de notre journaliste : @vvantighem