Sécurité routière: En Bretagne, l’alcool au volant rend malades les gendarmes et magistrats
ACCIDENTS DE LA ROUTE•Le nombre de personnes contrôlées en état d’ivresse ne cesse de grimper…Camille Allain
L'essentiel
- 54 personnes ont perdu la vie sur les routes d'Ille-et-Vilaine en 2017.
- Le chiffre est stable par rapport à l'année précédente.
- Les autorités s'inquiètent de la hausse du nombre de conducteurs alcoolisés ou sous l'emprise de stupéfiants.
En 2017, 54 personnes ont perdu la vie sur les routes d’Ille-et-Vilaine. Un chiffre identique à celui de 2016, pourtant qualifiée d’année noire. Scrutées à la loupe par les autorités, les statistiques de l’année passée révèlent en plus un constat alarmant : en Ille-et-Vilaine, un accident mortel sur trois a été causé par la consommation d’alcool ou de stupéfiants. « C’est cinq à six points de plus que dans des départements comparables. Il faut que nous luttions contre ces comportements », tonne le préfet Christophe Mirmand, qui promet un durcissement des contrôles.
Particulièrement mobilisée sur les routes, la gendarmerie a fait l’amer constat de la recrudescence de l’ivresse au volant. « Les conduites addictives sont la première cause d’accident. Ce qui nous inquiète, c’est que nous ne faisons pas seulement face à une consommation festive. Nous contrôlons des personnes en état d’ivresse à n’importe quelle heure de la journée, même en pleine semaine », indique le colonel François-Xavier Lesueur.
Six retraits de permis par jour
Le patron des gendarmes du département a recensé 2 289 retraits de permis l’an dernier. « Ça fait six par jour en moyenne. » Les statistiques de la police, qui intervient en milieu urbain, ne sont pas plus glorieuses. L’an dernier, le nombre de contraventions pour alcoolémie positive a bondi de 117 %. « On constate que les gens boivent un peu moins en quantité. Mais ils continuent à le faire », souligne le commissaire Vincent Leborgne.
Le retrait de permis ne suffisant pas à freiner tout le monde, les tribunaux ont également pris part au plan de lutte contre ces incivilités répétées. En 2017, 207 véhicules ont été confisqués par les juridictions de Rennes et de Saint-Malo. C’est 16 % de plus que l’an dernier et quatre fois plus qu’en 2015. « Certaines personnes ont un attachement viscéral à leur voiture et pensent qu’ils ont un droit à conduire. Mais ils n’ont qu’une autorisation. Et ça, on peut leur enlever », explique la procureure de Saint-Malo Christine Le Crom.
Des peines de prison ferme
Comme les gendarmes, les magistrats s’inquiètent du comportement de certaines personnes « malades de l’alcool ». « On parle souvent des conséquences de la confiscation d’un véhicule sur le plan familial et professionnel. Mais il faut être conscient que, parfois, la voiture n’est plus un moyen de locomotion mais devient une arme potentielle », poursuit la procureure. Des peines de prison, parfois ferme, sont presque systématiquement prononcées à l’encontre des multirécidivistes et bien souvent assorties d’une obligation de soins.