VIDEO. Violée? Brûlée? Enterrée? L’usine à fantasmes morbides de «l’affaire Fiona»
PROCÈS•Deux gendarmes sont venus expliquer, mardi, que Fiona avait peut-être été violée puis brûlée, alors que le procès en appel de Cécile Bourgeon et de Berkane Makhlouf se poursuit…Vincent Vantighem
L'essentiel
- Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf sont jugés en appel.
- Ils comparaissent pour les coups ayant entraîné la mort de Fiona.
- Le corps n’ayant jamais été retrouvé, la cour doit se contenter d’hypothèses.
- Les accusés encourent une peine de 30 ans de réclusion criminelle.
À la cour d’assises de la Haute-Loire, au Puy-en-Velay,
Il était un peu plus de 10 heures, mardi, quand Caroline Rey-Salmon, pédiatre et légiste, a crûment résumé « l’affaire Fiona » à la cour d’assises de la Haute-Loire. « Tant qu’on n’aura pas son corps, on ne pourra jamais qu’émettre des hypothèses… » Jugés en appel pour les coups ayant entraîné la mort de la fillette, Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf prétendent toujours ne pas connaître les causes de son décès ni se souvenir de l’endroit où ils l’ont prétendument enterrée le dimanche 12 mai 2013.
C’est sans doute à cause de cela que l’enquête s’est muée, depuis, en usine à fantasmes sordides. Au fil du temps, elle a produit des médiums assurant communiquer avec Fiona depuis l’au-delà ; des particuliers décidés à creuser le Puy-de-Dôme jusqu’à retrouver son cadavre et même des justiciers persuadés que le droit français autorise l’utilisation du « sérum de vérité » comme dans les aventures de Tintin.
aSept culottes de petite fille trouvées dans le squat
Mardi, ce catalogue s’est étoffé du « tuyau » fourni par une ancienne codétenue de Cécile Bourgeon. Képi sous le bras, deux gendarmes sont donc venus raconter, à la barre, comment cette « source fiable » leur avait expliqué, en 2014, que l’on ne retrouverait jamais Fiona. Et pour cause : à l’intérieur de la maison d'arrêt de Lyon-Corbas (Rhône), sa mère prétendait, en effet, que la petite avait été « brûlée » après avoir été « violée ». Comme s’il était possible d’aller plus loin dans l’horreur…
Pugnace, Marie Grimaud, l'avocate de l'association Innocence en danger, tente de reconstituer le puzzle macabre. Le père de Cécile Bourgeon était connu pour agressions sexuelles. Il a justement menti sur son emploi du temps du 12 mai. Et puis, on a retrouvé sept culottes de petite fille dans le squat où les accusés se droguaient. « C’est n’importe quoi », lâche Berkane Makhlouf. « Du délire complet ! », complète Cécile Bourgeon, visiblement sous le choc.
« Cette enfant était victime de maltraitances. »
Aussi juste que mesuré dans ses interventions, Rodolphe Costantino, avocat de l’association Enfance et partage, justifie la sortie de cette nouvelle hypothèse des méandres du dossier. « Madame Bourgeon, il faut vous rendre compte qu’on en vient à imaginer des choses pires encore, parce que vous taisez la vérité… » Marie Grimaud abonde : « Si vous êtes "certaine"’ que Fiona n’a pas été violée, c’est que vous êtes consciente de ce qu’il s’est vraiment passé ! »
Mais Cécile Bourgeon se rassoit. Et le procès se poursuit comme si de rien n’était. À ceci près que résonne encore dans le prétoire la seule certitude balancée par le Dr Rey-Salmon, le matin même. « Tout ce que je vois dans ce dossier, c’est que cette enfant était victime de maltraitances. » Le verdict est attendu vendredi dans la soirée. Les deux accusés encourent une peine de 30 ans de réclusion criminelle.
Suivez le procès sur le comte Twitter de notre journaliste : @vvantighem