Lyon: «On n'accuse pas Nordahl Lelandais, on veut juste fermer la porte à cette éventualité», assurent les familles de disparus
ENQUETE•Onze d'entre elles se sont trouvées à Lyon ce jeudi après-midi, invitées à participer à une réunion organisée par l'Assistance et recherche de personnes disparues...Caroline Girardon avec Dylan Munoz
L'essentiel
- Onze familles de disparus se sont réunies ce vendredi à Lyon pour échanger sur leur dossier.
- Elles veulent vérifier que Nordahl Lelandais ne soit pas impliqué dans la disparition de leurs proches.
Elles sont venues dans l’attente de réponses. Onze familles de disparus se sont réunies ce jeudi après-midi à Lyon, invitées à une réunion d’échanges, organisée par l’antenne régionale de l’Assistance et recherche de personnes disparues (ARDP).
Toutes se demandent si Nordahl Lelandais, mis en examen pour l'assassinat du caporal Noyer et le meurtre de la petite Maëlys, ne pourrait pas être impliqué dans la disparition de leurs proches. Elles ont donc échangé des informations sur leur dossier respectif mais ont aussi demandé des vérifications sur le parcours de l’ancien militaire.
« Fermer la porte à une éventualité »
« Les familles n’accusent pas Nordahl Lelandais mais veulent juste fermer la porte à cette éventualité », explique Bernard Valezy, délégué du médiateur interne de la police nationale et représentant de l’ARDP en région Rhône-Alpes. Et d’ajouter : « On peut les aider avec une réorientation de l’enquête ou préparer le courrier adapté pour une réouverture de l’enquête ».
A ce jour, quatre affaires ont été rouvertes, assure-t-il. Parmi lesquelles, celle de la disparition de Nicolas Suppo, qui vivait à Echirolles, près de Grenoble (Isère).
« Je ne veux pas me mettre trop d’espoir en tête »
Le jeune homme âgé de 30 ans à l’époque des faits s’est volatilisé le 15 septembre 2010. Ce jour-là, il a quitté son lieu de travail à midi pour prendre sa pause déjeuner. Il a salué ses collègues et n’est jamais revenu. L’ouvrier est parti sans ses papiers, sans argent non plus. Ni vêtements. Son appartement est resté intact. La justice a ouvert une enquête pour disparition inquiétante mais au bout de quatre ans, elle a rendu un non-lieu.
« A cette période, mon fils n’était pas très bien dans sa tête. Il avait peut-être des envies d’autre chose. Après sa disparition, on a retrouvé des billets de train qui l’emmenaient jusqu’à Lyon », raconte sa mère Jeanine. Elle reste relativement prudente malgré la réouverture de l’enquête, la semaine dernière. « Je ne sais pas trop pour l’instant. Je ne veux pas me mettre trop d’espoir en tête », confesse-t-elle.
Une vingtaine de disparitions concernées ?
Samia Rammech a, elle, simplement « envie de faire son deuil ». « On n’accuse pas Nordahl Lelandais. C’est juste une piste qu’on veut vérifier », confirme-t-elle. Elle a pourtant relevé une coïncidence. Son frère, Rachid, disparu en 2013, « s’est trouvé dans le même hôpital que Nordahl Lelandais » à Chambéry cette même année.
Quelques mois après sa disparition, la famille a reçu une amende provenant de Belgique pour fraude dans un train. Un indice qui ne sera jamais exploité, estime la famille. « Nous sommes allés voir le bureau d’enquête mais ils nous ont dit qu’ils n’avaient pas le temps de nous recevoir. Ils nous ont cependant assuré qu’ils traitaient l’affaire. Depuis, plus rien », poursuit Samia, désarçonné par les réponses apportées. « Quand vous allez voir la police, ils vous répondent que votre frère est majeur et qu’il a le droit de disparaître », ajoute-t-elle. Et de conclure : « Je veux qu’on réveille les consciences et que les enquêteurs fassent leur boulot. Surtout, on veut de la transparence ».
Selon Bernard Valezy, une vingtaine de disparitions, éventuellement liées à Nordahl Lelandais, pourraient faire l’objet d’une réouverture d’enquête.