SANTEA Lyon, la colère de salariés des hospices civils monte

Lyon: La colère des salariés des hospices civils monte

SANTEPlusieurs jours de grève ou de manifestation ont été observés dans différents établissements du groupe...
Caroline Girardon

Caroline Girardon

L'essentiel

  • Le malaise semble grandissant au sein des Hospices civils de Lyon.
  • A Lyon-Sud, les salariés des urgences ont déposé un préavis de grève illimité tandis que l’annonce du transfert du service de transplantation a mis le feu aux poudres à la Croix-Rousse.
  • Les syndicats dénoncent des restrictions budgétaires en cascade et des suppressions d’effectifs à la chaîne.

Un appel de détresse. Les Ehpad (maisons de retraite) du Rhône seront en grève ce mardi pour dénoncer les conditions de travail dans les maisons de retraite. Elles ne sont pas les seules. Le malaise qui touche actuellement le monde médical à Lyon est palpable. En témoigne le mouvement de grève illimité, voté la semaine dernière par les blouses blanches du service des urgences de l’hôpital Lyon-Sud.

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Le personnel a lancé une pétition en ligne à destination de la ministre de la Santé, il y a six jours. Près de 11.000 internautes l’ont déjà signé. L’objectif : « lancer un appel à la mobilisation nationale pour être enfin entendus ». Car dans les couloirs des urgences, « les patients patientent plusieurs heures, parfois six à huit heures, avant de voir un médecin ». L’épidémie de grippe a engendré une situation de crise et le service a fonctionné à flux tendu ces dernières semaines.

« Le reflet d’un hôpital qui va mal »

« Certaines personnes âgées ont attendu plus de 24h sur un brancard en attente d’examen ou d’un lit d’hospitalisation », rappellent-ils parlant d'« insécurité sanitaire ». « Retards de traitements », « manque de soins d’hygiène » sont aussi pointés du doigt. « Ce constat est le reflet d’un hôpital qui va mal », déplorent-ils.

À la Croix-Rousse, les raisons de la colère sont tout autres. L'annonce du transfert de l'activité de transplantation hépatique vers l’hôpital Édouard Herriot a mis le feu aux poudres. L’annonce de trop. La décision a été perçue comme une sanction par les salariés à qui l’on demande toujours plus. Depuis plusieurs mois, la mobilisation des salariés ne faiblit.

La crise couve également à Grange-Blanche, où une vingtaine d’infirmières du bloc G ont déposé la semaine dernière des arrêts de travail. Une façon de protester contre « un planning qui n’est pas respecté », « le matériel défectueux » et « les sous-effectifs ». Les syndicats SUD et FO ont déposé le 18 janvier deux DGI (danger grave et imminent) en raison de la « souffrance » du personnel, et réclamé l’expertise d’un cabinet extérieur.

« Ça craque de partout »

« Ça craque de partout », lâche Eric Moglioni, représentant du syndicat SUD. « Les gens n’en peuvent plus d’être contraints de mal faire leur travail ». La raison selon lui ? « Des années de politique d’austérité ». À savoir des restrictions budgétaires en cascade et des suppressions d’effectifs à la chaîne.

« En 10 ans, aux Hospices civils de Lyon, on a perdu 1.000 postes de temps plein. Cette année, il est prévu d’en supprimer encore 159. L’an prochain, on devrait rester sur des chiffres similaires », assure-t-il. Et d’enchaîner : « L’activité augmente d’année en année mais les effectifs diminuent. Cela engendre une course infernale ».

« À un moment, le fil casse »

« Dans mon service, nous déplorons 7 arrêts maladies sur 20 personnes. Aucun n’est remplacé », ajoute Geoffroy Bertholle, délégué CGT, qui travaille à la Croix-Rousse. « Globalement, cela pousse les gens dans leurs retranchements. Ils vont chercher le peu d’énergie qui leur reste. Mais à un moment, le fil casse ».

Selon lui, la « situation déjà très explosive », se serait « aggravée depuis la nomination de la nouvelle directrice générale » au printemps dernier. « Ses prédécesseurs avaient tendance à apaiser le climat social. Pourtant, la situation économique n’était pas différente et les postes étaient supprimés de la même façon », avance-t-il. À l’en croire, le message véhiculé « serait plus autoritaire ».

« Nous sommes exposés aux injonctions virulentes des cadres supérieurs qui ne font qu’appliquer ce qu’on leur demande de faire », poursuit-il. « On ne sait pas exactement ce qui s’est passé. Mais l’espace de discussion s’est réduit. Il y a désormais une rupture », conclut-il.

« Des réponses ont été apportées »

Sur ce point, la direction des HCL n’a pas répondu. Elle a en revanche constaté un « retour à la normale en termes de flux » aux urgences de Lyon-Sud après l’épidémie de grippe. « Plusieurs rencontres et réunions ont déjà eu lieu avec les équipes et des réponses ont été apportées », indique-t-elle, ajoutant que « la mobilisation de la direction du centre hospitalier sud est constante, en étroite liaison avec les responsables médicaux, pour améliorer le fonctionnement du service et la rapidité des hospitalisations ».

« A ce jour, il n’y a pas de mot d’ordre de grève global concernant les HCL », insiste la direction. Et de conclure : « nous n’avons pas été destinataires de demandes ou revendications particulières, mais seulement d’un relais des préavis nationaux ».