INTERVIEWComment les gendarmes utilisent la réalité augmentée sur une scène de crime

Enquête: «La réalité augmentée permettra de replacer virtuellement un corps sur une scène de crime»

INTERVIEWUn officier criminalistique présente les dernières avancées de la gendarmerie en matière de réalité augmentée à l’occasion du Forum International de la Cybersécurité (FIC) de Lille…
Thibaut Chevillard

Propos recueillis par Thibaut Chevillard

L'essentiel

  • Le Forum international de la cybersécurité a ouvert ses portes mardi à Lille Grand-Palais.
  • Les gendarmes ont présenté au ministre de l’Intérieur leurs avancées en matière de réalité augmentée.
  • Lors d'une reconstitution, cette technologie permettra notamment de replacer virtuellement des armes, des munitions, un corps, sur une scène de crime afin de mieux comprendre ce qu’il s’est passé.

Ce n’est pas encore Les experts Miami, mais on s’en approche de plus en plus. Gérard Collomb est passé, mardi, sur le stand de la gendarmerie, au Forum International de la Cybersécurité, à Lille. L’occasion pour le capitaine Hervé Daudigny, officier criminalistique à l’IRCGN (Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale), de présenter au ministre de l’intérieur, les dernières avancées en matière de réalité augmentée. L’officier explique à 20 Minutes comment les gendarmes peuvent utiliser cette technologie sur une scène de crime.

De quelle façon utilisez-vous la réalité augmentée sur une scène de crime ?

Dans un premier temps, on va modéliser un objet en 3D, comme une arme. Puis, on vient placer sur la scène de crime une cible qui va être reconnue par une application. Quand on va la regarder avec un smartphone, des lunettes ou une tablette, on verra à la place l’objet modélisé. Nous travaillons sur cette technologie depuis environ un an.

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A quoi cela peut-il servir ?

Cela peut être utilisé par des magistrats lors d’une reconstitution. On pourra replacer virtuellement des armes, des munitions, un corps, sur une scène de crime afin de mieux comprendre ce qu’il s’est passé.Cela va également être utile lors d’un procès. Prenons l’exemple d’un crash aérien. Des questions se posent concernant le réacteur d’un avion. On ne pourra évidemment pas déplacer cette pièce qui pèse plus d’une tonne dans le tribunal. Il sera donc possible de la voir grâce à sa tablette ou des lunettes spécifiques. Les magistrats, les jurés, pourront visualiser ainsi les éléments décrits par un expert.

Enfin, cette technologie pourra servir aux primo intervenants sur une scène de crime. Les techniciens en identification criminelle de la gendarmerie disposent de lunettes de réalité augmentée. Les images sont transmises à des experts de l’IRCGN [qui se trouvent à Pontoise, dans le Val-d’Oise] qui pourront les aider dans les prélèvements à effectuer.

Dans combien de temps cette technologie sera-t-elle complètement utilisée ?

Dans le domaine judiciaire, l’utilisation de la réalité virtuelle - c’est-à-dire en utilisant un casque - commence à être actée. On commence à glisser tout doucement vers de la réalité augmentée, c’est-à-dire en utilisant un smartphone. Il faut le proposer aux magistrats, il y a des scènes qui s’y prêtent plus que d’autres.

Enfin, d’ici deux à trois ans, après une phase de test, les gendarmes sur le terrain pourront utiliser la réalité augmentée. La technologie est déjà opérationnelle. Mais nous sommes en train de développer des modules complémentaires afin de répondre parfaitement aux besoins du terrain.

Cette technologie est-elle utilisée dans d’autres pays ?

Des unités en Ecosse ou au Pays-Bas utilisent déjà ce type de solutions, adaptées à leurs contraintes. Nous sommes en relation avec elles pour bénéficier de leurs derniers développements et leur faire profiter des nôtres.

De manière générale, développez-vous d’autres types de technologies à l’IRCGN ?

Nous développons beaucoup d’applications métiers qui vont nous aider ici, à l’IRCGN, mais qui doivent aussi servir aux unités de terrain. Les développements sont nombreux, en matière « fixation de scène » ou en matière d’ADN. Nous travaillons parfois avec des sociétés privées qui nous apportent un support technique ou des connaissances particulières.