FAKE OFFComment des blagues de sites collaboratifs deviennent des intox populaires

Comment des blagues de sites collaboratifs deviennent des intox populaires sur les réseaux sociaux

FAKE OFFDes internautes s'amusent à créer des fausses infos, qui sont ensuite reprises au premier degré...
Mathilde Cousin

Mathilde Cousin

L'essentiel

  • Le tuning interdit ? Les voitures d’avant 1997 interdites à la circulation en 2018 ? Ces rumeurs sont nées sur des sites collaboratifs.
  • Les sites actualite.co et en-bref.fr incitent leurs utilisateurs à créer des blagues.
  • Ces mêmes blagues sont reprises sur des sites qui ne précisent pas leur origine, ce qui crée des intox.

Edit : Des précisions sur la proposition de taxer les propriétaires ont été ajoutées le 9 janvier.

Des propriétaires qui vont devoir payer l’équivalent d’un loyer à l’Etat ? Le tuning interdit ? Les mères d’enfants de moins de dix ans qui auront le droit aux semaines de quatre jours ? A première vue, ces actualités n’ont rien en commun, à part le fait d’être récemment devenues virales sur les réseaux sociaux.



Pourtant, des éléments intriguent : deux de ces trois « nouvelles » n’ont pas de source. On ne trouve aucune nouvelle loi, aucun texte réglementaire pour l'interdiction du tuning ou l'autorisation concernant les mères de famille. Ces changements semblent pourtant d’importance. Une explication à cela : ces « infos » ont été créées de toutes pièces. Elles viennent des sites actualite.co et en-bref.fr, qui incitent leurs utilisateurs à créer des blagues et à les partager avec leurs amis.



Les instructions pour créer sa « blague » sur ces sites ressemblent à un manuel de création de la parfaite intox : la plaisanterie doit être « sans fautes » et bien rédigée. Les utilisateurs doivent faire en sorte que leur blague « paraisse réaliste. » Un titre « accrocheur » est recommandé. « Plus votre titre sera curieux, plus vous aurez de chance de réussir de réussir votre blague », conseillent les administrateurs. Il y a quand même quelques garde-fous : « les posts comprenant des propos à caractère raciste, gore, homophobe ou pornographique sont proscrits. »

Des blagues très limites

Cela n’empêche pas l’apparition de « blagues » très limites : des utilisateurs y annoncent régulièrement le décès de personnalités, y font circuler de fausses annonces d'enlèvement d'enfants ou annoncent des attaques terroristes qui n’ont bien sûr jamais eu lieu.

A côté de ces « blagues », des utilisateurs se servent de ce site pour relayer des intox nées ailleurs. On retrouve ainsi sur ce site l’histoire des nouveaux nés implantés avec une micropuce en 2018. Il s’agit d’une fausse nouvelle assez ancienne, que l’on retrouvait déjà sur des sites italiens en 2013. L’intox sur le riz en plastique est aussi relayée. Quant à la proposition de faire payer un loyer aux propriétaires, elle a fait plusieurs fois surface dans le débat public. Elle a été reprise en 2016 par l' OFCE et France stratégies. L'idée n'est pour l'instant pas appliquée.



Comment les « blagues » nées sur ce site deviennent-elles virales ? Elles sont reprises par d’autres sites, qui ne précisent pas qu’ils ont repris du contenu d’actualite.co ou d’en-bref.fr. Ces nouvelles publications sont ensuite partagées sur les réseaux sociaux, ce qui leur assure une plus large diffusion. Le lecteur qui découvre la blague à ce stade ignore son origine.

Ce chemin a été suivi par les trois intox que nous vous présentions au début de cet article. Nées en tant que blagues, elles ont été reprises sur différents sites et ensuite postées sur les réseaux sociaux. Ces sites ne précisent pas l’origine de ces publications, créant ainsi des intox.



Derrière ces sites en-bref.fr et actualite.co, on retrouve une même entreprise, Media Vibes, gérée par un Français, Nicolas Gourion. Il possède des sites en allemand, en anglais et en espagnol construits sur le même modèle collaboratif. Un véritable empire de la blague…

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20 Minutes est partenaire de Facebook pour lutter contre les fake news. Grâce à ce dispositif, les utilisateurs du réseau social peuvent signaler une information qui leur paraît fausse.