VIDEO. Cinquante ans de la loi Neuwirth: Et la contraception masculine, on en parle?
PILULE•Alors qu’on fête ce mardi les cinquante ans de la loi qui a autorisé la contraception, « 20 Minutes » se penche sur les recherches concernant la contraception masculine…Oihana Gabriel
L'essentiel
- La contraception masculine n'est souvent résumée qu'au préservatif.
- Mais aujourd’hui, sous la poussée d’hommes désireux de mieux maîtriser leur fertilité et des femmes qui souhaitent plus d’égalité, la recherche s’intéresse à la contraception masculine.
- Slip chauffant, pilule, injection… « 20 Minutes » détaille les mécanismes et risques de trois grandes techniques proposées ou à l’étude.
La contraception, une affaire de femmes ? Peut-être plus pour longtemps. La contraception masculine est bien souvent résumée au seul préservatif mais elle fait l’objet de nombre d’études et de pistes intéressantes. Alors qu’on fête ce mardi 19 décembre les cinquante ans de la loi Neuwirth, qui autorisait en 1967 la contraception, 20 Minutes se penche sur trois de ces méthodes pour hommes.
Contraception hormonale
Comment ça marche ?
« Comme pour la pilule féminine, on donne l’information au corps qu’il y a assez de testostérone », résume Pierre Colin, fondateur et co-président de l'Association pour la Recherche et le Développpement de la Contraception Masculine (ARDECOM).
En 1982, Jean-Claude Soufir met au point un traitement contraceptif pour les hommes : une pilule progestative complétée par un gel de testostérone. « Petit à petit, ça s’est répandu en France, notamment dans des hôpitaux de Rennes et Lyon, qui ont amélioré le traitement, explique le Pr Soufir, médecin à l'hôpital Cochin (Assistance Publique-Hôpitaux de Paris). Depuis sont apparues des barrières : on devait rentrer dans des études de grande ampleur nécessitant des sommes faramineuses que nous n’avions pas. » Mais cette piste n’est pas totalement abandonnée. « L’idée a été reprise par une équipe à Los Angeles. Ils étudient la possibilité d’utiliser un gel unique à mettre sur la peau. »
En France, ce professeur propose dans sa consultation une autre solution. Aujourd’hui, il existe une injection intramusculaire hebdomadaire de testostérone qui se vend en pharmacie. « Comme la spermatogenèse prend trois mois, il faut attendre ce délai pour être sûr qu’on est stérile, reprend Pierre Colin. Et cette injection qui bloque la spermatogenèse peut être faite par une infirmière ou par sa compagne.
Efficacité et effets secondaires ?
Deux essais ont été menés par l’OMS au niveau mondial et ont prouvé l’efficacité de cette injection intramusculaire. « Malgré tout, après trois mois de traitement environ 20 % des hommes continuent à produire plus d’un million de spermatozoïdes. » Limite, pour parler de fertilité. Et du côté des effets secondaires ? « Une augmentation du poids de l’ordre de 2 kg, une augmentation de la pilosité, des abcès et douleurs au point d’injection, reprend le spécialiste de Cochin. Mais le principal effet qui avait entraîné l’arrêt du traitement chez certains patients, c’est une hypersexualité. »
Où en est-on ?
Deux consultations pour tester cette contraception hormonale masculine existent aujourd’hui en France : à l’hôpital Cochin, donc, et à Toulouse. Mais depuis un an, on peut aussi se renseigner chaque premier samedi du mois au Planning familial à Paris. Signe que « cela prend de l’essor en France », se réjouit Pierre Colin.
Contraception thermique
Comment ça marche ?
Ceux qui font la chasse aux hormones seront peut-être intéressés par cette contraception plus bio… communément appelé le slip chauffant et surnommé boulocho ! « Ce slip permet de maintenir les testicules dans les canaux inguinaux où ils sont pendant l’enfance, explique Pierre Colin. En gros, cela prend la forme d’un slip aménagé pour que les bourses remontent et passent de 35 à 37 degrés, température qui permet d’arrêter la fabrication de spermatozoïdes. »
« On ne grille pas les testicules, mais on les met à la température du corps ! sourit le Jean-Claude Soufir. En le portant environ 15h chaque jour, la stérilité est obtenue en trois mois. Et cette méthode est réversible : il suffit de remettre des sous-vêtements standards pour que les testicules reprennent leur place… et leur fonctionnement normal.
Efficacité et effets secondaires ?
« Avec la contraception thermique, on a 100 % d’efficacité et pas d’effet secondaire », promet Pierre Colin. « On manque encore un peu de recul sur cette contraception thermique », reconnaît le Pr Soufir.
On en est où ?
Pour le moment, c’est assez confidentiel : une seule consultation, celle de Roger Mieusset à Toulouse propose cette solution. Mais « des militants d’Ardecom travaillent à la fabrication de ces slips qui devraient être commercialisés d’ici un an », assure Pierre Colin. Même si on peut douter que ces slips aérés ne viennent fleurir à court terme les rayons des grandes marques pour hommes…
Gel injectable
Comment ça marche ?
Son petit nom ? Vasogel. C’est une technique inventée en Inde… et actuellement étudiée aux Etats-Unis qui s’apparente à une vasectomie chimique. « On injecte un produit dans le canal déférent, qui transporte le sperme vers l’urètre », résume Jean-Claude Soufir. Un genre de digue pour spermatozoïdes… mais une technique à l’inverse de la vasectomie chirurgicale, facilement réversible : il suffirait d’injecter à nouveau du produit pour redevenir fertile.
Où en est-on ?
Il est trop tôt pour connaître les effets secondaires d’une telle invention. « Ce n’est pas du tout au point puisque les études ne portent que sur les animaux pour le moment, nuance Pierre Colin. Il n’y aura rien avant dix ans à mon avis. » Utiliser des anticancéreux, d’autres dérivés de la testostérone… « Il existe bien des recherches sur d’autres techniques mais à l’état embryonnaire, alors que des méthodes efficaces sont déjà la portée des hommes ! »
Vous êtes un homme et la contraception masculine vous intéresse ? Au contraire vous fait-elle peur ? Quelles sont les méthodes que vous seriez disposé à tester ? Pourquoi selon vous la contraception masculine a tant de peine à se développer ? On attend vos contributions dans les commentaires ou à contribution@20minutes.fr. Vos témoignages pourront nourrir un futur article.