La collision qui a causé la mort de cinq enfants s’est produite jeudi à un passage à niveau à Millas dans les Pyrénées-Orientales. Un car scolaire transportant des collégiens a percuté un train régional sur la ligne ferroviaire Perpignan - Villefranche-Vernet-les-Bains. Alors que les enquêteurs vont tenter de déterminer les causes -humaines et/ou techniques- de ce dramatique accident, 20 Minutes fait le point sur la sécurité des passages à niveau qui sont chaque année le théâtre d’accidents mortels.

Combien y a-t-il de passages à niveau en France ?

Le ministère des Transports en dénombre 15.459 en 2017, contre 33.500 en 1938 et 25.000 en 1980. Ils se trouvent principalement à des intersections entre voies ferrées et routes communales (68,2 %), ou routes départementales (31,4 %).

Tous comportent-ils la même dangerosité ?

Non. SNCF Réseau, qui gère l’infrastructure ferroviaire, les classe selon différents niveaux de risque. Certains sont considérés comme étant prioritaires à sécuriser, et sont été inscrits au programme de sécurisation national, établi par l’État et l’instance nationale des passages à niveau. On en dénombre 163 au 1er janvier 2017, contre 437 en 1997, selon les chiffres officiels. Mais ils étaient 165 en 2014, il y a trois ans.

Le passage à niveau de Millas ne figure pas sur cette liste. Il s’agit d’un passage à niveau avec barrières ou demi-barrières, non gardé. Selon l’Etat, 15 % des accidents graves sont concentrés sur 1 % des passages à niveau. Pour SNCF Réseau, « ces accidents sont dans 98 % des cas la conséquence de comportements inadaptés des usagers ».

Combien d’accidents mortels se produisent à des passages à niveau ?

Depuis 2011, le nombre de tués dans des collisions entre train et véhicule s’établit autour d’une trentaine chaque année. Le nombre de collisions est relativement stable également, autour d’une centaine, comme le montre le graphique ci-dessous.

Quelles mesures sont prises pour diminuer le nombre d’accidents ?

Outre le programme de sécurisation national, un comité ministériel sur la sécurité des passages à niveau a été créé en 2015. Mais la Fédération Nationale des Associations d’Usagers des Transports estimait dans un communiqué en septembre 2017​ que « la sécurité doit être renforcée aux passages à niveau ».

En plus des campagnes de sensibilisation des conducteurs, les autorités insistent aussi sur les efforts à faire en matière de signalisation et le recensement de tous les passages à niveau dans les GPS.

Des passages à niveau, dont ceux identifiés comme étant à risque, sont supprimés régulièrement par SNCF Réseau, mais à un rythme lent, notamment parce que chaque suppression coûte plusieurs millions d'euros. Par ailleurs, des radars sont installés pour détecter le franchissement d’un passage à niveau au feu rouge, puni par une amende de 135 euros et un retrait de 4 points du permis de conduire.

Dernière innovation, en Ile-de-France, plusieurs passages à niveau seront équipés en 2018 d’un système de détection d’obstacles fixes - actuellement en phase de test - qui envoie un signal qui arrête le train. Il s’écoule en moyenne 7 à 8 secondes entre le moment où la barrière est abaissée et celui où le train passe, selon la SNCF.

La collision de Millas est l’un des accidents les plus graves survenus à un transport d’enfants depuis le drame de Beaune en 1982 (53 morts dont 44 enfants).