REPORTAGELa meurtrière présumée de Sophie Lionnet garde le silence devant le juge

VIDEO. Meurtre de Sophie Lionnet: La meurtrière présumée garde le silence devant la justice

REPORTAGESuspectée du meurtre de Sophie Lionnet, une jeune fille au pair de 21 ans, Sabrina Kouider a comparu ce mardi devant un tribunal à Londres…
Thibaut Chevillard

Thibaut Chevillard

L'essentiel

  • Le corps calciné de Sophie Lionnet, 21 ans, avait été retrouvé en septembre dernier dans le jardin d’une propriété londonienne.
  • Le couple qui l’employait a été inculpé quelques jours plus tard pour meurtre.
  • Il comparaissait ce mardi devant le tribunal, dans le cadre d’une audience dite de « plaider-coupable ».

De notre envoyé spécial à Londres,

« Miss Kouider, c’est le tribunal central, est-ce que vous nous entendez clairement ? » Dans la sixième chambre de l’Old Bailey, le tribunal où sont jugées les affaires criminelles londoniennes, le box des accusés est vide. Détenue à la prison de Bronzefield, Sabrina Kouider, 34 ans, apparaît au centre d’un écran accroché sur les murs boisés de la salle d’audience, située au premier étage du vieux bâtiment. Inculpée pour le meurtre de Sophie Lionnet, une jeune fille au pair de 21 ans qu’elle employait, elle va être interrogée par le juge Nicholas Hilliard via vidéoconférence.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

La brune aux cheveux longs, vêtue d’un haut gris, un pull sombre noué autour des épaules, répond d’une petite voix à la question du juge, traduite par l’interprète française de la cour. « Yes. » Ce mardi matin, il s’agit d’une audience dite de « plaider-coupable ». En clair, la justice britannique lui propose une réduction de peine si elle reconnaît les faits qui lui sont reprochés avant le procès qui doit se tenir le 19 mars prochain. En septembre, dernier, devant ce même tribunal, cette Française avait assuré ne pas avoir commis ce meurtre et avait juré ne jamais avoir tué.

Un corps qui serait celui de la jeune femme a été retrouvé dans le jardin d'une maison de Wimbledon
Un corps qui serait celui de la jeune femme a été retrouvé dans le jardin d'une maison de Wimbledon - PETER MACDIARMID/REX/SHUTTERSTOCK/SIPA

Fumée nauséabonde

Pourtant, les éléments connus du dossier ne plaident pas en sa faveur. Le corps calciné de Sophie Lionnet avait été retrouvé fin septembre à l’arrière de la propriété de 900.000 livres, située dans le quartier de Southfields, au sud-ouest de la capitale britannique. La police avait été alertée par des voisins, intrigués par l’épaisse fumée nauséabonde qui jaillissait du jardin du couple. Les enquêteurs suspectent Sabrina Kouider et son compagnon, Ouissem Medouni, 40 ans, d’avoir tué leur employée et d’avoir tenté de faire disparaître le corps en le brûlant. Selon le journal The Sun, un garçon de huit ans aurait même vu Ouissem Medouni entretenir le feu.

Deux mois et demi après les faits, a-t-elle changé de version ? Son avocat, Me Ali Bajwa explique que sa cliente ne répondra pas aujourd’hui à cette question, car il n’a pas eu accès à tous les éléments de l’enquête. Il aimerait pouvoir consulter ces documents avant que sa cliente ne donne sa réponse. Une nouvelle audience de « plaider-coupable » devrait donc avoir lieu en janvier 2018.

Vers une nouvelle inculpation ?

Une audience a laquelle comparaîtra peut-être son compagnon, absent ce mardi pour une raison que n’a pas donnée le tribunal. Il faudra par conséquent patienter encore pour savoir s’il y aura une simple audience de jugement portant sur la peine ou bien un véritable procès. En attendant, la justice envisage d’alourdir les charges pesant à leur encontre en les inculpant d’entrave à la justice pour avoir tenté de se « débarrasser du corps de Sophie Lionnet en le brûlant ».

Des jeunes filles au pair déposent des fleurs devant la maison où le corps de Sophie Lionnet a été retrouvé.
Des jeunes filles au pair déposent des fleurs devant la maison où le corps de Sophie Lionnet a été retrouvé. - NIKLAS HALLE'N / AFP

Le tribunal et les avocats ont ensuite évoqué la question de la garde des enfants du couple, en attendant son procès. Des enfants de 3 et 6 ans dont s’occupait Sophie Lionnet pour une cinquantaine de livres par mois, à peine soixante euros. La jeune femme, originaire de Troyes (Aube) et titulaire d’un CAP petite enfance, s’était installée à Londres il y a 18 mois pour améliorer son anglais et avait été embauchée comme jeune fille au pair par Sabrina Kouider, connue de ce côté de la Manche pour être l’ex-compagne de Mark Walton, membre fondateur du boy’s band irlandais Boyzone.

Mais très vite, elle déchante. Sophie est exploitée, pour un salaire de misère. Epuisée, elle avait confié à des proches son envie de rentrer en France. Sa mère lui avait même pris un billet de train, en août dernier. Mais un jour, sa fille l’appelle pour lui annoncer qu’elle devait repousser son voyage. Dans une interview accordée il y a quelque temps au Parisien, Catherine Devallonné raconte que Sabrina Kouider avait pris le combiné, et lui avait expliqué avoir besoin de Sophie « car elle était soi-disant malade » mais lui avait assuré qu’elle rentrerait « incessamment sous peu ».

Des questions, pas de réponse

Depuis la prison, Sabrina Kouider écoute les échanges entre son avocat, le juge et le procureur, le coude posé sur une table, la tête appuyée dans la main. De temps en temps, celle qui se présente comme styliste et qui s’affiche en photo aux côtés de rappeurs connus ou de mannequins, pose une question car elle n’a pas saisi un mot.

Trente minutes après avoir commencé, l’audience prend fin et l’accusée part s’entretenir avec son avocat. Elle n’aura toujours pas permis d’apporter les réponses que les proches de Sophie Lionnet se posent : est-ce bien le couple qui a tué cette jeune fille si appréciée et surtout, pour quelle raison ?