ENQUETEAttentat de Magnanville, l'emploi du temps du suspect au cœur de l'enquête

VIDEO. Policiers tués à Magnanville: L'emploi du temps du nouveau suspect au cœur de l'enquête

ENQUETEL’ADN de Mohamed Lamine Aberouz a été découverte sur l’ordinateur des deux policiers assassinés à leur domicile de Magnanville en juin 2016…
Caroline Politi

Caroline Politi

L'essentiel

  • L’ADN de Mohamed Lamine Aberouz a été retrouvé sur la scène du meurtre des deux policiers dans les Yvelines.
  • L’homme avait déjà été mis en examen dans l’enquête sur le commando de femmes soupçonné d’avoir préparé un attentat à la voiture piégée près de Notre-Dame.
  • Rachid Kassim, suspecté d’avoir téléguidé les deux attaques, aurait été tué à Mossoul au début de l’année.

Le djihadiste Larossi Abballa a-t-il agi seul lors de l’assassinat d’un policier et de sa compagne dans leur pavillon de Magnanville en juin 2016 ? Cette thèse, longtemps prédominante parmi les enquêteurs, est remise en question depuis la découverte, sur la scène du crime, d’un ADN d’un proche du tueur présumé.

Lundi soir, Mohamed Lamine Aberouz, 24 ans, a été mis en examen et placé en détention provisoire pour « complicité d’assassinats sur personnes dépositaires de l’autorité publique en relation avec une entreprise terroriste », « association de malfaiteurs terroriste » et « complicité de séquestration sans libération volontaire d’un mineur de moins de 15 ans ». Le 13 juin 2016, Jean-Baptiste Salvaing, commandant adjoint du commissariat des Mureaux, et sa compagne Jessica Schneider, agent administratif, avaient été poignardés à leur domicile, leur petit garçon retenu en otage.

Etait-il présent au moment du double assassinat ?

L’empreinte génétique du suspect a été isolée sur l’ordinateur du couple, a appris 20 Minutes de sources concordantes, conformant une information du Parisien. C’est de cet ordinateur que le principal suspect, Larossi Abballa, tué par le Raid le jour des faits, a envoyé une vidéo de revendication. « Cet élément change profondément les hypothèses de travail et nous laisse penser qu’il a été dans la maison à un moment ou à un autre », précise l’une de ces sources.

Reste à déterminer quand. La géolocalisation du téléphone de Mohamed Lamine Aberouz montre en effet qu’il se trouvait à la mosquée des Mureaux pour le ramadan vers 21h30-22h00 le soir des assassinats. Une période de temps qui coïncide au moment où Larossi Abballa était devant l’ordinateur de ses victimes, le soir des assassinats.

« A ce stade de la procédure, aucun élément du dossier ne vient pourtant confirmer la présence de [Mohamed Lamine] Aberouz à Magnanville le soir des faits », ont réagi les avocats du suspect, Vincent Brengarth et Bruno Vinay dans un communiqué. La thèse, défendue par les deux conseils est que « l’ADN a été probablement transporté via le véhicule d’Abballa ». « Il est incontesté qu’ils ont été des amis proches. Aberouz s’était souvent trouvé dans ce véhicule », ont-ils argumenté. Tous deux réclament un réexamen de cet élément « qui n’avait pas été découvert lors des premières expertises réalisées en juillet 2017 ».

Qui est le grand frère du suspect, lui aussi mis en examen ?

Mohamed Lamine Aberouz avait déjà été entendu dans ce dossier sous le régime de la garde à vue et longuement entendu sur son emploi du temps le soir des faits. Son frère aîné, Charaf-Din, 31 ans, était un proche du terroriste. Il a été condamné en 2013, dans le même dossier. Déjà du terrorisme, mais au Pakistan. Contrairement à Abballa qui était resté en France, il s’était envolé vers le Pakistan dans l’espoir d’aller combattre. Vaine entreprise : il s’est fait expulser dès son arrivée. Après avoir purgé une peine de cinq ans de prison, il est de nouveau incarcéré depuis l’attentat de Magnanville, soupçonné d’avoir apporté une aide logistique à Abballa.

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Le nom de ce nouveau suspect apparaît également dans un autre dossier : en septembre 2016, il a été mis en examen pour le délit de « non-dénonciation d’un crime terroriste » dans l’enquête sur le commando de jeunes femmes soupçonné d’avoir préparé un attentat à la voiture piégée près de la cathédrale Notre-Dame à Paris. Il avait été libéré en janvier 2017 après quatre mois de détention provisoire.

Au moment de son interpellation dans l’affaire des « bonbonnes » à Notre-Dame-de-Paris, Mohamed Lamine Aberouz était fiancé – virtuellement – à Sarah Hervouët, une des principales suspectes dans ce dossier. La jeune femme avait auparavant été fiancé à Larossi Abballa puis, à sa mort, à Adel Kermiche, l’un des deux terroristes de Saint-Etienne-du-Rouvray. La jeune femme avait d’ailleurs été entendu dans le dossier de Magnanville en avril, en même temps que Mohamed Lamine Aberouz et la soeur d’Abballa.

L’ombre de Rachid Kassim

Les liens entre ces deux affaires ont été mis en lumière par les enquêteurs via la figure de Rachid Kassim : considéré comme l’un des propagandistes francophones les plus dangereux de Daesh, il était en contact avec Abballa et le commando de femmes via la messagerie cryptée Telegram. Il est suspecté d’avoir téléguidé les deux attaques depuis la zone irako-syrienne où il s’était réfugié. Rachid Kassim a vraisemblablement été tué courant février dans un bombardement de la coalition contre Daesh près de Mossoul.